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le blog d'Edmée - Page 12

  • Everybody's Perfect, une 11e édition audacieuse entre joie lesbienne et porno gay

    Evénement artistique plus que jamais engagé dans la défense des minorités sexuelles, Everybody’s Perfect  se déploie à nouveau pour dix jours dès ce vendredi 4 octobre. Acteur de l’évolution de la société, le festival genevois a transmis, selon sa directrice Sylvie Cachin, des valeurs qui ont permis une meilleure prise de conscience. «Par ailleurs, précise-t-elle, son écho est plus large. Nous devenons une référence et avons tissé des liens avec d’autres rendez-vous du genre. J’ai par exemple été membre du jury du Teddy Bear (l’équivalent de la Queer Palm) à la Berlinale. J’ai également été invitée à Écrans mixtes, à Lyon.»

    Articulé autour de grands sujets liés aux personnes lgbtiqa+; le festival célèbre ainsi sa 11e édition, en mettant en exergue certaines thématiques, comme la joie lesbienne, déclinée en trois volets. Mais voyons d’abord ce que nous réserve son point fort, le cinéma. Au programme trente longs métrages de tous genres, de tous styles et de tous horizons, dont six documentaires et autant de courts, évoquant l’affirmation de soi, l’amour de l’autre et de la nature. Venus de seize pays, plus particulièrement asiatiques cette année, ils sont majoritairement inédits en Suisse

    Entre road trip philippin et fable politique italienne

    Impossible évidemment de les citer tous, mais on en retiendra quelques-uns. En ouverture, on découvrira le film philippin  Asog, du Canadien Sean Devlin. Dans ce road-trip tragi-comico-écologico-queer au sein d’une terre ravagée par un typhon, on assiste à la révolte des habitants face aux capitalistes, avides de profiter de leur misère.

    Le réalisateur roumain Emanuel Pârvu propose, lui, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde. Lauréat de la Queer Palm à Cannes en mai dernier, le film dénonce froidement l’homophobie ordinaire en racontant la violente agression d’un jeune gay dans un petit village jusque là apparemment paisible.

    Everybody’s Perfect présentera aussi la fable politique poétique et surréaliste Rossosperanza, de l’Italienne Annarita Zambrano, qui se distingue par son récit audacieux, d’une rare liberté de ton. Dans Close to you, de l’Américain Dominic Savage, un jeune trans se rend à l’anniversaire de son père, qu’il n’a pas revu depuis quatre ans. Persuadé d’être une déception pour ses parents, il craint les conflits et les jugements que sa transition pourrait provoquer.

    Enfin, après Party Girl, Caméra d’or à Cannes en 2014, la Française Claire Burger revient avec Langue étrangère, (photo) où elle évoque Fanny, une jeune fille de 17 ans qui se cherche. Timide, elle a du mal à se faire des amis. Partie pour un séjour linguistique en Allemagne, elle rencontre Lena et se sent prête à tout pour lui plaire.

    Au programme des documentaires, on ne manquera pas Neirud, qui nous plonge dans le Brésil des années 1960-1980. Son auteure, Fernanda Paya, reconstitue la vie de sa tante Neirud, personnage énigmatique et controversé, qui a parcouru le Brésil en tant que lutteuse dans la troupe féminine d’un cirque underground.

    Parmi les sections, l’une des plus intrigantes est sans doute celle intitulée «Le porno gay français des années 1970». Cinq films y sont à (re)découvrir (dès 18 ans!), Mondo homo,  d'Hervé Joseph Le briûn Le beau mec de Wallace Potts, Equation à un inconnu de Dietrich de Velsa (Francis Savel), D’hommes à hommes de Gréco de Beauparis (Gérard Grégory) et New York City Inferno, de Marvin Merkins (Jacques Scandelari). Une conversation, samedi 5 octobre, «Quand le promo homo français faisait son cinéma», complètera ce volet. Le cinéaste Hervé Joseph Lebrun s’entretiendra avec Robin Corminboeuf, ancien rédacteur en chef du magazine 360° et auteur du roman Un été à M.

    La joie lesbienne

    Par ailleurs, comme cité plus haut, Sylvie Cachin et son équipe ont décidé cette année de braquer les projecteurs sur les femmes lesbiennes. Avec tout d’abord une table ronde, le dimanche 6 octobre, en compagnie de la cinéaste Claire Burger et de l’artiste brésilienne Jenifer Prince, qui  expose au Phare des dessins vintage saphiques inspirants, qui donnent de la gaité à la vie. À voir, enfin, 90 pourcent de joie lesbienne, une série de sept courts métrages.

    «Beaucoup trop de lesbiennes ont été cachées, effacées, invisibilisées, rappelle Sylvie Cachin. Certes, dans les arts visuels, elles sont souvent maîtresses de leur désir social, sensuel et sexuel, mais pas toujours. Et qu’en est-il dans la société en général? Sont-elles réconciliées avec leur image? Il faut véhiculer une vision positive, dépasser ce manque de représentation de joie, montrer qu’elles sont entrées dans une ère émancipatrice.» Partant de ce même état d’esprit joyeux et libérateur, une grande fête en forme de mini-festival leur sera dédiée le 10 octobre au Groove.

    Et puisqu’on en est à l’indispensable côté fiesta, il y en aura trois autres. À la Gravière en ouverture le samedi 5, à La Paillette le vendredi 11 et au MEG pour la clôture, le samedi 12. À vos agendas!

    Rendez-vous du 4 au 13 octobre à la Maison des Arts du Grütli et dans d’autres lieux genevois. Plus d’informations et billetterie sur everybodysperfect.ch 

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  • Grand écran: "Joker: folie à deux" mêle comédie musicale, romance et film à procès. Captivant

    Après le fracassant triomphe surprise en 2019 du thriller psychologique Joker, Lion d’or à la Mostra de Venise, son auteur Todd Phillips s’est logiquement décidé à surfer sur la vague qui a consacré le  pire ennemi de Batman, tueur psychopathe sévissant à Gotham City,. Dans cette deuxième mouture, Arthur Fleck, Incarcéré à l’asile d’Arkham, attend son procès pour les crimes commis sous les traits du méchant clown grimaçant. Dont celui de l’animateur Murray Franklin en direct à la télévision, qui a provoqué le soulèvement d'une meute de bouffons.  

    Au début du film, on retrouve Fleck dans sa cellule. Incarné par un Joaquin Phoenix habité, aussi bluffant que dans le premier qui lui a valu un Oscar et un Golden Globe.  Méconnaissable, vieilli, shooté aux médicaments, mutique, recroquevillé,  il a fondu. Mais ce qui va changer pour ce mort vivant se traînant seul et désespéré, du moins le croit-il, c’est la rencontre du grand amour, lorsqu'il tombe par hasard sur Harley Quinn, une co-détenue. Impressionnante dans le rôle, Lady Gaga ne le cède en rien à son partenaire. Le visage dégoulinant de maquillage, elle et lui forment un couple déjanté quasiment parfait. 

    Alors qu’ils assistent ensemble à la projection du Danseur du dessus avec Fred Astaire, Arthur est entraîné par la jeune femme rebelle, qui adore semer panique et chaos partout où elle passe, dans une folie à deux. Pour' échapper au  sordide univers carcéral, ils se mettent à chanter, entre rêve et réalité, des standards jazz-pop des 1960’s revisités. Ils dansent aussi, Phoenix nous gratifiant même au passage d’un petit numéro de claquettes plutôt réussi. Tout comme sa reprise émouvante du Ne me quitte pas de Brel, quand le malheureux Arthur se rend compte que c’est le Joker qui a séduit Harley Quinn.

    Mêlant comédie musicale, romance pénitentiaire et film à procès avec le public dans le box des accusés, Todd Philipps propose un film introspectif, très différent de l’original où, lors des joutes au tribunal. se pose la question de la personnalité de Fleck, victime ou non de son double, redoutable criminel en série, star au rire jaune tonitruant et idole d’une société malade. Captivant. On pourrait reprocher à Phillips de courir trop de lièvres à la fois. Mais ça marche et on aime. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 octobre .

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  • Grand écran: "Les Barbares", comédie politique sur le vivre ensemble, où se mêlent humour et bons sentiments

    Le vivre ensemble et sa difficulté inspirent les cinéastes. Ken Loach avait pour ainsi dire ouvert la voie avec The Old Oak, drame évoquant l’arrivée de migrants syriens dans un village sinistré du nord-est de l’Angleterre, miné par la pauvreté et le chômage. L’accueil est mouvementé mais les choses finissent par s’arranger, Ken Loach insistant sur la solidarité, et surtout l’espoir,.

    Misant plutôt sur l’humour et la satire avec Les Barbares, Julie Delpy situe, elle, son action à Paimpont, petit village breton où tout le monde se connaît. Parmi les principaux habitants, il y a Joëlle (Julie Delpy), l’instit humaniste, empathique et déterminée, sa grande copine Anne (Sandrine Kiberlain), propriétaire alcoolique de la supérette, son mari coureur (Mathieu Demy) , Hervé (Laurent Laffite) le plombier alsacien aussi plouc que raciste, ou encore sa femme infirmière Géraldine (Indira Hair), enceinte de son cinquième enfant. 

    Bref.  les Paimpontais se sont prononcés quasi unanimement pour l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent  sont … syriens ! Un changement de nationalité qui, pour certains, dont évidemment Hervé, modifie singulièrement la donne! Pétris d’idées reçues, ils n’imaginent pas que ces réfugiés puissent être mieux élevés et plus cultivés que la majorité d’entre eux. Côté syrien, on trouve ainsi Ziad Bakr qui iincarne le père, tandis que Fares Helou, star du cinéma arabe et lui-même réfugié en France en 2011, joue le grand-père. 

    Dans cette comédie politique plutôt émouvante et bien interprétée, Julie Delpy met ainsi en avant le racisme, la xénophobie, les préjugés, le manque de solidarité que provoquent l’ignorance, la peur, et  l’incompréhension, de l‘autre. Mais on regrette, malgré son actualité brûlante, le manque de subtilité et de finesse. Julie Delpy, appuyant sur le fait que les barbares ne sont pas ceux qu'on pense,  n’évite en effet pas les écueils des bons sentiments, de la caricature ou du cliché. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 24 septembre.

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