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le blog d'Edmée - Page 12

  • Grand écran: dans "Napoléon", Ridley Scott s'emploie laborieusement à déconstruire le mythe. Avec un Joaquin Phoenix trop vieux pour le rôle

    Hautaine, Marie-Antoinette marche lentement vers l’échafaud, toisant une foule enragée, au son de la chanson Ah, ça ira!, version Edith Piaf de 1953. Ainsi commence le Napoléon de Ridley Scot, qui,  sur un scénario de David Scarpa,. revisite à son tour la légende pendant quelque 2h40, depuis la décapitation de la reine en 1793 jusqu’à la mort du héros en 1821 à Sainte-Hélène

    Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son Napoléon, figure planétaire qui a inspiré plus de 1000 fictions ou documentaires au cinéma et à la télévision, fait causer. Malheureusement, on ne peut prétendre que le 28e film du réalisateur britannique soit à la hauteur des emballements positifs ou négatifs (plus fréquents) des critiques. Sans oublier les discussions enflammées entre historiens, dont certains s’étranglent face à la perfidie du représentant d’Albion. 

    PEn effet, Ridley Scott, qui avait enthousiasmé il y a trois ans avec Le dernier duel, peine cette fois-ci à convaincre avec sa vision burlesque  du petit caporal  devenu empereur. Sur fond de tragédie comique et de romance, l’auteur brosse le portrait caricatural, peu glorieux, d’un individu au costume trop imposant pour lui, curieusement niais, balourd et plaintif. .
     
    Pas grand-chose à raconter

    Il se plaît à ridiculiser rapidement cet homme dans la peau duquel s’est glissé Joaquin Phoenix. Et les choses commencent mal quand apparaît l’acteur, avec ses vingt-cinq ans de trop  pour incarner le jeune et fougueux capitaine, vainqueur du siège de Toulon, qui marque le début de son irrésistible ascension.  Mais comme il ne change pas de tête du début à la fin, Phoenix finit en quelque sorte par rattraper le temps et trouver un semblant d’adéquation et de crédibilité. 

    Par ailleurs, alors qu’il le suit pendant 28 ans, le cinéaste ne nous raconte pas grand-chose de son célébrissime protagoniste, entre deux lettres d’un sentimentalisme dégoulinant à son grand amour Joséphine de Beauharnais., incarnée par Vanessa Kirby, surprenante elle aussi au début,  avec son look à la Jane Birkin. Elle le trompe copieusement, menant par le bout du nez cet amoureux transi, tourmenté, déchiré, éjaculateur précoce ou quéquette en berne. Dominé par ailleurs par sa mère dont il a du mal à quitter les jupes. .

    Des erreurs grossières et des batailles spectaculaires

    Le film pèche pour d’autres raisons. On aurait pu attendre de Ridley Scott qu’il s’entoure de spécialistes, pour mieux ancrer sa prétendue fresque. Mais les erreurs se multiplient au fil de l’histoire.. Par exemple, Napoléon n’a pas assisté à l’exécution de Marie-Antoinette et n’a (heureusement) pas bombardé les pyramides.

    Restent les batailles, où Ridley Scott s’épanouit enfin. Outre le siège de Toulon, il propose des reconstitutions brillantes et spectaculaires de la victoire d’Austerlitz, chef d’d’œuvre tactique du général avec les soldats russes piégés dans des étangs gelés. Ou l’ultime débâcle de Waterloo, face à des Anglais particulièrement  bien organisés avec leurs formations en carres. 

    Aspects important sciemment occultés

    Dommage pourtant que le réalisateur en abuse. Et finisse par nous lasser, avec trop de combats certes épiques et visuellement saisissants, mais pas assez d’histoire. Les aspects politiques, culturels sont sciemment occultés. Code civil, Banque de France, lycées, baccalauréat, université, rien n’est dit des créations et réformes de Napoléon suite à son arrivée au pouvoir en 1799. 

    Seules comptent pour Scott la guerre, les conquêtes et la relation  addictive qu’il entretient avec Joséphine, notamment  illustrée par deux grotesques scènes de sexe. Finalement on assiste à une déconstruction de mythe, péché mignon de l’auteur, assez vaine et ennuyeuse.  

    A l’affiche dans salles  de Suisse romande depuis mercredi 22 novembre.

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  • Grand écran: dans "Rien à perdre", une mère prête à tout pour sauver ses enfants. Avec la magnifique Virginie Efira

    Delphine Deloget avait vécu un véritable triomphe à Cannes  à l'issue d'une projection ponctuée d'applaudissements, ce qui n'est pas fréquent sur la Croisette. Dans Rien à perdre, elle aborde avec justesse le sujet sensible, délicat, ambigu de la protection de l’enfance. Ainsi que la lutte incessante d'une mère privée d'un de ses enfants contre un système parfois trop rigide, éludant les réponses précises, et provoquant sa colère et une certaine violence , ce qui n'arrange pas les choses. .

    Cette grande réussite tient également à la présence de Virginie Efira, qui porte admirablement le film, aux côtés de Félix Lefebvre et Arieh Worthalter. L'actrice peut décidément tout jouer en se renouvelant sans cesse.  

    Là encore elle est parfaite et nous sidère en «étant», plus qu’en incarnant Sylvie, Brestoise un rien boderline, prête à tout pour ses enfants, Jean-Jacques et Sofiane. La famille est très soudée. Mais Sylvie travaille tard, dans un bar. Un soir le petit garçon resté seul dans l’appartement, se brûle gravement dans l'explosion d'une friteuse, en voulant se faire à manger.  Suite à un signalement, sa garde est retirée à Sylvie et Sofiane placé dans un foyer.

    Ravagée mais pugnace, sa mère est déterminée à le récupérer coûte que coûte. Aidée par une avocate et ses frères, elle est sûre de pouvoir venir à bout de la lourde machine administrative et judiciaire Le combat sera pourtant beaucoup plus long, dur et douloureux qu’elle l’imagine.
     
    Lors d’une rencontre à Genève, Dephine Deloget nous en dévoile plus  sur son premier long métrage et son désir  de passer du documentaire à la fiction. J’avais envie de franchir le pas. De passer de l’un à l’autre, tout en apportant du documentaire dans ma manière de travailler.

    D'où vous est venue l'idée de départ pour Rien à perdre?

    J’avais envie de raconter comment on se sépare dans une famille, comment on apprend à vivre sans l’un de ses membres et ce qui se joue dans l’intimité du foyer, les sentiments que.provoque la question du placement du petit Sofiane. L’explosion de la friteuse  est à cet égard symbolique d’une rupture certes douloureuse, mais nécessaire. 

    Avez-vous effectué beaucoup de recherches ?

    Oui, j’ai rencontré un  juge, des avocats, des familles avec enfants pour enrichir le film d’une certaine réalité et j’ai raconté un morceau de vie totalement crédible. J’ai travaillé ces histoires de placement. C’est très compliqué. Une zone grise où l’Aide sociale à l’enfance (ASF) entre en jeu, des scènes que je montre et qui ont véritablement existé. Dans le cas qui nous occupe, comme dans beaucoup d’autres, on ne sait pas trop ce qui s’est passé.  

    Vous évoquez une machine inarrêtable.

    J’ai écouté beaucoup d’histoires de parents, de témoignages sur des soupçons de maltraitance. On place sans faire d’enquête. Un principe vertueux au départ, mais dès lors la famille et les services sociaux sont embarqués dans une machine inarrêtable Cela devient kafkaïen  

    Comme pour Sylvie, la mère, dont vous donnez le point de vue.

    Effectivement. l’idée était d’en faire un personnage plus fort que le sujet. D’être totalement avec elle, de vivre ce que peuvent vivre des parents un peu à la marge. Mais il s’agit aussi de la regarder déraper. Elle est en faute. Elle ne suit pas les règles. Les services sociaux sont aussi pris dans l’engrenage. Ils sont dans leur bon droit, obligées d’appliquer les décisions. A 80%, ils ne sont pas défaillants. C’est un film sur la fragilité sociale, les liens distendus. A trop vouloir d’ordre, on sème le désordre.

    Le film doit beaucoup à l’excellente Virginie Efira. Était-elle votre premier choix ?

    Au début, je n'ai pensé à personne. Mais Virginie est infiniment désirable. Avec elle on passe du drame à la comédie Elle crée un personnage fort, réjouissant, énergique, parfois désemparé, mais jamais triste. Le projet lui parlait et elle avait accepté il y a quatre ou cinq ans, alors qu’elle n’était pas encore en pleine ascension, à un moment où elle aurait pu hésiter. J’avoue avoir redouté qu’elle change d’avis. On était en plein Covid. Les contraintes étaient nombreuses. Le tournage a été difficile.

    Face à elle, Félix Lefebvre est à la hauteur.

    C’était un véritable cadeau. Il avait déjà joué, notamment dans Été 85 de François Ozon. J’en fais un ado grassouillet qui joue de la trompette. Il a pris 20 kilos pour le rôle. il aime s’impliquer et s’est par exemple beaucoup occupé du petit Alexis Tonetti (Sofiane), qu’on a mis du temps à dénicher. Il avait une certaine douceur, tout en étant assez frondeur. Tous les deux sont très justes. 

    "Rien à perdre", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 novembre.

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  • Grand écran: une brillante étudiante face à l'échec dans "Le théorème de Marguerite". Passionnant

    Les mathématiques inspirent les cinéastes. Quelques semaines après la sortie de La voie royale du Suisse Frédéric Mermoud qui se penchait sur le parcours d’une surdouée dans le domaine, la  Française Anna Novion décide elle aussi de mettre les chiffres en images avec Le théorème de Marguerite.

    Seule fille de sa promo à la prestigieuse Ecole normale supérieure (ENS),  Marguerite (Ella Rumpf) est du genre garçon manqué, ce qui luii vaut quelques moqueries masculines. Indifférente à son physique et aux fringues, cette petite brune ä lunettes  préfère le confort du jogging et des chaussons.

    En dernière année, ce qui préoccupe pour ne pas dire hante cette hyper brillante matheuse, c’est le sujet qu’elle a choisi pour sa thèse. Car elle s’est attaquée à un monument en tentant, avec son professeur et mentor le peu aimable Lauremt Werner (Jean-Pierre Darroussin).de résoudre la conjecture de Goldbach, réputée insoluble depuis sa formulation en 1742. Mais Marguerite  se sent plutôt confiante.

    Découverte du Mah-jong

    Sauf que catastrophe, elle se plante devant le parterre de chercheurs venus assister à la présentation. Humiliée, ne supportant pas l’échec, la malheureuse fuit, se terre dans une colocation, se laisse aller, devient vendeuse de chaussures, déprime…  Et puis un jour, découvre  le Mah-jong, redoutable jeu d’argent asiatique, y excelle vu son extraordinaire potentiel et se met à gagner de quoi mettre beaucoup de beurre dans les épinards. 

    Du coup la jeune femme, voyant son ciel s’éclaircir, décide de se reprendre, en mains,  de s’ouvrir à nouveau au monde, de changer de look, même de corps. Tombée amoureuse, elle se remet aux maths, sa véritable passion, avec un petit camarade. 

    Entre romance, thriller et suspense

    Pour son troisième long métrage qui mêle habilement romance, thriller scientifique et suspense, Anna Novion a choisi l’attachante et émouvante Franco-Suisse Ella Rumpf, comédienne à forte puissance dramatique. Révélée en 2016 dans Grave, le film d’épouvante de Julia Ducournau, elle est  formidable en héroïne singulière, obsessionnelle, peu en phase avec ce qui l’entoure, avant de se transformer et de tout recommencer. 

    Dans sa quête existentielle sur fond d’équations, de formules, de facteurs ou d’inconnues,  elle tient la dragée haute ä Jean-Pierre Darroussin, dont on découvrira la  piteuse bassesse,,,  Un film captivant ä ne pas manquer. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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