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le blog d'Edmée - Page 11

  • Grand écran: thriller social bouleversant, "L'histoire de Souleymane" révèle un acteur

    Assis sur une chaise parmi d’autres personnes, un jeune homme attend. Il semble un peu nerveux, se recoiffe et tente d’enlever une tache sur le poignet de sa chemise blanche. Une femme l’appelle par son nom. Il se lève et la suit. Ce garçon qu’on découvre en ouverture du film de Boris Lojkin,  c’est Souleymane. Il a fui la Guinée pour rejoindre la France dans l’espoir, comme tant de migrants,  d’une vie meilleure pour lui et sa mère malade restée au pays. 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas à la place d’un autre qui lui loue son application téléphonique. Son statut lui interdit pourtant de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Mais comme il n’a pas été persécuté en Guinée, il a dû acheter à un compatriote, un récit propre à émouvoir mais qu’il  a du mal à mémoriser.  Alors il se prépare, répétant encore et encore son histoire, tout en pédalant sans relâche  et  à toute allure, se jouant dangereusement du trafic et des feux rouges.

    Une route semée d’obstacles

    Et les galères ne manquent pas, qui font monter la tension. Entre les flics à éviter, son loueur de compte qui le harcèle, une chute qui le retarde, un restaurateur et une cliente dépourvus de la moindre humanité, sa route est semée d’obstacles. Souleymane n’a droit qu’à quelques moments de répit dans un  centre d'hébergement d'urgence, où il peut manger, se doucher, laver sommairement son linge, rencontrer d’autres infortunés, passer une nuit… 

    Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant, ancré dans la réalité de ces candidats à l’asile pour qui tout est si compliqué, en l’occurrence ces livreurs de repas maltraités sans complexe par des gens sans scrupules. Tout en rendant hommage à leur courage, il les suit en nous plongeant quasi physiquement dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils  désespèrent de voir la lumière. 

    Un acteur est né, Abou Sangaré

    La force et la réussite de ce film sans pathos qui nous accroche dès le début pour ne plus nous lâcher, tient évidemment beaucoup à la remarquable interprétation d’Abou Sangaré. C’est une révélation. Il  bouleverse dans la peau de ce vélocipédiste exilé, fils aimant, dur à la tâche, qui mène un véritable combat. A méditer pour les populistes rampants prompts à le voir comme un délinquant en puissance. On retrouve Souleymane à l’Ofpra, comme au début, dans une dernière séquence où il fait face à une sévère mais juste agente de protection, incarnée par l’excellente Nina Meurisse. Pris au piège de son gros mensonge, Souleymae finira par craquer…. 

    Le jury d’Un Certain Regard à Cannes en mai dernier ne s’y est pas trompé. Alors qu’il a décerné son Prix à Boris Lojkine pour l’oeuvre, il a sacré Abou Sangaré meilleur acteur. Alors sous le coup d’une OQTF, ce dernier le reste aujourd’hui,  en dépit d’une quatrième demande de régularisation. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 9 octobre.

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  • Grand écran: "Super/ Man: l'histoire de Christopher Reeve", émouvant hommage à un super-héros

    La minute d’avant, une icône planétaire, celle d’après un tétraplégique suite à une terrible chute de  cheval le 27 mai 1995. Cet homme c’est Christopher Reeve, mort à 52 ans le 10 octobre 2004 et dont le destin hors norme fait, vingt ans après, l’objet d’un émouvant documentaire  Dédié à l’inoubliable interprète de Superman et son alter ego Clark Kent, Il sort avant un nouveau volet consacré au mythique Man Of Steel

    Ses réalisateurs, le Genevois Ian Bonhôte et le Britannique Peter Ettedgui, déjà auteurs ensemble en 2019 d’un premier film centré sur la vie du célèbre couturier anglais McQueen, rappellent  la fulgurante ascension du jeune Christopher Reeve, érigé en superhéros qu’il incarné à quatre reprises entre 1978 et 1987.Et qui, déjà engagé dans la défense de la planète et des droits de l’homme au temps de sa gloire, devient un superman au quotidien.  Soutenu par sa femme Dana, il mènera un inlassable combat pour les personnes handicapées aux côtés de la communauté scientifique et dans la recherche d’un remède.   

    Des allers et retours entre avant et après

    "Lorsqu’il est devenu tétraplégique, il a voulu continuer à changer le monde", racontent Bonhôte et Ettedguil, qui évoquent  les joies, les chagrins, les failles, les relations compliquées,  tout ce qui a forgé l’acteur, l’homme, le compagnon de Gae Exton, le mari de la chanteuse Dana Morosini, le père de  trois enfants à qui ils donnent la parole. Evitant le côté chronologique, les deux cinéastes alternent les périodes avant et après l’accident tragique, des débuts de Christopher à Broadway aux côtés de Katherine Hepburn, avant d’être choisi, parmi plus de 200 prétendants, pour camper «L’homme d’acier » dans la colossale production dirigée par Richard Donner. 

    Ils n’omettent pas ses échecs successifs au cinéma après Superman,, dont la médiocrité du quatrième la contribué  à lui  faire perdre de son aura. Vu les rôles secondaires inintéressants qu’on lui  propose, il se tourne vers le petit écran dans les années 90. Cruelle ironie, du sort son dernier rôle à la télévision était celui d’un policier paraplégique dans Chassé Croisé en 1995, l’année où il se retrouve paralysé des épaules aux pieds et dépend d’un respirateur artificiel.

    Rythmé par des images de synthèse de Christopher Reeve dans son légendaire costume de Superman, le documentaire bouleverse avec la première apparition du comédien en fauteuil roulant aux Oscars en 1996.Elle lui vaut une longue standing ovation.  On a également droit aux extraits de ses mémoires audio Still me, toujours moi, référence aux mots d’amour sauveurs de son héroïque femme Dana, décédée d’un cancer un an et demi après lui. Des témoignages vibrants de son grand ami le défunt Robin Williams, de Glenn Close ou encore de Susan Sarandon complètent cet hommage en forme de voyage de l’acteur culte.

    A l affiche dans les salles romandes depuis mercredi 9 octobre.

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  • Grand écran: Mort de Michel Blanc, grand acteur aussi drôle, profond que bouleversé o

    «Putain Michel, qu’est-ce que tu nous a fait? Ces mots de Gérard Jugnot résument bien l’immense douleur de la troupe du Splendid. Patrice Leconte partage de son côté sa sidération et sa peine, Emmanuel Macron salue un monument du cinéma français qui nous a fait pleurer de rire et ému aux larmes…  Les messages d’émotion et de tristesse se multiplient pour rendre hommage à Michel Blanc, mort dans la nuit de3 au 4 octobre d’une crise cardiaque. Il avait 72 ans et a tourné cette année son dernier film La cache, du Lausannois Lionel Baier. Il sortira en 2025

    Comédien excellant aussi bien dans la comédie que dans le drame, scénariste, dialoguiste, Michel Blanc compte quelque 90 longs métrages à son actif, dont cinq comme réalisateur. Il s’était révélé dans les années 70 au café-théâtre, avec ses potes du Splendid, avant de se lancer dans le cinéma en 1975, en valet de chambre de Louis XV dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier. Suivent des apparitions dans une douzaine de films avant la consécration, avec les cultissimes Bronzés de Patrice Leconte en 1978 et Les bronzés font du ski un an plus tard. 

    C’est là que naissait l’inoubliable, inénarrable et lourdingue dragueur éconduit Jean-Claude Dusse, qui n’a cessé depuis de lui coller à la peau. On se souvient tous de la scène mythique du télésiège... Il s’est d’ailleurs spécialisé dans ce rôle de loser dans Viens j’habite chez une copine ou Ma femme s’appelle reviens.

    Meilleur acteur à Cannes en 1986

    Espérant s’en débarrasser, il l’incarne encore une fois dans Marche à l’ombre (1984), sa première réalisation où il traîne ses savates avec Gérard Lanvin. Le film remporte un immense succès en drainant plus de six millions de spectateurs. Fort de ce triomphe, Michel Blanc répond à l’offre de Bertrand Blier. Aux côtés de Gérard Depardieu, il joue un homme découvrant son homosexualité dans Tenue de soirée. On est en 1986 et il est sacré meilleur acteur à Cannes.  

    Trois ans plus tard, on découvre le comédien dans Monsieur Hire. Un tailleur misanthrope et taciturne amoureux de sa jolie voisine d‘en face (Sandrine Bonnaire) qu’il ne cesse d’épier par la fenêtre, est soupçonné du meurtre de la jeune femme. Dans ce film signé Patrice Leconte, Michel Blanc, exceptionnel, trouve le meilleur rôle dramatique de sa carrière. 

    Prix du scénario sur la Croisette  en 1994

    Après avoir multiplié les costumes les plus divers dans une foule de métrages, parois navrants, apparaissant par ailleurs devant la caméra de Peter Greenaway, Robert Altman ou Roberto Benigni, Michel Blanc repasse derrière avec Grosse fatigue en 1994.

    Dans cette comédie noire et absurde, il joue son propre rôle, vedette depuis plusieurs années. Mais un jour sa célébrité vire au cauchemar où il reçoit gifle et coup de poing a la place des demandes d'orthographe. En compagnie d’une Carole Bouquet barrée, il va tenter de comprendre ce qui lui arrive. Cette comédie d’un style nouveau remporte le prix du scénario à Cannes et cartonne au box office. 

    Suite à une troisième réalisation au titre prémonitoire, Mauvaise passe, logiquement ignorée du public, une quatrième mieux accueillie Embrassez qui vous voudrez, il renoue avec deux gros succès de comédien dans Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault en 2005, et surtout grâce aux Bronzés 3 de Patrice Leconte l’année suivante. Pourtant décevante, cette suite réunit plus de 10 millions de spectateurs. 

    César du second rôle en 2012

    Après Les témoins d’André Téchiné en 2007, film sur les années sida où Michel Blanc se glisse dans la peau d’un médecin homosexuel,  il nous bouleverse à nouveau dans un registre dramatique, qui lui a valu le César du second rôle en 2012. Avec  L'xercice de l’Etat, Pierre Schoeller le met en scène en directeur de cabinet, personnage animé par le sens de l’État, serviteur austère indispensable à son ministre des Transports corrompu, joué par Olivier Gourmet. 

    Malheureusement pour lui, le public ne le suit pas dans sa dernière réalisation en 2018. Voyez comme on danse, une suite d’Embrassez qui vous voudrez.  Il revient en acteur en 2023 dans Les petites victoires de Mélanie Auffret et on le reverra l’an prochain dans La cache de Lionel Baier, adapté du roman éponyme de Christophe Boltanski, Prix Fémina 2015. 

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