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le blog d'Edmée - Page 8

  • Grand écran: "Santoash" dénonce avec force les dysfonctionnements de la société indienne

    Après la mort de son mari, tué lors d’une émeute dans une région rurale du nord de l’Inde, Santosh (Shahana Goswami), 28 ans, hérite de son poste de gardien de la paix, comme le stipule la loi. En pénétrant dans ce milieu machiste, elle découvre les méthodes d’investigation plus que douteuses d’une grande partie de ses collègues, provoquant la haine et la colère du peuple dans les rues.

    Sans expérience ni formation mais pleine d’énergie, de bonne volonté, aspirant à l’émancipation, Santosh est appelée, pour sa première affaire, sur les lieux de la mort d’une adolescente d’une classe inférieure, violée puis jetée dans un puits. 

    Sous les ordres de l’impitoyable inspectrice Sharma (Sunita Rajwar), très engagée dans la défense des femmes et qui devient son mentor, la nouvelle recrue participe activement à l’enquête. Et se retrouvera assez rapidement sur les traces d’un criminel présumé.

    Recours à la torture

    Santosh, présenté l’an dernier dans la section cannoise Un certain regard,  est la première fiction de Sandhya Suri, déjà auteure de deux documentaires. S’exposant à la critique des autorités, la réalisatrice ne craint pas de dénoncer vivement le dysfonctionnement général de la société indienne, le patriarcat, le système de castes, qui permet les excès et l’impunité des puissants, ainsi que les pratiques brutales et expéditives de la police. La corruption gangrenant ses rangs, elle n’hésite pas à recourir à la torture pour extorquer des aveux, sans s’embarrasser de preuves.

    En même temps, le mépris de la condition féminine et le nombre de viols restés impunis incitent les policières à exercer leur propre justice sur les hommes accusés, sinon simplement soupçonnés de harcèlement ou d’abus sexuels. À l’image de la redoutable Sharma, qui va s’acharner san état d’âme sur le malheureux innocent du meurtre de la jeune fille du puits. Poussant finalement Santosh à finir le travail. C’est d’une rare violence.

    Dans ce film féministe à l’approche documentaire, la très prometteuse Sandhya Suri mêle habilement drame social réaliste et thriller politique captivant. Implacable, elle propose un portrait aussi convaincant qu’effrayant de l’Inde à travers le regard de ses deux talentueuses héroïnes. Une belle découverte. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 avril.

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  • Grand écran: "Black Dog", amitié insolite entre un motard mutique et un lévrier famélique

    Chine 2008, quelques semaines avant l’ouverture des Jeux olympiques, dans une région déshéritée, sinon fantôme, aux portes du désert de Gobi. Sous prétexte de progrès sociaux, un  projet de rénovation urbaine condamnant à la démolition des immeubles lépreux a obligé des milliers d’habitants à quitter les lieux. En allant s’installer ailleurs, ils ont abandonné les rues à des hordes de chiens qu’il faut éliminer.

    Déboulant de partout, ils effrayent les gens restés là, les mordant parfois et font du tort au régime, craignant le chaos lors de la cérémonie d’ouverture. Ils provoquent même un accident de bus qui se renverse sur la route. Parmi les passagers, se trouve Lang (Eddy Peng) une ex-vedette locale de rock impliquée dans un meurtre et libérée après dix ans de prison.

    Une atmosphère singulière

    Mutique, le crâne rasé, Lang doit rejoindre une patrouille formée à la capture des toutous perturbateurs et finit par adopter un lévrier noir famélique. Il rechigne en effet à le mettre dans un chenil bien qu’on le dise atteint de la rage. Il s’en s’occupe avec amour, le soigne, le lave, lui donne à manger, allant jusqu’à fabriquer un side-car pour l’emmener faire des tours à moto. Avec cette rencontre entre deux créatures aussi solitaires et cabossées l’une que l’autre, mais qui vont reprendre goût à la vie grâce à cette amitié insolite, le réalisateur chinois Guan Hu propose un film simple, minimaliste, lauréat du Prix Un Certain Regard l’an passé à Cannes. 

    Emouvant, non dépourvu d’humour, il nous plonge dans une atmosphère singulière, envoûtante, entre chronique politique critique, étude sociale caustique, dénonciation de cruelles pratiques envers les animaux. Le tout sur fond de road movie dans un paysage lunaire, postapocalyptique, prétexte à de magnifiques images.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 avril.

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  • Grand écran: "Game Over: la chute de Credit Suisse", chronique choc d'une faillite annoncée

    Le 19 mars 2023, après une crise bancaire historique, Credit Suisse s’écroule. On parle de fait impensable, la banque étant considérée comme un symbole de stabilité et de sécurité. Mais à en juger par Game Over, la chute de Credit Suisse, signé du réalisateur Simon Helbling, l’inimaginable ressemble plutôt à chronique d’une catastrophe annoncée. D’autant plus que l’établissement, gagné par l’obésité, avait déjà frôlé l’effondrement en 2002. 

    Le film retrace les événements du point de vue des cadres impliqués en se basant sur les recherches d'Arthur Rutishauser, journaliste d'investigation et rédacteur en chef de la SonntagsZeitung. Remontant au scandale de Chiasso en 1977, où des spéculations avec de l’argent sale en provenance d’Italie avaient entraîné une perte de plusieurs milliards de francs, le documentaire raconte que les dirigeants ont pratiqué pendant des décennies une culture d'entreprise axée sur l’enrichissement personnel. 

    Occupés à se gaver

    Ils ont ainsi ignoré tous les signaux d’alerte jusqu’à l’inévitable, soit l’éclatement de la bulle et la reprise de l'établissement par UBS, lors d'une opération de sauvetage orchestrée au cours de la nuit par les autorités suisses. Un rachat présenté comme une solution d’urgence mais apparemment planifié depuis longtemps. 

    A coups d’enquêtes, de témoignages et d’analyses, dénonçant des infractions, des scandales et des jeux de pouvoir, Game Over démontre non seulement la façon dont cet empire financier a chuté, mais également le mal causé par la cupidité de sa direction. En toute impunité. L’exemple le plus marquant et le plus choquant est celui du Mozambique ruiné par un poignée de banquiers uniquement préoccupés à se gaver. Sans rien assumer par la suite.  

    Se déroulant à un rythme d’enfer, édifiant sur le fond en nous apprenant plein de choses, ce documentaire choc, accablant pêche toutefois sur la forme, dans la mesure où il nous saoule d’infos et surtout de chiffres auxquels le béotien de la finance ne comprend pas grand-chose. 

    Même si les deux événements sont très différents, Game Over fait penser à Grounding, le film de Michael Steiner évoquant les derniers jours de Swissair. Un autre traumatisme pour la Suisse, dont la compagnie nationale disparaissait le 31 mars 2002. Mais traité en fiction, l'opus était plus accessible, donc plus captivant.   

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi  26 mars.

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