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le blog d'Edmée - Page 8

  • Grand écran: "Avignon" met face à face les intellos du In et les populaires du Off. Une jolie réussite

    Un peu contraint et forcé, Stéphane (Baptiste Lecaplain), comédien fauché, reprend le rôle qu’il interprétait dans la pièce de boulevard Ma sœur s’incruste, qu’il a co-écrite et rejoint ses anciens partenaires au festival d’Avignon pour des représentations Off. Entre affichage et tractage dans la ville, il croise Fanny (Elisa Erka)), une comédienne qui monte et joue dans Ruy Blas de Victor Hugo (programmée elle en In) et dont il est resté amoureux lors d’un stage de théâtre quatre ans auparavant.

    Suite à un malentendu, Stéphane lui faire croire qu’il joue Rodrigue le rôle principal du Cid de Corneille. La jeune femme, dont c'est la pièce préférée adore. Pour mieux la séduire, Stéphane s’enfonce dans ce mensonge rocambolesque dont il va avoir rapidement du mal à se dépêtrer.

    Adaptant son propre court métrage autobiographique Je Joue Rodrigue, le réalisateur Johann Dionnet réussit son passage au long, qui s’est vu récompensé trois fois au festival international de l’Alpe d’Huez, surtout par le Premier Prix. L'auteur livre une comédie romantique pleine d’humour et de charme, interprétée par des acteurs attachants. S’inspirant de son vécu, Dionnet nous plonge à la fois dans la vie d’une troupe et celle du célèbre festival, le Cannes du théâtre. Il en capte avec talent l’ambiance unique entre les intellos du In encensés et les populaires du Off qui rament. C’est réaliste, avec quelques scènes irrésistibles. Bref, une jolie réussite.  

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 juin.

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  • Grand écran: "Enzo", fusion touchante de deux univers qui révèle un acteur

    Enzo, cinquième long métrage de Robin Campillo (120 battements par minute) , a été écrit en collaboration avec Laurent Cantet (Entre les murs, Palme d’or 2008). A l'origine, ce dernier avait prévu de réaliser lui-même le film, mais il est mort juste avant le tournage en avril 2024. Robin Campillo, son ami de longue date, a pris le relais et s’est chargé de mettre en images l’histoire d’Enzo.

    Issu d’un milieu bourgeois intellectuel  de la Ciotat, ce dernier a choisi de faire un apprentissage de maçon. Contre toute attente, car l’ado de 16 ans, formidablement incarné par Eloy Pohu, une révélation (photo), n’est manifestement pas un manuel. Maladroit, pas bien costaud, ii traînasse, s’en fiche un peu. Cela énerve les autres ouvriers et son patron. Furieux il décide, pour se plaindre du travail approximatif d’Enzo, de le ramener chez ses parents.

    Surpris, l'homme perd de son assurance en les découvrant très aisés, vivant dans une luxueuse villa sur les hauteurs, avec piscine et vue sur la mer. Ce sont des parents aimants.  Surtout la mère ingénieure (Elodie Bouche), cultivée, douce, indulgente. En revanche le père (Pierfrancesco Favino), tout en se voulant tolérant et libéral, a beaucoup de mal à comprendre le choix de son fiston qu’il considère comme un caprice. Enseignant universitaire, il voudrait qu’il continue ses études, à l’image de son frère aîné. La pression monte, les confrontations se multiplient.

    Une envie de se cogner au réel

    Mai voilà. Ado mutique, un peu mystérieux, craignant l’échec et en manque de confiance  Enzo n’a plus envie d’apprendre, de reproduire le modèle social. Exilé volontaire  dans sa propre famille, refusant le système scolaire, il rompt avec cet environnement bourgeois où il étouffe. Rejetant une voie toute tracée, il a envie de respirer, de se cogner au réel, de devenir maçon. Il se sent bien, à sa place sur le chantier qu’il vit comme une utopie. Inattendue, sa rencontre avec Vlad (Maksym Slivinskyi), un collègue ukrainien plus âgé qui le trouble, va lui laisser entrevoir un autre avenir. Petit à petit, le jeune garçon s’affirme dans sa volonté de construire sa propre vie.

    Entre émancipation, transmission, rupture, rapport de classe et rapport à l’identité sexuelle, ce touchant film d’initiation, beau, sensible et épuré, est à la fois un choc des mondes et la fusion de de deux univers. Il vibre de la passion de Laurent Cantet pour l’adolescence, ses bouleversements et ses tourments. Evoquant l’éveil à la sensualité, au désir homosexuel d’Enzo pour Vlad,  il porte la griffe de Robin Campillo. «J’ai voulu le réaliser comme je pense, comme je sais. Il est certain que Laurent aurait fait une mise en scène différente, mais j’ignore où. L’important, c’est le plaisir d’essayer des choses. Je ne me suis pas posé beaucoup de questions».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 juin.

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  • Grand écran: "Heldin" raconte le rude quotidien du personnel infirmier. Avec la remarquable Leonie Benesch

    Le quotidien du personnel infirmier n’est pas souvent mis en évidence au cinéma, et pourtant il  joue un rôle essentiel. C’est ce que nous raconte la réalisatrice suisse Petra Volpe dans son nouveau film Heldin (En première ligne). Elle nous plonge dans l’impitoyable univers hospitalier, évoquant le poids mental et l’engagement dans l’ombre de soignants épuisés par de trop nombreuses tâches, qui les mettent notamment face au risque d'erreur professionnelle.

    C’est le cas de Floria, infirmière expérimentée d’une patience rare. à l’œuvre dans un service de chirurgie d’un hôpital cantonal en sous-effectif. Déjà débordée, elle est en plus confrontée à une garde de nuit éprouvante en raison de l'absence imprévue d’une collègue. Entre situations graves, cas difficiles, patients jeunes ou vieux inquiets, exigeants ou carrément insupportables, Petra Volpe, dans une mise en scène particulièrement inspirée, brosse un vrai portrait de celles et ceux qui supportent chaque jour un système de santé sous tension.  Ce qui n’est évidemment pas sans conséquence. Heldin rappelle en effet que 36% des infirmiers/ières démissionnent dans les quatre ans qui suivent leur affectation.

    On suit ainsi Floria, circulant sans répit de chambre en chambre. Bienveillante, compatissante, attentive, elle est chargée des problèmes qui ne cessent de surgir les uns après les autres, qu’il s’agisse d’inexpérience de quelques soignants, d’indisponibilité médicale, d’accrochages inévitables, l’ensemble donnant une intensité folle et un rythme d’enfer à ce film aux allures de thriller.

    Cette héroïne constamment sous pression est incarnée par la remarquable Leonie Benesch , qui contribue grandement à la belle réussite du film. Elle impressionne par sa justesse, sa sûreté, son adresse, sa précision des gestes, son empathîe en dépit du stress permanent. On croit à fond à son personnage qui fait penser à celui qu’elle interprétait dans La salle des profs, signé du réalisateur allemand d’origine turque Ilkar Catar. Un drame social à la gloire cette fois d’une enseignante qui faisait aussi un métier formidable dans des conditions de plus en plus pénibles.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 11 juin.

     

     

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