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le blog d'Edmée - Page 6

  • Grand écran: " Sauve qui peut", jeux de rôle pour apprendre l'empathie en milieu hospitalier

    Dans un centre de formation du CHUV à Lausanne de vrais soignants et de faux patients des deux sexes atteints de pathologies graves, simulent des consultations médicales. Le but, apprendre aux premiers l’art de l‘écoute, la bienveillance, l’empathie, la façon de prendre son temps, de se mettre à la place des seconds, de leur annoncer de mauvaises nouvelles. Ces saynètes suivies de debriefings donnent souvent lieu à des scènes passionnantes et d’une rare intensité. 

    Très intéressée par ces mises en situation, la réalisatrice belge Alexe Poukine a posé, outre au CHUV, sa caméra dans d’autres hôpitaux en Belgique et en France, pour son troisième film Sauve qui peut. Il se déroule en deux parties. L’une consacrée à la simulation et donc aux émotions des patients et l’autre à celles des soignants. 

    Une autre réalité

    Car derrière ces jeux de rôle, on découvre une autre réalité, le malaise et les tensions pesant sur des thérapeutes dans un système de plus en plus sous pression. La capacité d’empathie est mise à rude épreuve dans un univers hospitalier exerçant lui-même de la violence sur son personnel en burn out.

    En d’autres termes, comment se montrer bienveillant dans un système malveillant qui vous maltraite?  Quand votre bip sonne sans arrêt, quand on a que cinq minutes pour faire la toilette d’un patient, bref quand on ne vous donne tout simplement pas les moyens de manifester une humanité qu’on pourtant envie de développer.  Comment par ailleurs, préserver les vocations?

    Alexe Poukine a découvert ce monde de simulations grâce à une médecin urgentiste, nous apprend-elle à l’occasion d’une rencontre à Genève. «Cela m’a fascinée de voir la manière dont le faux peut révéler le vrai, transformer la réalité. On se prend incroyablement au jeu. On devrait le faire dans tous les milieux pour que les relations humaines soient plus simples».

    "Depuis, je parle autrement à mes enfants"

    La réalisatrice n’a pas eu de difficultés à entrer en contact avec les organisateurs de ces ateliers. «Et surtout pas en Suisse, très avancée dans ce domaine. C’était merveilleux de pouvoir tourner au CHUV. Les patients simulés sont très bien formés, les briefings sont excellents. J’ai appris tellement de choses. Depuis, par exemple, je parle autrement à mes enfants»

    Vrais soignants et faux patients ont accepté d’être filmés sans problèmes. «On m’a facilement fait confiance. De toute façon, les simulations, les émotions ont  tellement fortes qu’on oublie à la fois le jeu et la caméra».

    Tout en abordant les tensions, l’épuisement des soignants, Alexe Poukine se défend de critiquer véritablement l’hôpital. «Je me livre avant tout à une auscultation, à une échographie de la situation qui met le personnel en souffrance. Mais je ne prétends pas apporter des solutions».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 février.   

     

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  • Grand écran: "The Brutalist", trente ans d'une histoire portée par le remarquable Adrien Brody

    L’histoire de The Brutalist est celle du juif hongrois Laszlo Toth (nom fictif), rescapé de la Shoah qui débarque aux Etats-Unis en 1947, dans l’espoir d’une vie meilleure. A l’image de tous les migrants. 

    Lion d’argent à la dernière Mostra de Venise. Golden Gobes du meilleur film dramatique, du meilleur acteur, nominé à dix Oscars, il est signé Brady Corbet, 36 ans, Auteur de deux films non distribués en Suisse, le réalisateur américain, plutôt connu comme acteur, retrace trente ans d’histoire, sur la base d’un  scénario co-écrit avec sa femme Mona Fastvold. 

    Architecte de talent visionnaire, Laszlo (formidable Adrien Brody) n’est pour l’heure personne dans sa nouvelle patrie. En attendant de pouvoir faire venir sa femme Erszebet (Felicity Jones) et sa nièce Zsofia, bloquées en Autriche, il est accueilli  par son cousin (Alessandro Nivola), propriétaire d’un magasin de meubles en Pennsylvanie et marié à une catholique. 

    Un mécène cruel et raciste

    Au départ chaleureuses, les relations se gâtent rapidement entre eux. Pourtant, grâce au cousin, Laszlo rencontre les Van Buren, richissimes industriels, et va construire pour le père de famille, qui l’a pris sous son aile, une bibliothèque révolutionnaire. Là encore, les choses virent à l’aigre et à l’humiliation, Laszlo se heurtant, comme les Afro-Américains, au racisme d’un mécène cruel, assoiffé de pouvoir. Malgré tout, ce dernier lui confie un projet monumental, démesuré. Une référence au brutalisme (d’où le titre), style architectural qu’adopte Laszlo Toth formé au Bauhaus, mais décidant désormais de construire des blocs de béton brut, rappelant le camp de Buchenwald où il était interné.   

    Fresque fleuve divisée en trois époques

    La conception de ce centre communautaire titanesque est aussi symbolique des thèmes qui traversent le film, la prétention, la supériorité, les abus d’une société blanche. Xénophobe, antisémite, arrogante et méprisante, elle est minée par le profit, la richesse à ne pas partager avec des indésirables tout juste tolérés. 

    Cette somptueuse et ambitieuse fresque fleuve (trois heures trente-cinq avec introduction, épilogue et entracte) est tournée en vistavision. Divisée en trois époques, elle est portée de bout en bout par le remarquable Adrien Brody, qui va voir son rêve américain virer au cauchemar. Bouleversant, il est carrément habité par ce rôle de survivant traumatisé, instable, en souffrance, accro à l’alcool et à la drogue. Déjà lauréat d’un Oscar pour Le pianiste de Roman Polanski en 2003, il pourrait bien en remporter un deuxième le 2 mars prochain.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 5 février.

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  • Grand écran: "5 septembre", un thriller journalistique captivant au coeur de la tragédie des JO de Munich

    Pour ses premiers JO depuis ceux de 1936 et la fin du nazisme, l’Allemagne avait promis les Jeux de la joie. Mais le commando palestinien de Septembre Noir en a décidé autrement. 

    Au lieu de la fête prévue avec la diffusion complète et en direct des compétitions à la télévision, c’est l’horreur qui va pénétrer dans les foyers du monde entier, après la prise en otages de onze israéliens au village olympique de Munich. le 5 septembre 1972.  Les auteurs réclamant la libération de 234 prisonniers palestiniens. 

    Minute par minute

    Alors que Mark Spitz vient de gagner sa septième médaille d’or, des coups de feu retentissent… Cette attaque survenue trente ans avant celle des Twin Towers, a été vécue minute après minute, pendant 22 heures, jusqu’à l’issue fatale, la mort des onze otages, par les journalistes sportifs de la chaîne américaine ABC.

    Ils ont immédiatement compris qu’un drame se jouait. La diffusion des compétitions interrompue, ils décident de le couvrir eux-mêmes, au lieu de faire appel à leurs collègues des infos, en principe plus aptes à maîtriser ce genre de sujet. Et ce sont eux, plus précisément Geoffrey Mason (incarné par John Magaro), jeune producteur ambitieux qui a révolutionné  a TV en direct, et son patron Roone Arledge, légende du journalisme sportif américain, que suit le réalisateur bâlois Tim Fehlbaum, 42 ans, dans son film 5 septembre. 

    Les questions qui se posent

    Steven Spielberg s’était déjà emparé de cet épisode sanglant en 2005 dans Munich, mais Tim Fehlbaum a choisi un autre angle. Mettant la tragédie en arrière-plan, Il la raconte à travers les yeux de ceux chargés d’en rendre compte. Mais comment ? Quel traitement, quelles images montrer? Face au chaos, à l’atrocité, au fait que les terroristes ont accès eux aussi aux images, les questions de déontologie, de morale, d’éthique de décence, de sécurité, se posent. A la fois aux journalistes et aux spectateurs, placés dans les mêmes conditions. 

    Résultat, un formidable thriller journalistique sous haute tension en forme de huis-clos oppressant à la mise en scène efficace, au dispositif réduit. Evoquant la pratique journalistique, la frontière entre le devoir d’informer la tentation du sensationnalisme, du scoop, Tim Fehlbaum, caméra à l'épaule, comme en mission à l’intérieur du studio d’ABC, nous pousse à nous interroger sur notre rapport aux médias, aux images, à l’info en continu dont nous faisons aujourd’hui une consommation effrénée. 

    A ne manquer sous aucun prétexte ce fim captivant, qui avait été nommé au Golden Globe du scénario, et qui l’est à nouveau à l’Oscar, dans la même catégorie. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 5 février.

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