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le blog d'Edmée - Page 2

  • Grand écran: "Vie privée", un thriller psychologique porté par la brillante Jodie Foster

    Nouveau long-métrage de Rebecca Zlotowski , Vie Privée raconte l’histoire de Lilian Steiner (Jodie Foster), psychiatre. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes (Virginie Efira), elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre, et non d’un suicide selon les conclusions policières. Troublée, elle décide de mener sa propre enquête

    Stylisée, l’œuvre à l ’esthétique et aux dialogues soignés, à la mise en scène subtile, mêle thriller psychologique et comédie burlesque, révélant un univers à la Woody Allen assaisonné d’une pointe hitchcockienne. Elle alterne moments d’investigations et scènes oniriques, notamment sous forme  de régressions dans des vies antérieures, des visions d’orchestre pendant l’Occupation, permettant d'explorer la psyché de son héroïne, incarnée par Jodie Foster.

    En fait le film doit à peu près tout à la plus française des actrices américaines, révélée à 13 ans dans Taxi Driver, oscarisée pour Les accusés et Le Silence des agneaux. Elle porte le film avec un naturel désarmant, excellente dans un rôle principal entièrement dans la langue de Molière, le premier depuis Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet en 2004.. 

    Entre humour, contrôle et émotion, Jodie Foster se révèle particulièrement juste et nuancée dans la composition de cette psy déstabilisée, à la fois brillante, fragile et émouvante, Mais aussi mauvaise analyste. paradoxalement peu à l’écoute, certes en quête de vérité, mais avant tout d’elle-même. Ses recherches rocambolesques l’amèneront à comprendre qui elle est.

    A ses côtés on découvre un casting cinq étoiles, dont l’ex-mari attentionné, incarné par Daniel Auteuil, avec qui elle forme un couple complice et touchant. On regrette en revanche la présence anecdotique de Virginie Efira, Mathieu Amalric et Vincent Lacoste.  Par ailleurs, en dépit de son récit à tiroirs, son côté ludique et farfelu, son regard ironique sur la psychanalyse, le film ne parvient pas à véritablement captiver. En raison principalement d’un manque de suspense, dû à un scénario inutilement tarabiscoté.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 novembre.

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  • Grand écran: Yorgos Lanthimos de retour avec "Bugania", fable gore délirante entre écologie et apocalypse

    Réalisé par le Grec Yorgos Lanthimos et co-écrit par Will Tracy,  Bugonia est le remake du film sud-coréen Save the Green Planet!, sorti en 2003. Teddy (Jesse Plemons) apiculteur complotiste et frappadingue est convaincu que des extraterrestres nous ont envahis. Avec l’aide de son cousin Don, tout aussi azimuté, il kidnappe Michelle Fuller (Emma Stone), PDD d'une grosse entreprise pharmaceutique. Persuadé qu'elle est une agente andromédienne venue détruire la Terre, le duo la séquestre dans une cave pour l’interroger et lui faire cracher le morceau.

    Délirant, saucé à l’hémoglobine, Bugania oscille entre gore, science-fiction, thriller psychologique polar déjanté, farce outrancière, conte moral. Et surtout fable écolo-pré-apocalyptique. Le film ouvre et se clôt sen effet sur une abeille qui butine une fleur. Ce qui n’a rien d’anodin. Les abeilles sont une espèce indicatrice et leur disparition constituerait un grave danger pour l’humanité.

    Entre ces deux images poétiques, Yorgos Lanthimos explore avec violence, frénésie macabre et hystérie grand-guignolesque, la théorie du complot, la paranoïa collective et la psychose, sur fond de critique du capitalisme et des multinationales responsables de la destruction planétaire. Il est magistralement porté par l’égérie du cinéaste, Emma Stone, manipulatrice gardant le contrôle, même menottée, martyrisée et le crâne rasé (photo). Son tortionnaire Jesse Plemons se montre à la hauteur en bouffon pitoyable et dégénéré.

    En dépit de l’excellente performance du tandem et même si on retrouve l’univers singulier du créatif Lanthimos, son goût du cynisme, de la provocation, de l’absurde et du grotesque, Bugania tourne un peu en rond et du coup traîne inutilement en longueur.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, dès mercredi 26 novembre.

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  • Grand écran: "On vous croit" prône l'écoute cruciale de la parole des enfants violentés. Interview de sa réalisatrice

    En France, 160000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année. Un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle toutes les trois minutes. Le temps du film, 40 auront été violentés… Le plus souvent, les prédateurs chassent là où ils se sentent en sécurité, au sein du foyer. Deux récits sur l'inceste, La familia grande de Camille Kouchner et Triste tigre de Neige Sinno ont récemment provoqué émois et débats, tandis que Christine Angot passait l’an dernier derrière la caméra pour dénoncer les ravages de ce fléau dans le documentaire Une famille.

    Pour leur premier long métrage, tourné en 13 jours, Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, qui travaillent ensemble depuis trois ans, se sont é leur tour emparés de ce thème avec On vous croit, un huis-clos haletant. Alice (Myriam Akheddiou) et ses deux enfants été convoqués au tribunal pour un face à face avec leur père (Laurent Capelluto). Terriblement stressée, n’ayant pas droit à l’erreur, elle doit affronter son ex-conjoint accusé de viol sur leur fils Étienne et tentant d’obtenir la garde exclusive des deux enfants. L’homme nie en bloc les accusations portées contre lui, ainsi que l’ouverture d’une enquête.

    À ce déni s’ajoute la remise en cause de la légitimité d’Alice à s’occuper seule de ses enfants et la véracité du témoignage du petit garçon. Nous voici sous haute tension pendant plus d’une heure. Avec la scène centrale tournée en temps réel pendant 55 minutes, au cours de laquelle chacun va exprimer son point de vue. Et finalement la délivrance: On vous croit. Un film dense, fort, nécessaire, sur les mots, le doute et surtout l’écoute. Celle, cruciale, de la parole des enfants, pour qu’ils continuent à la libérer.

    Une belle réussite qui tient aussi à son casting. A commencer par le choix de l'excellente Myriam Akheddiou, vue chez les frères Dardenne, notamment Le jeune Ahmed. Elle livre la formidable performance de cette mère très agitée, débordée, en panique, toujours sur le fil,. Toutes les émotions passent sur son visage lorsqu’elle doit se taire.  A noter que les comédiens font face à de vrais avocats. Les uns et les autres se révèlent particulièrement convaincants.   

    Un quatre mains né de deux expériences

    Rencontrée à Genève, Charlotte Devillers nous explique s’être souvent posée la question des violences à enfants. «Du coup pourquoi ne pas écrire un film sur le sujet? Un véritable quatre mains, car avec Arnaud Dufeys, nos parcours se complètent. J’ai amené l’histoire et la mise en scène grâce à mon expérience d’infirmière, de femme et de mère. Et lui la sienne dans le court métrage, le côté technique et la production».

    Vous avez engagé de vrais avocats.

    Oui, cela permettrait de gagner du temps et l’authenticité.  Ils ont cette facilité de parole. connaissent mieux les codes de la justice et les mots à employer. Tout était écrit. Ils ont lu leur partie et développé leur plaidoyer en fonction. Ils se sont comportés comme dans la réalité. On les a laissés libres dans leur prise de parole. En face, les acteurs devaient s’adapter. Ce dispositif obligeait chacun à rester attentif, à maintenir la tension.

    Avez-vous dû  faire un casting?

    En effet. Nous en avons vu une vingtaine. Ils étaient très motivés, Finalement nous avons retenu un avocat et deux avocates investies dans la protection de l’enfance,

    Comment avez-vous choisi Myriam Akheddiou?

    Arnaud la connaissait. On a écrit le rôle pour elle en cours de scénario, en imaginant ses différentes  réactions. Quand on lui a proposé le rôle, elle l’a absolument voulu. Au point de craindre que l’on change d’avis et qu’une autre actrice s’impose. On a beaucoup travaillé autour de l’animalité. A l’image d’une mère louve, qu’elle a très vite évoquée. On a développé le comportement physique du personnage Au départ elle est dans la méfiance, ensuite elle passe à l’attaque.

    Et quelle a été la réaction de Laurent Capelluto, quand vous lui avez proposé d'incarner le père?

    Ce fut évidemment difficile et beaucoup moins évident pour lui. Au départ il a refusé avant de revenir sur sa décision. Pour défendre le rôle..

    De quelle manière accompagne-t-on des enfants dans un film aussi dur pour eux?.

    Pour Adèle, qui joue l’adolescente Lila, ce n’était pas un problème. Elle a 17 ans et connaît ces problématiques. On l’a coachée comme une comédienne normale. C’était plus délicat pour Ulysse, le garçon qui interprète Etienne. Au cours de la préparation de son rôle, il a demandé: il a fait quoi le père? On lui a expliqué avec des mots adaptés à son âge.

    Espérez-vous que ce film va provoquer une meilleure prise de conscience?

    Je le pense. Ainsi que le dialogue. Il y a déjà eu des débats avec des juges. Des discussions où de gens prennent la parole. Et il sera montré dans des lycées à partir de 16 ans.

    "On vous croit", à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 19 novembre.

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