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le blog d'Edmée - Page 4

  • Festival de Cannes; Quentin Dupieux brouille la frontière entre fiction et réalité dans "Le deuxième acte"

    A l’heure des polémiques, accusations et autres revendications, il était plus que judicieux de choisir Le deuxième acte de l’hyperactif Quentin Dupieux, pour ouvrir la 77e édition du Festival de Cannes. 

    Un film qui se fait  et un film sur un film qui se fait...Alors le réalisateur s’interroge sur la capacité du cinéma à continuer à nous émerveiller à nous faire rêver, son nouveau long métrage  (plutôt court d‘ailleurs avec ses 80 minutes), évoque  raconte le tournage difficile et ingrat pour quatre acteurs (Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphaël Quenard) d’un navet indépendant  aux dialogues indigents

    D’une telle médiocrité que les personnages ne cessent de  sortir de leur rôle pour se plaindre et révéler et de révéler leur vraie nature. A l'image de Vincent Lindon, pour qui c’est le chaos dans son métier, qui en a marre et n’en peut plus de ces fictions à la con , tandis que le monde est en train de couler. Ce qui ne l’empêchera pas  de tourner rapidement sa veste lorsqu’il qu’il se voit proposer de jouer dans  le prochain film du réalisateur américain Paul Thomas Anderson. 

    Mise en abyme le plus souvent jubilatoire pour cette satire du cinéma actuel , dont le cinéaste se plaît à relever l’importance relative face aux tragédies mondiales,  voire, ne servant à rien,. Quentin  Dupieux se moque de tout. Plus particulièrement du wokisme et de ses outrances, ce qui nous vaut une première scène absolument irrésistible entre Louis Garrel qui redoute la cancel culture et Raphaël Quenard qui dit tout ce qui lui passe par la tête sans réfléchir aux conséquences. Savoureuse aussi la séquence où ce dernier tente d’embrasser Léa Seydoux et qu’elle lui balance qu’elle peut le griller pour ça, si elle le raconte à la presse.

    Une performance technique

    Le reste n’est pas toujours à la hauteur dans cet opus qui, juste en passant, compte  le travelling le plus long du cinéma. Mais au-delà de cette performance technique, on peut reprocher à son auteur de noyer en quelque sorte le poisson avec sa façon maligne, paradoxale, absurde et un peu facile de procéder, sans véritablement creuser les grands sujets qui agitent le milieu. 

    On est aussi un peu déçu par une série de vannes pas très fines, une nouvelle technique de drague consistant à philosopher sur la fiction qui est la réalité ou  l’inverse, sans oublier le passage grossièrement expédié sur l’intelligence artificielle qui pilote l’œuvre.

    Il aurait été intéressant dentendre l’auteur. Mais, refusant  toute promotion et toute interview, Quentin Dupieux laisse Le deuxième acte parler pour lui.  « Aujourd’hui j’ai envie de me taire a.t.il déclaré Non par lassitude ou prétention mais simplement parce que ce film très bavard dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient  déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse.» Dont acte.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 mai.

     

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  • Le Festival de Cannes s'apprête à ouvrir sa 77e édition. La Croisette déjà en ébullition

    Cannes se prépare à accueillir dès demain le plus grand rendez-vous cinématographique de la planète, avec la venue sur la Croisette où on se bouscule déjà, de quelque 35000 festivaliers. Ainsi que celle d'une star inattendue, la flamme olympique,, qui va monter les célèbres marches le 21 mai. 

    Mais alors que les commerçants se frottent les mains, circulent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux des rumeurs que certains trouvent inquiétantes.  A commencer celles concernant des accusations en lien avec #MeToo.,  

    Le 5 mai dernier, le Figaro écrivait qu’une liste de dix noms d’acteurs, réalisateurs et producteurs accusés d'agressions sexuelles pourrait être révélée lors de la première montée des marches. il s'agirait de personnalités entre trente et quarante ans, dont certaines ont débuté leur carrière dans le cinéma après l'avènement de #MeToo, Le tout sur fond de demande de démission du président de CNC, Dominique Boutonnat, pour les mêmes raisons.

    Le court métrage de Judith Godrèche

    Le sujet sera abordé frontalement avec l'arrivée mercredi de Judith Godrèche, qui a accusé de viols Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Elle présentera un court-métrage, «Moi aussi», réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles qui ont  répondu à son appel sur les réseaux sociaux.

    Cela bouge également côté social, Un collectif rassemblant des attachées de presse, projectionnistes, chargés de billetterie et autres travailleurs du cinéma, aspirant au statut d’intermittents du spectacle appelle à une grève. Le festival s'est dit prêt au dialogue.

    Place au cinéma

    En attendant de voir si ces diverses menaces peuvent perturber la bonne tenue de la grand-messe annuelle du septième art, place au cinéma. Avec en ouverture Le deuxième acte (image ci-dessus) du prolifique Quentin Dupieux, qui nous plonge à nouveau dans une intrigue loufoque portée par un casting cinq étoiles. Suivra une pléthore de films à donner le vertige dans les différentes sections, où s’affrontent comme toujours auteurs confirmés et jeunes loups aux dents longues.

    A commencer par la compétition, riche de 22 longs métrages soumis au verdict d’un jury présidé par Greta Gerwig, Parmi ces candidats à la Palme d’or, on retrouve des valeurs sûres comme Francis Ford Coppola, Andrea Arnold, Christophe Honoré, David Cronenberg, Jacques Audiard, Yorgos Lanthimos, Paolo Sorrentino, 

    Mais on se réjouit aussi de découvrir les films de  Sean Baker, Magnus Von Horn ou encore le premier d’Agathe Riedinger. La jeune femme sera-t-elle à la hauteur du titre, Diamant brut ? On l’espère, tout comme nous intrigue The Apprentice d’Ali Abbasi sur la jeunesse de Donald Trump. 

    Le regard de Laetitia Dosch

    Les autres volets de la sélection officielle ne sont pas en reste, à l’image d’ Un certain regard. On retiendra celui de la Suissesse Laetitia Dosch, auteure du Procès du chien. En compagnie de 17 autres candidats, elle tentera de séduire le jury présidé par Xavier Dolan. Et ce n’est pas tout. Entre les Séances spéciales, celles de Minuit et Cannes Première, on en compte quelque 25 films. Auxquels s’en ajoutent cinq Hors Compétition, dont Furiosa: une saga Mad Max de George Miller, qui devrait faire l’un des événements sur la Croisette.

    Et il ne faut évidemment pas oublier les importantes catégories que sont La Quinzaine des cinéastes et La Semaine de la critique. Elles comptent respectivement 22 et 11 longs métrages ainsi que 9 courts chacune. 

    Les choix s’annoncent difficiles!

    Festival de Cannes, du 14 au 25 mai.

    Lien permanent Catégories : Cannes dans Chassé-Croisette 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "N'attendez pas trop de la fin du monde", avec une tornade blonde dans les rues de Bucarest

    Radu Jude avait séduit avec Bad Luck Banging, Ours d’or à Berlin il y a deux ans. Tourné  en pleine pandémie de covid, il raconte les tribulations d’une institutrice à Bucarest, victime de la diffusion d’une sextape. 

    Lauréat du Prix spécial du jury l’an dernier à Locarno, le réalisateur roumain revient avec N’attendez pas trop de la fin du monde où, pendant 2h45, il suit Angela, assistante de production surmenée, surchargée et sous-payée Au milieu d’une circulation dantesque, elle parcourt inlassablement en voiture les rues de Bucarest, tout en faisant (ça rend dingue) des bulles avec son chewing-gum.

    Tornade blonde, campée par Ilinca Manolache qui porte ce long métrage sur ses épaules, Angela doit filmer le casting d’une vidéo sur la sécurité au travail commandée par une multinationale autrichienne. Lorsque l'une des personnes interviewées révèle la responsabilité de l'entreprise dans son accident, le scandale éclate. En colère, soumise à un rythme infernal ( un leitmotiv dans l’histoire)  Angela lutte pour sa survie dans un monde où il est difficile de faire sa place au boulot, dans la société et dans sa propre vie.  

    Au  cours de son harassante journée, elle rencontre de grands entrepreneurs, des harceleurs, des  riches, des pauvres, des gens avec de graves handicaps, des partenaires sexuels. On a aussi droit à Bobita, son avatar, qui permet à l’auteur de recycler le type de masculinité toxique à laquelle les femmes sont constamment confrontées, histoire de libérer ce mécanisme de domination.

    Comme un collage

    A la fois road-movie, comédie, fable, critique de la société néolibérale, film de montage, l’opus composé d’un grand nombre d’éléments fonctionne comme un collage, avec différents types d’humour où stratégies esthétiques. Il comprend deux chapitres principaux, dont l’un traite d’exploitation du personnel, ou d’accident de travail. Les victimes sont  toujours à blâmer pour ne pas avoir respecté les consignes de sécurité alors qu’en fait ce sont tous des ouvriers exemplaires. 

    Enfin, dans cette odyssée contemporaine, en noir et blanc, Radu Jude mêle de la couleur, notamment avec le portrait d’une chauffeure de taxi au temps de la dictature communiste par le biais d’un film de 1981 Et qui, sans être une grande œuvre, laisse découvrir une forme de féminisme et des morceaux subversifs, En outre, cette confrontation d’images de l’époque d'avant à l’actuelle contribue à l’idée générale de Radu Jude, qui réfléchit à ce que nous sommes aujourd’hui. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er mai.

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