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le blog d'Edmée - Page 3

  • Grand écran: "Pink Lady" explore la sexualité dans une communauté juive ultraorthodoxe de Jérusalem

    Réalisé par Nir Bergman, Pink Lady suit Bati (Nur Fibak) et son mari Lazer (Uri Blufarb), des juifs ultraorthodoxes de Jérusalem (phozo), qui mènent une existence apparemment parfaite. Lui travaille dans une menuiserie, elle dans un mikvé (bain rituel). Elle s’occupe de ses trois enfants et se plie au rôle traditionnel de la femme, principalement chargée de veiller au bien-être de la famille.

    Mais le monde du couple s’écroule quand Bati découvre, dans la boîte aux lettres, des photos compromettantes de Lazer, blotti contre un homme dans une voiture. Parallèlement, un gang commence à le faire chanter, lui demandant une grosse somme d’argent. Bati est dévastée, mais l’homosexualité dévoilée de son mari lui ouvre les yeux sur un mariage insatisfaisant et sur le malaise ressenti lors de rapports sexuels frustrants. Tout en cédant à des désirs également cachés, elle veut aider Lazer, qui a accepté avec réticence une humiliante thérapie de conversion. Le tout se soldera par une tentative ratée de recoller les morceaux.

    Une «abomination»

    Écrit par Mindi Ehrlich qui a grandi dans cet environnement religieux rigide, Pink Lady rapporte avec authenticité et réalisme la violence d’un environnement où l’homosexualité est qualifiée d’«abomination». Et le film de poser la question: si l’homosexualité est profondément contraire au judaïsme, comment Dieu pourrait-il l’avoir «infligée» à un des fidèles de la très influente et redoutée communauté des haredim – «ceux qui craignent Dieu»?

    Alors que le conflit est vu à travers les yeux des deux époux, une originalité, l'opus  traite d’autres sujets tabous, comme le mariage arrangé, la sexualité réprimée, les tensions entre tradition et identité personnelle, ainsi que les inacceptables problèmes rencontrés, genre passages à tabac, par ceux qui s’écartent du «droit chemin».

    Édifiant. Car si l’on regrette une réalisation inégale, oscillant parfois maladroitement entre drame et comédie sexuelle, on ne peut en revanche que saluer la performance des comédiens et surtout la nécessité,  l’urgence,  de dénoncer l’intolérance, l’exclusion, la ségrégation. non seulement chez les ultraorthodoxes, mais dans toutes les sociétés oppressives du monde.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 octobre

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  • Grand écran: "All That's Left Of You", portrait intergénérationnel pour comprendre l'histoire de la Palestine. Puissant et bouleversant

    Cherien Dabis inscrit son œuvre dans une actualité brûlante avec la libération des vingt derniers otages vivants détenus à Gaza par le Hamas, qui vient de réprimer brutalement ses opposants. Entre saga familiale et fresque historique, la réalisatrice, actrice et scénariste américaine d’origine palestino-jordanienne de 48 ans, réunit trois générations pour nous faire comprendre les événements qui ont façonné la Palestine de 1948 à 2022. Avec All That's Left Of You (Tout ce qui reste de toi), remarquable portrait qui examine les relations entre un grand-père, un père, un fils et l'héritage du traumatisme transmis à chacun, elle livre un témoignage puissant et poignant sur les souffrances et la résilience de tout un peuple.  .

    Le film ouvre en 1988 sur l’image du jeune Noor (Muhammad Abed Elrahman), personnage central. Il s’écroule, blessé par les tirs des soldats israéliens lors d’une manifestation contre l’occupation en Cisjordanie. Hanan, sa mère incarnée par Cherien Dabis explique, face caméra,  que pour connaître l’histoire de son fils, il faut commencer par celle de son grand-père Sharif (Adam Bakri), qui a conduit à ce tragique incident.

    On se retrouve donc à  Jaffa, en 1948. Alors que des centaines de milliers de Palestiniens ont été forcés de fuir leur maison, Sharif, producteur d'oranges, refuse de quitter la sienne et reste sur place pour protéger la terre qu'il exploite depuis plusieurs générations. Mais sa plantation est bombardée par l’armée israélienne. Pour se mettre à l'abri, sa femme part avec leurs quatre enfants chez son frère. Sharif doit les rejoindre deux semaines plus tard. Mais il est arrêté par Tsahal, emprisonné dans un camp de travail et forcé de dépouiller ses frères palestiniens.  

    Une blessure dévastatrice

    Trente ans s’écoulent. En 1978, la situation de la famille de Sharif n'a pas beaucoup changé: Désormais âgé, il vit avec son fils Salim (Saleh Bakri), la femme de ce dernier, Hanan (Cherien Dabis), et ses petits-enfants, dont Noor, qui ont reconstruit une vie précaire dans un camp de réfugiés en Cisjordanie occupée. Le quotidien de la famille est rythmé par les humeurs de l'armée israélienne. Un jour, Salim rentre avec Noor à la maison à l'approche d'un couvre-feu inattendu. Mais ils sont surpris par un groupe de soldats israéliens, des brutes qui infligent une terrible humiliation à Salim, l’obligeant notamment à insulter sa femme.

    Ignoble, la blessure est dévastatrice pour Noor. Forcé de constater que son père ne peut pas le protéger. Leur relation change et le fils va désormais considérer son père  comme un lâche. Dix ans plus tard, devenu un adolescent rebelle, il est grièvement blessé par un tir israélien lors dela première intifada qui vire au chaos, et conduit à l’hôpital dans un état critique...

    Magnifiquement mis en scène et iterprété, All That’s Left Of You est un film absolument bouleversant. Cherien Dabis revendique une approche non politique dans ce drame émotionnel et intime, offrant malgré toute cette douleur, une lueur d’espoir, des petits moments de joie, d’amour et d’humour. Elle souligne l'importance de comprendre l'origine du déplacement des Palestiniens pour saisir la réalité actuelle. "Le récit israélien domine, tandis que le récit palestinien est presque absent", relève-t-elle dans différentes interviews. Elle souligne surtout l’occasion de provoquer le changement en engageant une conversation sur la nécessité de reconnaître la souffrance, car pour elle c'est de là que commence la guérison. «Cela peut sembler un objectif ambitieux, mais je crois vraiment au pouvoir du cinéma».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 15 octobre.

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  • Grand écran: "Berlinguer, la grande ambition", portrait d'un homme engagé et intègre qui voulait changer le monde

    De 1973, année où Enrico Berlinguer échappa à une tentative d’assassinat attribuée aux services secrets bulgares, à l’exécution d’Aldo Moro, par les Brigades rouges en 1978, ce biopic signé Andrea Segre, retrace les cinq années charnières de la vie politique italienne et de celle de Berlinguer, l'artisan du  «compromis historique» . Cet accord qui ne se fit pas, visait à mettre un terme aux divisions du pays.. 

    Chef charismatique du plus puissant parti communiste occidental, dont la popularité ne cesse de grandir grâce à ses  gros succès électoraux, Berlinguer s’affranchit de la tutelle idéologique de Moscou. Un tournant majeur. Mais la violence des extrêmes ne cesse de monter. dans cette époque troublée qui n’est pas sans faire écho à celle que nous vivons.  Pour mieux y faire face, Berlinguer  tente de s’allier à Aldo Moro, démocrate chrétien progressiste, dans l‘idée de créer un gouvernement d’unité nationale pour éviter un coup d’Etat comme au Chili..

    Edifiante leçon d’une histoire complexe, visant plus à instruire qu’à séduire avec son côté un rien austère, "Berlinguer, la grande ambition" jouit d’une reconstitution historique très soignée, enrichie d’images d’archives. Film dossier, il évoque les campagnes électorales, les voyages en URSS, la confrontation glaciale avec Brejnev, les tractations incessantes d'un homme qui a voulu changer le monde mais qui a échoué. 

    Cette oeuvre passionnante est de surcroît portée par le remarquable Elio Germano, incarnant parfaitement et sobrement l’homme politique engagé face à l’injustice, sérieux, intègre, sincère, doublé d’un père attentionné et d’un mari aimant. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 octobre.

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