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le blog d'Edmée - Page 13

  • Grand écran: "Polish Prayers", un documentaire porteur d'espoir et propice au débat

    Le premier pas vers le changement est la compréhension, affirme Hanka Nobis, qui a reçu en octobre dernier le Zurich Film Award de la meilleure réalisation pour son documentaire Polish Prayers. Elle le montre à travers l’évolution d’Antek, 22 ans, élevé dans une famille religieuse de la droite radicale, qu’elle a suivi pendant quatre ans, dans une Pologne  divisée par des idéologies profondément opposées.

    Catholique traditionnel, le charismatique jeune homme défend des valeurs ultra-conservatrices, à l’image de celles de la Fraternité polonaise, dont il est destiné à devenir le chef religieux. Notamment hostile aux relations sexuelles avant le mariage, elle organise des contre-manifestations lors de la Gay Pride ou autres événements LGBTQIA+ et réunit ses membres dans la forêt pour des rituels de virilité.

    Mais alors qu’il est sur le point d’être élu, Antek, tombé amoureux, commence à remettre en question les principes moraux pour lesquels il s’est longuement battu, allant jusqu’à douter de l’existence de Dieu. Désormais, il va vivre selon sa propre opinion.

    Avec le portrait de son principal protagoniste, qui cache sa sensibilité et se cherche à travers ses contradictions reflétant les clivages de son pays, la réalisatrice polonaise sonde une jeune génération. Celle qui s’identifie de moins en moins aux préceptes ancestraux, basés sur la religion et surtout une masculinité dominante, hétérosexuelle et patriarcale censée dicter les interactions sociales.

    Un film sans compromis mais sans jugement, à la fois édifiant, plein de questions, porteur d’espoir et propice au débat.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 novembre.

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  • Grand écran : Avec "Rapito", Marco Bellochio propose une fresque historique lyrique et puissante

    Marco Bellochio, sélectionné pour la Palme d’or en mai dernier à Cannes deux ans après avoir reçu celle d’honneur pour l’ensemble de sa carrière,  se penche encore une fois sur l’histoire tourmentée de son pays. Avec Rapito (L’enlèvement), ignoré par le jury, il propose un drame historique lyrique et puissant, situé en 1858 et qui se déroule dans le quartier juif de Bologne. 

    Sur ordre du cardinal, les soldats du pape débarquent dans la famille Mortara pour enlever leur fils de 7 ans, Edgardo, sous prétexte qu’il a été baptisé en secret par sa nourrice.  De ce fait, il  doit recevoir une éducation catholique conformément à la loi pontificale, sous peine d’être considéré comme apostat. . 

    L’affaire avait fait scandale au-delà des frontières italiennes

    Ravagés par la douleur et le chagrin, ses parents tentent l’impossible pour le récupérer. Ils sont soutenus  par l’opinion publique  de l’Italie libérale et  la communauté juive internationale,  leur combat intime prenant rapidement une dimension politique.  Mais l’Eglise et le pape  refusent de rendre l’enfant pour tenter de maintenir un pouvoir de plus en plus vacillant. 

    De cette affaire qui fit scandale bien au-delà des frontières, Marco Bellochio tire une grande fresque baroque sur fond d’hérésie chrétienne, dont on retiendra par ailleurs l'excellente interprétation.. Tout en se moquant de la rigidité, du puritanisme, de l’intransigeance d’une Eglise coercitive, il brosse un portrait féroce d’un pape réactionnaire, représentant d’un conservatisme qui empêche le pays d’avancer.

    Un parcours symbolique des déchirements du pays

    Prétendument bon, il se révèle irascible, revêche et capricieux. Grotesquement caricaturé dans les journaux, il aime humilier son entourage, forçant les représentants juifs à embrasser ses chaussures, ou obligeant Edgardo, devenu adolescent sons la tutelle de l’Eglise, à dessiner des croix sur le sol avec sa langue, en guise de soumission. 

    Même s’il ne renie pas sa famille, le garçon va peu à peu oublier son histoire et sa religion, un parcours symbolisant les déchirements  d’un pays, captés par l’infatigable cinéaste de 83 ans. Bellochio aborde et mêle avec sa maestria habituelle des thèmes aussi divers que le dogme, la foi, le pouvoir, la résistance, le mensonge ou l’injustice,.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 1er novembre.

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  • Grand écran: Ken Loach à la rencontre des migrants syriens dans "The Old Oak". Une oeuvre engagée et porteuse d'espoir

    Ken Loach est aimé du public. En août dernier, il avait fait un tabac sur la Piazza Grande lors du Festival de Locarno, où il venait pour la cinquième fois. Conscience de gauche du cinéma avec son empathie pour l’humanité et sa lutte inlassable pour l’égalité, Ken Loach présentait son nouveau long métrage, The Old Oak, qui fait écho à une actualité brûlante.

    Le 28è et peut-être le dernier, si l’on en croit le réalisateur de 87 ans. «Il arrive un  moment où on doit reconnaître que les années passent. Je n’imagine pas réaliser un autre film comme celui-ci», avait-il déclaré en mai à Cannes dont il était reparti bredouille, après avoir obtenu sept prix dont deux Palmes d’or. Il s’est pareillement exprimé au Tessin, en ajoutant: «J'en ferai éventuellement un plus petit, ou alors un documentaire ».

    Un accueil très mouvementé

    Loach situe l’action à l’Old Oak, un vieux pub menacé de fermeture dans un village sinistré du nord-est de l’Angleterre, miné par la pauvreté et le chômage. Viennent y boire un coup les paumés et les désoeuvrés du coin. Jusqu’à l’arrivée sans préavis de migrants syriens.

    L’accueil est mouvementé, les villageois déjà au bout du rouleau ne supportant pas de voir des étrangers débarquer pour leur piquer le peu qu’il leur reste. Un poivrot casse l’appareil photo de Yara une jeune Syrienne pour qui l'objet représente une grande importance sentimentale. TJ Ballantyne, le tenancier du pub, vole alors à son secours. Une amitié naît entre ces deux êtres cabossés par la vie. Cette rencontre va même réveiller la fibre militante de cet homme, qui avait renoncé à toutes les actions initiées pendant des années. 

    Moins cynique et féroce que d'habitude

    Tout en exprimant sa colère face ä l’accueil souvent terrible réservé aux immigrés, et au malheur ignoré de travailleurs oubliés, Ken Loach met ainsi en avant la solidarité, thème récurrent dans son cinéma,  et surtout l’espoir, pour lui une nécessité politique. Dans cette œuvre certes engagée, à nouveau scénarisée par Paul Laverty, il se montre toutefois moins féroce, moins cynique et, disons-le, plus optimiste que dans ses autres films,

    Ne renonçant jamais, il dénonce évidemment  la montée de la misère et du populisme, le fossé toujours plus grands entre les riches et les pauvres, mais insiste davantage sur le côté affectif et mélodramatique que sur l'angle social,. Il va même jusqu'à tirer un peu trop sur la corde sensible, chargeant son récit d'événements émotionnels qui n’y ajoutent pas grand-chose.  

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire