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le blog d'Edmée - Page 397

  • Grand écran: "Le Président", un plaidoyer pour la paix et la réconciliation

    the-president-makhmalbaf-640x330[1].jpgUn dictateur vieillissant mène son pays à la baguette, vivant avec son indécente famille dans un luxe vulgaire et clinquant, tandis que son peuple croupit dans la misère. Mais lors d’un violent coup d’Etat, il devient l’homme le plus recherché du pays. Fuyant avec son petit-fils de cinq ans, il cherche à rejoindre la mer où doit les attendre un navire.

    Leur cavale débute en voiture, puis ils volent une mobylette et terminent leur échappée à pied. Déguisés en musiciens des rues, ils sont forcés de se confronter à la souffrance et à la haine que le président honni a provoquées.Leur cavale débute en voiture, puis ils volent une mobylette et terminent leur échappée à pied. Déguisés en musiciens des rues, ils sont forcés de se confronter à la souffrance et à la haine que le président honni a provoquées.

    Exilé depuis longtemps à Londres, le réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf, réinterprète à sa façon, dans  ce conte en forme de comédie dramatique, les révolutions du printemps arabe. Ainsi que les problèmes du passage à la démocratie pour les pays dans lesquels  elles ont éclaté ces dernières années. Tout n’est pas réussi dans cet opus un peu longuet et parfois simpliste dans la manière de raconter la détresse d’une population sous le joug d’un tyran, mais il a le mérite de militer pour la paix et la réconciliation. 

    Iranian-filmmaker-Mohsen--001[1].jpg"Le conte est un moyen d’appliquer le film à la réalité. Lorsque c’est abstrait, on peut mieux s’identifier", nous confie le réalisateur (photo) lors d’une récente rencontre à Genève dans le cadre du Festival des droits humains. "J’ai écrit le scénario il y a huit ans,  par rapport au gouvernement d’Afghanistan. Puis je l’ai modifié pour que cela reflète les révolutions".

    De nombreux pays ayant refusé qu’il tourne chez eux, c’est en Géorgie, pays fictionnel dans le long-métrage, qu’il est allé planter sa caméra. « il y a une belle énergie du cinéma en Géorgie et on trouve beaucoup de jeunes réalisatrices qui ont fait de très bons films »

    -Le Président, condensé de plusieurs représentants  du genre, le shah, Hussein, Khadafi,  démarre comme une farce caricaturale avec ce dirigeant qui veut montrer l’étendue de son pouvoir en faisant allumer et éteindre les lumières de la ville. Pourquoi  ce parti pris ?
     
    -Il ne fallait pas que cela débute de façon tragique. Si on rit d’abord, on pleure plus facilement après. Je montre le côté joyeux et ensuite ce n’est que de la tristesse. Au commencement il y a plein de couleurs, du monde, et plus on avance, plus les choses deviennent ternes. Vers la fin, il n’y a plus personne et c’est tout gris. C’est un voyage de beaucoup de choses vers d’autres  choses.

    imagesSQ28PZDH.jpg-Le dictateur est voué à une déchéance progressive et à une obligation de rencontrer son peuple. Agissez-vous en moraliste?

    -Oui. Je souhaite qu’on puisse envoyer ce film à tous les pays pour que cela réveille les consciences. La plus importante des pertes c’est la moralité. On ne peut pas dire que les présidents soient illettrés ou incapables. Ce qui leur manque c’est la moralité. Et ce qui manque au peuple, c’est la culture.

    -Le message que vous délivrez est clair. La violence engendre la violence. Une escalade infinie. Mais peut-il en être autrement ?

    -Qu’est-ce qui déclenche cette violence? C’est  de ne pas pardonner. Après la chute d’un régime, les gens se vengent et ceux qui ont été portés au pouvoir s’y accrochent par tous les moyens, quitte  tuer à leur tour.  Et c’est l’engrenage infernal. Il faut apprendre au peuple à pardonner. C’est possibl. Gandhi et Mandela sont arrivés à changer deux pays.

    -Vous nous laissez voir les choses à hauteur d’enfant. Est-ce pour augmenter la portée du film ?

    -L’une des raisons est que l’enfant joue plusieurs rôles. Par ailleurs, lorsqu’on met un être innocent face à un personnage cruel, la férocité n’en devient que plus visible et cela renforce la dimension humaine. C'est c que je souhaite.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 mars.
     

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  • Grand écran: Quartz du documentaire, "Electroboy" raconte l'histoire d'un touche-à-tout génial

    bild_span12[1].jpgUn homme dans la quarantaine est assis sur une chaise dans une pièce nue aux murs défraîchis. L'air emprunté, malhabile, il raconte sa vie face caméra. Sur un ton détaché, presque indifférent. Comme si son histoire n'avait aucun intérêt. Ou qu'il s'agissait de celle d'un autre.
     
    Rien de tel pourtant. Cet homme c'est Florian Burkhardt. Un nom qui ne dira sans doute rien à beaucoup, mais dont le réalisateur suisse Marcel Gisler a choisi de retracer, dans un documentaire mêlé de fiction, le parcours extraordinaire. Celui d’un être fascinant, intriguant, un touche-à tout génial, qui s'est senti différent dès son enfance.
     
    Une jolie gueule à la James Dean
     
    On découvre en effet un jeune gay sulfureux d'une beauté à la James Dean, décidé à devenir une star. A 20 ans, fuyant une existence étriquée, il s'envole pour Hollywood, suit des cours d'art dramatique. Intime de Kate Winslet et de Leonardo DiCaprio, il tourne dans une série. Il se croit arrivé, mais ses rêves de gloire s'évanouissent. 
     
    eboy-gallery[1].jpgFlorian n'en rebondit pas moins. A l'occasion d'un voyage à Milan, sa jolie gueule lui permet de devenir top model pour Gucci et Prada qui se l'arrachent. Dans les années 90, ce promoteur du snowboard en Suisse se passionne également pour le web. Pionnier du net, il travaille pour Migros, Bank Leu, Sunrise. Compositeur de musique électronique, il organise des nuits techno hyper tendances à Zurich, sous le nom d'Electroboy.

    Brusquement, la panne

    Mais soudain, c’est le coup de frein brutal. Après avoir vécu douze ans à mille à l'heure, Florian Burkhardt craque. Il n'a que 32 ans. En pleine notoriété, cet hyperactif narcissique se retire de la vie publique. Suite à un passage par l'hôpital psychiatrique, il vit aujourd'hui seul avec son chien Hugo à Bochum, en Allemagne, bénéficiant d'une rente d'invalidité pour troubles du comportement et crises d'angoisse. Accro aux médicaments, agoraphobe, il a du mal à sortir de chez lui. 
     
    Des névroses dont Marcel Gisler tient à rechercher l'origine en se penchant sur son passé et en interviewant ses proches: Fidji, son improbable agent américain, son père, sa mère, son frère. Dans la deuxième partie, le documentaire vire ainsi au drame psycho-familial, avec résurgence de lourds secrets, un deuil, une jeunesse cloîtrée, son homosexualité, le comportement de parents "incompatibles". A commencer par une mère castratrice et un père psychorigide, pour qui l'orientation de son fils est inconciliable avec sa religion.
     
    Avec Electroboy qui vient d’obtenir le Quartz du documentaire suisse, le cinéaste livre, sous forme de confession entre émotion, transparence, respect, drôlerie et impudeur, le portrait passionnant d'un être en souffrance, en manque d'amour et avide de reconnaissance.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 mars.

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  • Prix du cinéma suisse: "Der Kreis" rafle la mise et Godard amuse la galerie

    5873705[1].jpgHeureusement qu’il y eut Godard en toute fin de cérémonie pour nous arracher un sourire lors des 18e Quartz du cinéma suisse!

    Toujours aussi caustique et drôle, lauréat d’un prix d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre mais absent pour raison de santé, le célèbre cinéaste fait le clown dans une vidéo diffusée au BFM, lâchant des formules qu’il affectionne du genre; "il n’y a pas de cinéma suisse, il n’y a que des films suisses".
     
    Mais ce qu’il a fallu endurer jusque là au cours d’une soirée de deux heures qui en paraissait carrément le double. Présentée par une animatrice chignonnée années 40, elle était largement dominée par la production alémanique, le Schwytzerdüsch (nouvelle langue officielle à Genève vu l’absence sadique de traduction), par l’amteurisme et, au balcon, par l’odeur tenace des oignons du risotto qui mijotait en attendant la ruée des invités sur le cocktail dinatoire…

    2348_230512_the-circle46[1].jpgEt que dire de la qualité des extraits choisis pour les films nominés, loin de rendre justice aux gagnants. Logique grand vainqueur Der Kreis (Le Cercle), docufiction de Stefan Haupt, qui rafle quatre Quartz. Meilleur film, meilleur scénario, tandis que Sven Schelker (photo à gauche) est sacré meilleur acteur et Peter Jecklin meilleur second rôle. 

    Déjà auréolé d’un Teddy Award et du prix du public au festival de Berlin 2014, le film se déroule dans le Zurich des années 50. Tout en nous laissant pénétrer dans l’une des premières communautés de libération des homosexuels, il est centré sur le couple formé dans la vraie vie par Röbi Rapp, garçon extraverti coiffeur le jour, artiste travesti la nuit, et Ernst Ostertag, issu d’une famille psychorigide, enseignant dans une école de filles et redoutant de s’assumer.

    De milieux différents, ils tombent fous amoureux lors de leur rencontre au sein de la revue gay trilingue "Der Kreis-¬Le Cercle- The Circle., alors unique au monde. Rendant compte d’une dure bataille pour les droits humains, l’opus est émaillé de passionnants documents d’époque et des témoignages des deux principaux protagonistes qui furent, dans les années 90, le premier couple homo suisse officiellement marié.

    image_manager__gallery-thumb_pressefoto_09_electroboy[1].jpgDeux médailles pour Electroboy

    Côté documentaire, Marcel Gisler s’empare tout aussi naturellement de la médaille avec Electroboy, qui rapporte également le Quartz du meilleur montage à Thomas Bachmann.

    Le film retrace le parcours hors du commun d’un être intriguant et fascinant, le Suisse Florian Burkhardt. Touche-à-tout génial, ce gay sulfureux d’une beauté à la James Dean, fréquente les stars hollywoodiennes et devient top model pour Gucci et Prada.

    Promoteur du snowboard en Suisse dans les années 90, pionnier du net, compositeur de musique électronique, il organise des nuits tehcno hyper tendance à Zurich. Et soudain c’est la panne. Après avoir vécu douze ans à 1000 à l’heure, Florian Burkhardt craque et se retire de la vie publique en pleine notoriété, à 32 ans.(Sortie le 18 mars) .

    En ce qui concerne les autres récompenses, Driften vaut à Sabine Timoteo le prix de la meilleure actrice. Discipline de Christophe M. Saber remporte le Quartz du court métrage Timber celui de l’animation. Mathieu Urfer, Marcin de Morsier, John Woolloff et Ariel Garcia enlèvent celui de la musique pour Pause et  Lorenz Merz celui de la photographie dans Chrieg.

    Films primés à l'affiche samedi (dès 14 heures) et dimanche au Grütli.

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