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le blog d'Edmée - Page 394

  • Grand écran: John Boorman retrouve ses 18 ans dans "Queen and Country". Un bijou

    424384.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgAprès avoir raconté son enfance à Londres en plein Blitz dans Hope and Glory (1987), John Boorman reprend le fil de son récit autobiographique 27 ans après. A 81 ans, le réalisateur retrouve ses 18 ans dans Queen and Country sous les traits de son alter ego Bill Rohan.

    Nous sommes en 1952, l’année du couronnement d’Elizabeth II. Alors qu’il entrevoit une idylle avec une jolie cycliste, Bill quitte son île sur la Tamise et sa famille aussi attachante que drôle pour faire ses deux ans de service militaire. Il se retrouve dans un camp d’entraînement, ne sera pas envoyé en Corée, mais doit former à la dactylographie des recrues en partance vers le front asiatique.

    Passionné de cinéma, Bill ne tarde pas à trouver un super pote en la personne de Percy Hapgood, autre fan de la pellicule doublé d’un boute-en-train fumiste et amoral. Tout en cherchant l’âme sœur en ville pendant leurs permissions, nos deux fripouilles allergiques à l’autorité se liguent pour casser le sadique et psychorigide sergent-major Bradley, qui s’ingénie à leur pourrir la vie.

    Pendant ces deux ans finalement plutôt joyeux (logique dans la mesure où on se souvient en général du meilleur), on navigue entre la découverte de l’amitié, de l’amour, la drague romantico-burlesque, les deux bidasses se faisant la courte échelle pour espérer voir par la fenêtre les filles en tenue d’Eve, et les cocasseries de la vie en caserne. Des scènes le plus souvent jubilatoires, ponctuées de blagues foireuses où d’obtus galonnés ne cessent d’être ridiculisés. Un antimilitarisme à la limite de la caricature qui amuse à l’évidence le facétieux cinéaste. 

    imagesN0UDY3VP.jpgSur fond d'ambiance de l'Angleterre de l'époque, cet autoportrait à la fois subtil et un peu fantasmé à la réalisation académique et un brin désuète, se termine par le retour du soldat dans son cottage idyllique, où il commence à taquiner la caméra. On n’y retrouve peut-être pas la force et l’ambition de Délivrance ou d'Excalibur. Mais ce dix-septième opus en mode mineur ne nous séduit pas moins énormément. 

    Satire, humour, tendresse, impertinence et nostalgie font le charme de Queen and Country. La légèreté du ton de cette irrésistible chronique so British le dispute à la profondeur de la réflexion chez le vétéran Boorman. Tout en évoquant son adolescence, il déclare son amour au septième art, sans oublier la critique, l'insoumission sinon la rébellion face à la domination, au pouvoir et aux institutions.  

    Les comédiens ne sont pas étrangers à cette jolie réussite. A commencer par le jeune Callum Turner qui, avec ses airs d’irrésistible faux tombeur de dames, fait des débuts plus que prometteurs dans le rôle de l'auteur. A noter aussi Vanessa Kirby dans celui de Dawn, la volcanique soeur de Bill dont la volonté d'émancipation préfigure la révolution sexuelle.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 avril.

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  • Grand écran: "Pourquoi j'ai pas mangé mon père", de et avec Jamel Debbouze. Calamiteux!

    imagesV4PXATOK.jpgInfatigables promoteurs dithyrambiques de navets du cru, les animateurs télé français n’en pouvaient plus de porter aux nues Jamel Debbouze qui vient de faire ses débuts de réalisateur avec Pourquoi j’ai pas mangé mon père, film d’animation à gros budget, dans les 35 à 40 millions d’euros. Le plus attendu de la semaine en France, n’hésitait-on pas à rappeler à France-Info.  

    L’humoriste est aussi le co-scénatiste et l’acteur principal de ce premier long-métrage européen entièrement tourné en  motion capture. La technique consiste à filmer les acteurs pour reproduire ensuite leurs mouvements sur ordinateur.

    Jamel Debbouze se coule donc dans la peau d’Edouard, fils aîné du roi des Simiens, rejeté par son père à sa naissance car jugé trop petit et malingre pour lui succéder un jour. Et pourtant. Plus malin… qu’un singe, révolutionnaire chez les réacs, génie de l’invention, champion de l’évolution et de l’adaptation, Edouard découvre le feu, la chasse, l’habitat tout confort. Il finit même par se dresser sur ses deux pieds pour guider son peuple vers l’humanité, l’amour et la tolérance. Amen. 

    Enfin pas vraiment. Car Jamel Debbouze, la main dans le slip, ne se contente pas de nous noyer sous de puérils messages dégoulinants de bons sentiments. Se livrant à une métaphore de sa propre existence, notre Darwin de pacotille en rajoute complaisamment des tonnes dans cet opus très librement adapté (hélas) du roman culte de Roy Lewis Pourquoi j’ai mangé mon père.

    Pire, outre ses traits, le comique prête également à Edouard son côté hystérique, son humour bourrin, ses vannes ringardes, ses grimaces outrancières et son bafouillage exaspérant. Sans oublier de nous balancer un hommage à Louis de Funès qui doit faire se retourner dans sa tombe l’acteur disparu il y a 30 ans.

    Comble de tout, le design est particulièrement vilain. Reste que la chose a mis sept ans à voir le jour. Etant donné le résultat calamiteux, elle aurait aussi bien pu dormir dans un tiroir pour l’’éternité!

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 avril.

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  • Grand écran: "Le dernier coup de marteau" révèle un jeune acteur, Romain Paul

     

    le_dernier_coup_de_marteau_1[1].jpgAlix Delaporte avait gagné en 2012 le César de la meilleure première œuvre avec Angèle et Tony, où une jeune femme cherche à conquérir un marin pêcheur en quête d’amour. Mais il commence par se dérober face à cette créature déroutante.

    Pour Le dernier coup de marteau, la réalisatrice quitte la côte normande et nous emmène au soleil du Sud, tout en restant dans le même registre d’un cinéma social valorisant l’humain. Elle y reprend également ses deux acteurs césarisés comme elle, Clotilde Hesme et Grégory Gadebois. Sans toutefois les faire se croiser à l’écran.

    Car le véritable héros de l’histoire c’est Victor (Romain Paul), un adolescent de 14 ans peu gâté par la vie. Il habite une petite caravane en bord de mer dans les environs de Montpellier avec sa mère Nadia (Clotilde Hesme ) qui lutte contre un cancer. Et apprend tardivement que son père Samuel Rovinski (Grégory Gadebois), célèbre chef d’orchestre ignorant avoir un fils, donne un concert près de chez lui. Il se rend à l’opéra pour le rencontrer, le maestro ne veut pas le voir. Mais si Victor est un peu perdu, il est aussi pugnace……

    Une piètre situation et un destin a priori sans espoir qui pourraient pousser la réalisatrice au misérabilisme. Elle évite pourtant le piège du pathos, en traitant ce sujet casse-gueule avec pudeur et sensibilité. On aime la manière à la fois tendue, sèche, presque dénuée d’émotion dont elle raconte une histoire d’amour forte entre une mère et son fils. En même temps, on regrette son manque d’originalité au cours de ce récit initiatique finalement assez plat, où père et fils tentent maladroitement de s’apprivoiser.

    Plutôt réussi quand même, Le dernier coup de marteau (référence à la 6e symphonie de Gustav Mahler que dirige Rovinski) doit beaucoup à ses comédiens. A commencer par le jeune Romain Paul, une vraie révélation, logiquement récompensé à la dernière Mostra de Venise par le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir.

    Clotilde Hesme, sacrée meilleure actrice au Festival de Marrakech, met de son côté une sobriété bienvenue dans son rôle de mère malade élevant seule son enfant. Un peu en retrait, Grégory Gadebois se montre pareillement convaincant en chef d’orchestre misanthrope, impatient et irascible, soudainement pourvu d'un rejeton indésirable.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 avril.  

     

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