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le blog d'Edmée - Page 391

  • Grand écran: "Inherent Vice" avec Joaquin Phoenix en privé bien défoncé

    inherent-vice[1].jpgInvétéré fumeur de joints, le privé Doc Sportello voit débouler entre deux volutes son ex-petite amie Shasta dans son bungalow de la plage. Elle lui raconte qu’elle est tombée amoureuse d’un richissime promoteur immobilier.

    Mais l'homme a disparu et elle redoute que sa femme et son amant du moment ne conspirent pour le faire interner. Pas rancunier, Doc accepte de partir à la recherche du milliardaire. 

    Jusque là tout est simple. Mais les choses ne tardent pas à s’enchevêtrer inextricablement dans cette enquête psychédélique sous marijuana menée à Los Angeles en 1969, dans une Amérique tout juste sortie de Woodstock et s’enlisant dans le conflit vietnamien.

    Dire que Paul Thomas Anderson se complaît dans la complexité est un doux euphémisme, tant il s’ingénie à nous embrouiller et à nous perdre dans Inherent Vice, une invraisemblable histoire à tiroirs inspirée d’un roman éponyme de Thomas Pynchon, où les digressions déroutantes foisonnent et les personnages erratiques s’empilent. 

    inherent-vice-altyazili-izle-646[1].jpgC’est ainsi que Doc Sportello, parano et complètement largué entre les embrouilles, les méandres et l’abus d’herbe, se trouve confronté à un policier hyper violent, un musicien loufoque, une ado fugueuse, des blanchisseurs d’argent chinois, un dentiste improbable ou encore une tenancière de bordel qui ne peut s’empêcher de brouter goulument son fond de commerce…

    Ce trip hallucinogène de deux heures trente, au récit des plus confus noyé sous une avalanche de paroles et entrecoupé de scènes farfelues, laisse évidemment le spectateur sur le sable. Peu importe, il lui suffit de s’imprégner de cette atmosphère soporifique et hypnotique pour partir lui aussi dans sa petite dérive existentielle. Il doit surtout éviter le mal de crâne en cherchant inutilement à comprendre ce qui se passe dans l’esprit tortueux du réalisateur.

    En tête d’affiche de ce film à la fois noir et comique à prétention kafkaïenne, Joaquin Phoenix (qui d’autre pour incarner ce détective complètement défoncé?), omniprésent et donnant la réplique à Josh Brolin, Owen Wilson, Benicio Del Toro et Reese Whitherspoon. Un casting plus cohérent que l’intrigue.

    Après Magnolia, There Will Be Blood, The Master, Paul Thomas Anderson déçoit en effet un peu, même si on a tendance à adhérer à son septième long-métrage foutraque. Son côté impénétrable n’est pas sans faire un peu (vraiment rien qu'un peu) penser au mythique Le Grand Sommeil. Inherent Vice n’est toutefois hélas pas à la hauteur de l’insolite, troublant et déconcertant chef d’œuvre d’Howard Hawks.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 mars.

     

     

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  • Grand écran: "Schweizer Helden" fait revivre Guillaume Tell via des sans papiers

    6062685[1].jpgSéparée de son mari depuis peu, Sabine, mère au foyer uranaise, se retrouve pour la première fois seule à Noël. Suite à un incident fortuit, elle pousse la porte d’un centre de requérants d’asile et, de fil en aiguille, en vient à monter avec eux une adaptation du Guillaume Tell de Schiller. Histoire de monter à sa famille et à ses amies de quoi elle est capable.

    Elle n’a aucune expérience d’un tel exercice mais, tenace, ira jusqu’au bout de l’expérience, qui lui enapprendra davantage que ce qu’elle aurait pu imaginer sur le quotidien des réfugiés, leurs soucis et leurs problèmes. Et sur elle-même.

    Peter Luisi s’est inspiré d’une histoire vraie pour sa fiction oscillant entre tristesse et drôlerie. Alors qu’il se défend d‘avoir réalisé un film politique c’est le contraire, Schweizer Helden faisant évidemment écho à un thème aujourd’hui crucial dans nos sociétés. Son auteur s’est d’ailleurs dument documenté sur la question, ayant même vécu dans des centres de transit pour être le plus crédible et réaliste possible.

    Ses intentions sont louables. Mais voilà qui ne suffit pas à emporter l’adhésion. La mayonnaise a tout de même du mal à prendre en dépit de l'effort manifeste du cinéaste de bien faire et d'actualiser, via ces héros sans papiers, l’un des plus vieux mythes helvétiques, symbole de rébellion, de courage et d’aspiration à la liberté. Un personnage qui, pour un Luisi volontariste, ne peut dans le fond que résonner chez ces gens soumis à leurs dirigeants ou victimes de violence dans leurs pays respectifs.

    Mais l’ensemble, au-delà de clichés ou de stéréotypes appuyés, ne fonctionne pas vraiment. Cela n’a rien à voir avec la représentation insolite de l’histoire ou des personnages par ce groupe hétéroclite. Alors que les protagonistes et leur metteuse en scène se donnent de la peine pour se couler dans ce moule très suisse,  conseillés de surcroît par un acteur professionnel, le résultat final en forme de soirée de patronage s’avère simplement trop bancal et laborieux pour convaincre.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 février.

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  • Grand écran: avec son "Birdman" aux quatre Oscars, Inarritu met Hollywod sur le divan

    birdman_man[1].jpgBirdman a fait le plein lors de la 87e cérémonie des Oscars. Quatre statuettes (film, réalisateur, scénario, photographie). Bien qu’il ne mérite pas une telle reconnaissance, ce n’est pas franchement une surprise.

    Et pas seulement parce que l'opus partait grand favori avec ses neuf nominations, ou qu’en-dehors de Boyhood, il n’avait pas de concurrents notables. Mais surtout parce qu’avec cette comédie noire, Alejandro Gonzalez Inarritu s’est aventuré dans les coulisses du show biz et que ses pairs subjugués se sont reconnus dans cette sorte de psychanalyse d’un Hollywood notamment accro aux super-héros doté de super-pouvoirs.  

    Suite à quelques chefs d’œuvre dont All About Eve en 1951 et trois ans après le triomphe de The Artist, l’Académie continue donc à prouver qu’elle aime les films sur le cinéma. Réalisateur mexicain, Inarritu évoque en effet l’acteur, ses rapports conflictuels avec la réalité, la célébrité, les frustrations et les déceptions qu’elle peut engendrer quand elle le fuit. Il suit ainsi Riggan Thomson, à l’époque mondialement connu dans son rôle de super héros aux plumes de corbeau surnommé Birdman.

    Mais c’était il y a une vingtaine d’années et aujourd’hui, la star déchue tente de renouer avec la gloire en montant une pièce complexe de Raymond Carver à Broadway. L’auteur se concentre sur les jours qui précèdent la première où Thomson va devoir affronter, dans le décor reconstitué de l’intérieur du St James Theater de New York, son ego démesuré, son passé prestigieux, ses hallucinations et ses rêves envolés.

    Sans oublier son rival sur les planches, ses proches dont une maîtresse actrice délaissée sur le point de craquer et une fille assistante tout juste sortie d’une cure de désintoxication. Pas simple pour ce père, mari, amant et ami, profondément egocentrique et avide d’amour.

    images[9].jpgC’est Michael Keaton qui enfile le costume de ce has been en proie à ses douloureux démons. Un choix particulièrement judicieux dans cette histoire de come-back, vu que le comédien, lui-même plus ou moins disparu des écrans après le Batman de Tim Burton en 1989, effectue lui aussi un retour qu’il espère gagnant.

    Il est excellent, à l'image d'Edward Norton (photo), son partenaire aussi doué qu’arrogant. Ou encore Emma Stone, qui permet à Inarritu de faire remarquer la puissance des réseaux sociaux pour mesurer désormais la notoriété des artistes. 

    "Un tour de force éblouissant"

    Au-delà du sujet, de son traitement et de l’interprétation, nombre de critiques se déclarent éblouis par un tour de force technique et artistique, insistant sur l’extraordinaire virtuosité d’une réalisation donnant l’illusion d’un long plan-séquence, grâce à une succession de scènes sans coupure apparente.

    Certes, c’est brillant. Certes, Inarritu se pique d'explorer l'art, fustige les super-ego, règle quelques comptes, notamment avec les médias. Reste que la critique est moins incisive qu’il n’y paraît pour cause de scalpel émoussé et que l’ensemble souffre d’un côté ampoulé, emphatique, cultureux et prétentieux.

    Trop c'est trop. Sans évidemment aller jusqu’à "une lamentable merde déséquilibrée et trompeuse" que dénonce sévèrement le New York Observer, l’un des rares à ne pas crier au génie, force est de constater qu'on s’ennuie parfois copieusement au fil d’un long-métrage tellement survolté qu’il en devient étouffant. Le cinéaste suggérait lui-même que son ambition a pu boursoufler ses œuvres précédentes. Analyse lucide, mais apparemment il a oublié d’en pendre de la graine…

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 février.

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