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le blog d'Edmée - Page 395

  • Grand écran: "A Most Violent Year", plongée dans le New York corrompu des années 80

    014449.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgLes eighties à New York, une décennie terrifiante. Et davantage encore en cet hiver 1981, où plus d’un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols ont été recensés.

    C’est dans ce climat délétère qu’évolue Abel Morales, petit patron immigré. Parti de rien, il dirige une affaire de livraison de fuel domestique en pleine expansion et n’est pas loin de pouvoir jouer dans la cour des grands en se taillant une belle place dans le business.

    Mais il tient absolument à demeurer honnête. Hélas, son aspiration à devenir riche en gardant les mains propres se heurte à la corruption, la violence et la dépravation du milieu pétrolier de l’époque, menaçant de détruire ce qu’il a patiemment construit.

    Manifestement, son succès fait des envieux qui s’acharnent à sa perte. Et les coups peuvent venir de n’importe où, de n’importe qui. L’un après l’autre ses camions sont attaqués, ses cargaisons volées, ses chauffeurs tabassés. Alors Abel s’engage, pour conserver son bien, dans une véritable guerre. Sous le regard désapprobateur de son avocat voyou et de sa femme, fille d‘un truand de Brooklyn, pour qui le mal est une façon de vivre.

    Sa famille n’est plus en sécurité dans sa belle maison. De plus un procureur particulièrement zélé le poursuit pour escroqueries et malversations, tandis qu’il n’a que 30 jours pour honorer un gros contrat sous peine d’être totalement ruiné. Le rêve américain tourne au cauchemar. 

    Après Margin Call, dernière nuit d’une équipe de traders à Wall Street avant le crash et All Is Lost, où il faisait aussi référence au capitalisme sauvage et destructeur régissant nos sociétés à travers la lutte farouche, pour sa survie,  d’un homme perdu seul en mer,  J.C. Chandor poursuit sur sa lancée avec A Most Violent Year. Tout en évoquant des liens pervers entre le système et le crime, il montre l’influence pernicieuse d‘un mode de vie sur la volonté de dignité de son héros.

    Un western urbain

    Revisitant l’univers de la pègre newyorkaise d’alors, il livre sur fond d’ambition, de morale, de réussite et de violence, un thriller en forme de western urbain stylé, voire sophistiqué, à la mise en scène sobre et aux décors soignés. Avec clins d’œil aux classiques, de Lumet à Scorsese en passant par Gray ou Friedkin.

    Pour interpréter ce polar qui se veut à haute tension en dépit de sa lenteur parfois lancinante, J.C. Chandor a fait appel à Oscar Isaac et Jessica Chastain. Un excellent choix, l'un et l'autre se révélant parfaits. Lui en self-made man latino déterminé à maîtriser son destin en tentant désespérément de rester droit dans ses bottes, elle en sulfureuse fée du logis amoureuse de l'argent et marquée par ses origines...

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 8 avril.

     

     

     

     

     

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  • Grand écran: "Un homme idéal", la descente aux enfers d'un imposteur

    un-homme-ideal-pierre-niney[1].jpgCésarisé pour avoir enfilé le costume du célèbre couturier dans Yves Saint Laurent, le biopic de Jalil Lespert, Pierre Niney se retrouve dans Un homme idéal, le deuxième long-métrage de Yann Gozlan.

    Mathieu Vasseur, 25 ans, déménageur dans la société de son oncle, rêve de devenir un grand écrivain. Mais l’absence de talent de cet homme insignifiant lui vaut logiquement le rejet de tous ses manuscrits.

    Et puis un jour, alors qu’il vide l’appartement d’un mort, un ancien d’Algérie, il tombe sur son journal de soldat, un beau texte écrit dans un style magnifique. En mal de célébrité, Mathieu voit immédiatement le profit qu’il peut en tirer. Il s’en empare et signe "son" œuvre sous le nom de "Sable noir". Un titre qu'il n'a même pas réussi à inventer, les mots se trouvant dans les notes du défunt.

    Comme prévu les média s’enflamment, c’est la gloire. Dans la foulée Mathieu tombe amoureux d’une jeune fille de la bonne société. Il plaît à ses parents, qui l’invitent dans leur belle propriété. Tout semble lui sourire. Mais son coupable secret devient de plus en plus difficile à préserver. Pressé par son éditeur d’écrire un autre roman pour justifier les confortables avances reçues, menacé par un maître-chanteur, Mathieu aux abois s’engage dans la redoutable spirale du mensonge. C’est la descente aux enfers.

    Le thème de l’imposture, de l’usurpation d’identité, a inspiré de nombreux réalisateurs. Mais n’est pas qui veut René Clément (Plein Soleil, référence certes assumée par Gozlan et alors?), ou plus récemment Big Eyes de Tim Burton. Un homme idéal démarre bien, mais trop d’invraisemblances lui font assez rapidement quitter la route.

    Dire que certains critiques n’ont pas hésité à évoquer Lost Highway de David Lynch, juste parce qu’une voiture roule à fond la caisse la nuit en ouverture du film… A oublier. Plus ce thriller à prétention psychologique avance, plus les incohérences se multiplient en raison de la faiblesse d’un scénario troué comme un Emmental. Jusqu’à une mise en scène fumeuse de la mort du plagiaire, à laquelle on ne croit pas une seconde.

    Dommage de gâcher un bon sujet, certes recuit mais toujours fascinant, pour autant qu’on parvienne à le renouveler au lieu d’en livrer une pâle… copie. Reste la bonne interprétation de Pierre Niney qui, contrairement à son personnage, a déjà trouvé la reconnaissance de ses pairs et du public.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er avril.

     

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  • Grand écran: "Le journal d'une femme de chambre" revisité par Benoît Jacquot. Avec Léa Seydoux.

    Benoit-Jacquot-Journal-dune-femme-de-chambre[1].jpgNous sommes à la charnière des 19e et 20e siècles. Quittant Paris contre son gré pour la province, la jolie Célestine est engagée comme femme de chambre chez des bourgeois normands, les Lanlaire. Où elle doit repousser les avances graveleuses de Monsieur et supporter le caractère exécrable de Madame.

    Elle y rencontre aussi Joseph, mutique et mystérieux jardinier-palefrenier qui exerce sur elle une véritable fascination. Elle finira par suivre à Cherbourg cet individu antisémite sadique, qui a fait sa pelote en volant l’argenterie des Lanlaire.

    Après Jean Renoir (1946) et Luis Bunuel (1964), il n’est pas étonnant que Benoît Jacquot, poursuivant son exploration des rapports de soumission, se soit lui aussi inspiré du roman subversif d’Octave Mirbeau, pour brosser le portrait d’une soubrette intelligente et insolente, dénonçant la condition de domestiques traités comme des esclaves.

    A travers le regard de cette rebelle d’une rare lucidité déterminée à échapper à sa classe, l’auteur décrit un climat social détestable, propice à la vilenie et à la corruption, inévitable pousse au crime et à la haine, où règne la loi du plus fort et qui trouve un écho à celui d’aujourd’hui.

    Le-Journal-d-une-femme-de-chambre-Lea-creature-erotique_article_landscape_pm_v8[1].jpgSuite à Paulette Goddard et Jeanne Moreau, c’est une Léa Seydoux à la fois peuple, élégante et subtilement érotisée, qui se glisse dans la peau de la chambrière frondeuse, donnant la réplique à Vincent Lindon.

    Contrairement à ses deux illustres prédécesseurs qui ont pris quelques libertés avec le texte de l’anar dreyfusard qu’était Mirbeau, Benoît Jacquot en reste plus près.

    Dans l’ensemble il se montre plutôt convainquant avec son adaptation moderne d’un roman en phase avec notre époque, la justesse des rapports entre maîtres et domestiques, dont les femmes, de surcroît exploitées sexuellement. 

    On lui reprochera toutefois une qualité de narration fluctuante, avec des flash-back un peu bâclés permettant par exemple à Célestine d’évoquer les riches maisons où elle a servi. Par ailleurs, plutôt fâcheux, la forme du journal donnant de l’importance au récit à la première personne, par la voix off de Léa Seydoux, on ne comprend pratiquement rien à ses apartés.

    On regrettera aussi un final abrupt frustrant, dans la mesure où le réalisateur élude la révolte de courte durée de Célestine, qui finit en dominante et mène à son tour sans scrupule ses serviteurs à la baguette.

     Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er avril.

     

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