Il a pas mal de gueule le jury cannois présidé par les deux frères Coen, entre la Malienne Rokia Traoré, le Mexicain Guillermo del Toro, l’Anglaise Sienna Miller, le Canadien Xavier Dolan l’Espagnole Rossy de Palma, l’Américain Jake Gyllenhaal et la Française Sophie Marceau.
En revanche côté originalité, peut mieux faire, à l’image des précédents d’ailleurs. On se moque copieusement des sportifs qui balancent les mêmes platitudes à la fin de chaque épreuve, mais en l’occurrence, les stars du grand écran ne sont pas loin de leur damer le pion dans le domaine.
Il est certes ardu d’éviter les banalités, quand le préposé à la conférence de presse vous demande quelle fut votre réaction en apprenant votre sélection dans l’équipe! Du coup, le journaliste peut simplement reprendre ses notes des années passées, changer les noms et le tour est joué.
Car en gros, chacun y est allé de son petit couplet élogieux, déclarant en gros son immense bonheur et l’incomparable honneur d’avoir été choisi pour découvrir plein de films. En ayant de surcroît la chance inouïe d’en débattre au sein d’un aréopage aussi exceptionnel. Ce qui fait que mine de rien, chacun portant son voisin aux nues, au final ils sont tous formidables. C’est quasiment l’école des fans.
Bon d’accord, en-dehors de leur joie ineffable de se retrouver dans le plus prestigieux festival du monde, certains ont tenté l’inédit, à l’image des Coen et de del Toro reconnaissant, je résume, que ça tombait bien, vu qu’ils n’avaient pas grand-chose de mieux à faire en ce moment…. Ou Jake Gyllenhaal, ravi de pouvoir être dans les premiers à voir des nouveaux films gratuitement. Ou,ce n’est pas surprenant, la plus Rossy de Palma, qui a poussé un sonore wooouuoah! tout en comparant l’exercice à un master intensif de cinéma à haut niveau.
Mais dans le fond le principal, c’est qu’ils ont débarqué l’esprit ouvert, sans stratégie et sans préméditation. Ethan Coen a même fermement assuré qu’ils étaient tous là pour obtenir un consensus et choisir le meilleur film. Diablement rassurant, non ?
Effervescence, foule, cohue, encombrements, c’est parti. Sous le regard d’Ingrid Bergman, à qui l’affiche est consacrée, Cannes s’est réveillée au soleil pour l’ouverture de son 68e festival. «La tête haute» grâce à l'opus d' Emmanuelle Bercot, présenté hors compétition.
Outre son traitement, la réussite de son film tient énormément à ses acteurs. Plus particulièrement au jeune Rod Paradot formidable dans le rôle de Malony. Une vraie découverte. A ses côtés Sara Forestier se montre très convaincante en mère indigne, irresponsable, mais folle de son gosse. Sans oublier évidemment la juge Catherine Deneuve, qui a même fait un stage au tribunal.
J’en connais qui se tapent la tête contre les murs à l’idée d’avoir dû remplacer Djokovic par Federer comme tête de série numéro un. Car à mon avis, Dracula eût à l’évidence mieux tenu son rang que la légende. Il peut d’ailleurs se frotter les mains, son dauphin sur le papier demeure à distance pratiquement égale.