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Sorties de la Semaine - Page 75

  • Grand écran: "Mandibules", nouveau voyage en absurdie avec Quentin Dupieux

    Manu, un imbécile heureux, est chargé d’une mission spéciale. Contre 500 balles, il doit amener une valise à un type avec interdiction formelle de regarder ce qu’elle contient. Il vole une Mercédès pourrie à plaques vaudoises ( !) et passe chercher un pote tout aussi crétin, pour aller récupérer le mystérieux bagage.

    Mais sur la route, ils entendent un drôle de bruit semblant venir du coffre. Ils l’ouvrent et découvrent une mouche géante. Oubliant momentanément la mission, Jean-Gab a une idée farfelue: la dresser comme un drone, dans le but de se faire un gros paquet de fric !

    Pour Mandibules, Quentin Dupieux a fait appel au duo comique du Palmashow, Grégoire Ludig et David Marsais et les embarque en absurdie. Ils entreprennent ainsi un road trip burlesque dans le sud de la France, sur fond de situations loufoques, de personnages déjantés et de dialogues foireux.  C’est toujours aussi barré, sauf que cette fois Mr Oizo a choisi de privilégier une forme de légèreté au morbide et à la noirceur, prônant une amitié certes rigolote, mais un peu trop bécassonne pour être vraiment jubilatoire. 

    A côté de nos losers, on retrouve Adèle Exarchopoulos dans le rôle d’une jeune femme atteinte d’un trouble du langage. A la suite d’un accident, elle ne peut pas parler sans crier. Assez fatigantes, ses scènes ne sont pas les meilleures du film, qui, lui non plus ne fait pas autant... mouche que d’autres titres du réalisateur, comme Rubber, le pneu tueur, Wrong Cops ou plus récemment Le Daim, opus jouissif où Jean Dujardin dialogue avec un blouson diabolique.

    "Mandibules", à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 19 mai.

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  • Grand Ecran: Dans "I Care A Lot", Rosamund Pike vise le jackpot en plumant les riches seniors

    Chasser les seniors pour les plumer en toute légalité, c’est le commerce juteux auquel se livre Marla Grayson, qui mène une vie de luxe à leurs dépens. Tutrice spécialisée de personnes âgées que le tribunal a déclarées incapables de se gérer seules, l’arnaqueuse en profite pour traquer les plus riches, les enfermer en maison de retraite et les dépouiller ensuite de tous leurs biens. Et dès qu’ils sont tombés dans ses griffes, personne, ni leurs proches, ni leurs amis ne peuvent plus rien y faire.  

    Pour mener à bien son entreprise, la prédatrice s’est construit un réseau imparable, comprenant le médecin de ses proies, le directeur de l’EMS, un juge à sa botte et sa compagne Fran (Eiza Gonzalez). Tout se déroule à merveille jusqu’à l’inévitable grain de sable. Le duo diabolique pense avoir touché le jackpot en tombant sur une sexagénaire fortunée (Dianne Wiest) vivant a priori seule dans une belle maison. Mais sa nouvelle victime cache de redoutables secrets, risquant de se transformer en dangers mortels. La cynique Marla doit revoir sa stratégie.

    Maniupulatrice, dominatrice perverse, la blonde Rosamund Pike (photo), coupe au carré, tailleur stylé et talons hauts est l’âme damnée de ce thriller dont elle est également le principal atout. Elle excelle dans une première partie jubilatoire, politiquement très incorrecte. Oscillant entre cruauté, machiavélisme et sadisme, le réalisateur J Blakeson offre même un constat social  aussi effrayant que glaçant.  

    Cette comédie noire ne tient toutefois pas ses promesses. Accumulant les invraisemblances avec gangsters mafieux à la clé, elle a tendance à virer au fatras scénaristique, s’achevant de façon platement moraliste. C’est dommage mais il faut bien avouer qu’on reste sans problème jusqu’au bout...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 12 mai.

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  • Grand écran: Kate Winslet et Saoirse Ronan vivent une passion interdite dans "Ammonite"

    En cette année 1840, Mary Anning (Kate Winslet) mène une existence dure, austère et morne. Oubliée par l’Histoire, elle fut pourtant une sommité autodidacte de la paléontologie. Mais ses importantes découvertes, notamment celle du squelette d’un plésiosaure qui lui valut une renommée mondiale, font partie de son passé. Elle habite désormais, avec sa mère, une modeste maison dans un village côtier du Comté de Dorset et  glane des ammonites, des fossiles qu’elle vend aux touristes pour subsister.

    Mary garde toutefois quelques admirateurs. L’un d’eux, un riche noble londonien en partance pour un voyage d’affaires lui demande, moyennant rétribution, de prendre  en pension Charlotte (Saoirse Ronan) , son épouse convalescente et de l’initier un peu à sa science. Mary se montre peu emballée à l’idée d’avoir Charlotte dans ses pattes,  mais elle a besoin d’argent et accepte de s’en occuper. 

    Un défi aux barrières sociales de l’époque

    Lui manifestant un intérêt tout juste poli, elle finira par s’attacher à cette jeune femme de la haute société dont elle ne savait que faire. C’est le début d’une passion interdite, étouffée par les conventions entre deux êtres dissemblables, mais qui défieront les barrières sociales dans l’Angleterre si corsetée de l’époque victorienne.

    On est tenté de rapprocher le film, labellisé Cannes 2020, de Portrait d’une jeune fille en feu, certains arguant même que son plus grand malheur est d’arriver après le chef d’œuvre de Céline Sciamma. Ce n’est vraiment pas rendre justice à Frances Lee, auteur de films très personnels, comme il l’avait prouvé dans son premier, God’s Own Country (Seule la terre), où Il évoquait une romance entre un fermier du Yorkshire et un travailleur immigrant roumain. Là déjà d’ailleurs, on l’avait comparé au célèbre Brokeback Mountain d’Ang Lee.

    Des protagonistes très connectés à la nature 

    Le Britannique, un grand garçon doux de 51 ans, s’était senti flatté, tout en marquant sa différence. Il aime simplement parler de la découverte des sentiments, des réactions émotionnelles liées au fait d’aimer et d’être aimé, Tomber amoureux a par exemple été pour lui la chose la plus difficile tant il craignait d’avoir le cœur brisé, comme il nous le racontait à l’occasion d’une rencontre à Genève.

    Ses héros ou héroïnes sont en outre fortement connecté-ées à la nature et à ses éléments, parfois déchaînés, révélateurs symboliques de la passion et de ses tourments. La majeure partie de ce second long métrage se déroule ainsi sur une plage de sable balayée par de grosses vagues venant se briser sur les roches qui s’effritent.

    Une intrigue émouvante sublimée par ses deux actrices

    Frances Lee prend son temps pour installer son émouvante et poétique intrigue, sublimée par de magnifiques images et un excellent casting. A commencer par Kate Winslet. Carapaçonnée, mutique et revêche, elle peine à se libérer avant de succomber aux désirs secrets qui animent son personnage, livrant une interprétation poignante, sans doute l’une des meilleures de sa carrière. Saoirse Ronan se montre à la hauteur dans le rôle de Charlotte, tout comme Gemma Jones dans celui de la mère de Mary.

    Il faut toutefois noter qu’ Ammonite n’est pas une biographie de Mary Anning, mais une histoire très librement inspirée de sa vie. Le réalisateur qui dit cacher en lui une part de la paléontologue, étant comme elle né pauvre et sans accès à l’éducation, lui prête une liaison qu’elle aurait pu avoir. Ce qui a choqué. 

    On lui reproche en effet de raconter une relation  lesbienne, alors qu’il se serait plutôt agi d’une amitié avec Charlotte Murchison. A quoi le cinéaste a répondu que s’il n’existait pas de preuve d’une histoire d’amour de Mary avec une femme, il n’y en avait pas non plus avec un homme. On s’en tiendra donc à la licence cinématographique. Et cela apparaît parfaitement crédible dans cet opus so british.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 12 mai.

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