Grand écran: "Les leçons persanes" sous haute tension. Avec de formidables comédiens (18/01/2022)
1942, France occupée: Arrêté, Gilles doit être déporté en Allemagne. Entassé avec d’autres juifs dans un camion qui les conduit vers la mort, il offre un sandwich à un prisonnier contre un livre écrit en farsi Le fourgon s’arrête dans les bois. Des officiers nazis ordonnent aux occupants de sortir et font feu sans sommation. Echappant miraculeusement à la fusillade sauvage Gilles, montrant le livre aux soldats, leur jure qu’il n’est pas juif mais persan.
Les bourreaux n’y croient pas trop, mais ce mensonge sauve momentanément le jeune homme puisque l’un des chefs du camp où on l’emmène, rêvant d’ouvrir un restaurant à Téhéran après la guerre, souhaite apprendre le farsi. Risquant la mort à chaque instant, Gilles (désormais Reza) invente des centaines mots la nuit, pour les enseigner au capitaine Koch le lendemain. Une idée dingue qui lui permettra d’échapper à son destin.
A cet égard Les leçons persanes n’est pas qu’un film de plus sur un épisode tragique. Au-delà de la barbarie nazie dans les camps de concentration. le nouveau long métrage du réalisateur russo-américain Vadim Perelman, adapté d’une nouvelle de l’écrivain allemand Wolfgang Kohlhaase, évoque les efforts et les moyens inimaginables déployés par l’être humain pour sauver sa peau
Une tâche des plus ardue
A l’image de Gilles fabriquant un langage le plus souvent construit à partir des prénoms des prisonniers. Une tâche des plus difficile, rendue encore plus ardue dans la mesure où il doit évidemment se rappeler chaque mot, Non seulement Koch, tout de même méfiant, note absolument tout, mais la relation particulière qu’il entretient avec son « prof » de farsi, qui parvient à prendre un petit ascendant sur son « élève », provoque la suspicion et la jalousie de ses subordonnés. Ils n’attendent qu’un faux pas du prétendu Reza pour se venger.
Un bémol toutefois en ce qui concerne la mise en scène d’une telle relation. On a en effet un peu de mal à croire qu’un nazi, assassinant des milliers de gens sans le moindre état d’âme, puisse se montrer aussi accommodant avec Gilles. Même si, à une occasion dramatique, il entre dans une rage folle qui eût pu être fatale à l’imposteur.
Reste qu’on est pris par cette oeuvre sous haute tension qui nous laisse constamment craindre pour la vie de Gilles. Sans oublier l’interprétation des deux comédiens principaux. A la fois fragile et fort, l’Argentin Nahuel Pérez Biscayart, César du meilleur espoir masculin en 2018 pour sa prestation dans 120 battements par minute, se montre impressionnant dans le rôle de ce survivant courageux, aussi astucieux que roublard. De son côté Lars Edinger se révèle également virtuose en officier allemand cruel, pervers, mais qui... Mystère. Pour connaître le fin mot de l’histoire, il faut aller voir le film.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 janvier.
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