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Sorties de la Semaine - Page 74

  • Grand écran: François Ozon nous met face à la mort dans "Tout s'est bien passé". André Dussollier remarquable

    L’éclectisme est une constante chez François Ozon, auteur d’une quarantaine de métrages longs et courts. Soucieux de construire une œuvre sans se répéter, il ne cesse de surprendre en passant du fantastique au musical, de la comédie à la tragédie du thriller au mélodrame.

    Après Été 85, teen-movie gay romanesque sur fond de pacte délirant où il donnait libre court à son goût pour la subversion des normes sociales, le cinéaste change radicalement de registre et  nous plonge dans l’actualité en proposant Tout s'est bien passé, comme il l’avait fait en 2018 avec Grâce à Dieu, remarquable fiction sur la pédophilie au sein de l’Eglise catholique, sortie en plein procès du père Bernard Preynat.

    Dans ce drame familial, le réalisateur aborde de front le sujet polémique et puni en France du suicide médicalement assisté. Son film, de facture classique, est adapté du roman  autobiographique d’Emmanuèle Bernheim (décédée d’un cancer en 2017) qui avait aidé son propre père à mourir.

    Une course contre la montre

    A 85 ans celui-ci (André Dussollier) est hospitalisé  à la suite d’un AVC. Il se réveille très diminué, totalement dépendant. Face à une insupportable déchéance, ce riche industriel, collectionneur d’art bisexuel qui a trop aimé la vie, ses plaisirs et ses folies pour se voir réduit à un légume, demande l’assistance de sa fille pour en finir rapidement. Déchirée, elle va finalement accepter Mais comment s’y prendre en tenant compte des trivialités de la vie quotidienne? S’engage alors une véritable course contre la montre pour se rendre en Suisse. 

    Tout s’est bien passé qui interroge au plus profond la question de la fin de vie, doit beaucoup à ses comédiens dirigés de main de maître par François Ozon. Emmanuèle est incarnée par Sophie Marceau, juste et intense, qui marque son retour très convaincant dans un grand rôle. De son côté Charlotte Rampling est parfaite, comme toujours, en ex-épouse dépressive. A l’image de Grégory Gadebois, en ancien amant mystérieux d’André en terrible souffrance et surnommé «grosse merde» par Emmanuèle et sa sœur (Géraldine Pailhas).

    Sans pathos ni complaisance

    Mais ce qui domine dans le combat de ce cet homme pour partir dans la dignité, c’est la formidable prestation d’André Dussollier, par ailleurs un brin curieusement abordé sous l’angle d’un désir homosexuel. Le visage redoutablement transformé et figé à l’aide de prothèses, s’exprimant très difficilement, il se révèle absolument bouleversant dans son immense détresse physique. 

    Cela ne l’empêche pas de faire preuve d’humour, de causticité. Par exemple quand il se demande comment font les pauvres, en découvrant le prix très élevé d’un suicide assisté en Suisse… Eh bien ils attendent  la mort, lui répond sa fille, tout aussi cyniquement. Un second degré à l’image du film de François Ozon et de son plaidoyer pour une liberté de choix, Evitant les écueils du film à sujet, il sait émouvoir sans pathos ni complaisance.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 septembre.

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  • Grand écran: "Les amours d'Anaïs", une charmante comédie de moeurs qui manque d'incarnation

    Elle est coquine, sexy, curieuse, férue de littérature mais tardant à conclure sa thèse, fauchée et claustrophobe. Et surtout elle court, Anaïs, moulinant joliment des gambettes dans les rues de Paris son vélo à la main. Après qui, après quoi ? La pétulante trentenaire, (Anaïs Demoustier), ne sait pas trop. Elle a du mal à se poser dans sa vie personnelle et professionnelle. «Je ne veux pas rencontrer des gens intéressants, je veux moi-même être intéressante», affirme-t-elle. Une formule qui n’en est pas pour autant une vocation.

    Anaïs a un petit copain, Raoul, qui commence à lui peser. Enceinte, elle décide d’avorter et quitte sans regrets le malheureux  qui n’a pas eu son mot à dire.  Lors d’un dîner, elle séduit Daniel  (Bruno Podalydes), un éditeur qui a deux fois son âge et dont elle se lasse rapidement, là également. En revanche elle brûle de rencontrer son épouse Emilie (Valeria Bruni-Tedeschi), une romancière à succès. A l’occasion d’un séminaire en Bretagne, elle est fascinée par cette femme lui offrant comme un miroir de ce qu’elle pourrait devenir.  

    Pour son premier long métrage, Charline Bourgeois-Tacquet, elle aussi apparemment tombée sous le charme de son héroïne court vêtue, propose un portrait de femme qu’elle veut libre, fougueuse et légère. Elle nous la montre, sinon l’exhibe, sautillante, papillonnante et pleine de désirs au gré de ses errances sentimentales. Solaire, dynamique, l’impétueuse Anaïs Demoustier, qui s’impose de plus en plus dans le cinéma français, forme un duo attachant avec la lumineuse et magnifique Valeria Bruni Tedeschi, dont la raison l’emporte sur la passion.  

     Mais si cette comédie de mœurs existentielle en forme de marivaudage estival baigné d'une belle lumière est charmante, tout reste en surface. Elle manque ainsi d’incarnation, peinant par ailleurs à dégager de l’émotion et une vraie sensualité. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 septembre.

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  • Grand écran: dans "Boîte noire", thriller parano haletant, Pierre Niney séduit en justicier solitaire

    Jeune acousticien du BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur (Pierre Niney) est chargé des investigations sur le mystérieux crash d’un avion lors d’un vol Dubaï-Paris. Que s’est-il passé ? Erreur de pilotage ?  Défaillance technique ? Acte terroriste, la version officielle ? 

    Pour Mathieu, qui a l’ouïe fine, cette dernière piste d’abord privilégiée, ne tient pas la route. Mais qui a intérêt à cacher les véritables causes du terrible accident ? L’énigme est de taille. Alors Mathieu écoute, écoute, écoute encore. Son analyse minutieuse de la boîte noire  va le pousser à mener secrètement  ses propres recherches. Et le doute commence à s’installer, s’amplifie au point qu’il se sent menacé par son entourage. Son amie. son chef, son collègue tous deviennent suspects pour lui.  

    Jouant sur les sons, Boîte noire nous immerge ainsi dans les coulisses de l’aéronautique. Nous ballotant d’une fausse piste à l’autre, Yan Gozlam réalise un thriller paranoïaque haletant, parfaitement documenté, à la mise en scène efficace.  Sous tension, l’intrigue, entre espionnage et drame psychologique, est rondement menée en dépit de rebondissements parfois légèrement  incohérents, ou de scènes explicatives un rien indigestes et longuettes. 

    En héros solitaire et justicier, Pierre Niney, entouré de Lou de Laâge et André Dussolier fait particulièrement bien le job. Sobre, intense, attachant dans sa fragilité mêlée de douceur et d’angoisse, cet anti-héros englué dans une enquête qui le dépasse, séduit avec sa détermination obsessionnelle à trouver la vérité.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 septembre.

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