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Sorties de la Semaine - Page 79

  • Grand écran: "5ème set", avec Alex Lutz formidable en tennisman tentant un improbable retour

    Roland Garros est terminé et les fans de tennis attendent fébrilement Wimbledon. Pour patienter, on leur conseille d’aller voir 5éme set de Quentin Reynaud. Dans son premier film, il se penche avec conviction sur la difficile tentative de reconversion  d’un ex-prodige de la raquette,  

    Formidablement interprété par Alex Lutz, Thomas, aujourd’hui âgé de presque 38 ans, n’a jamais fait des étincelles, écumant les tournois Future et Challenger. Il y a 17 ans, il était pourtant l’un des plus grands espoirs français. Mais une défaite en demi-finale d’un des plus prestigieux tournois du monde l’a traumatisé, et depuis il est descendu dans les profondeurs du classement. Aujourd’hui, il se prépare à ce qui devrait être son dernier tournoi. Il refuse pourtant d’abdiquer. 

    Tenaillé par un désir de sauver son honneur, il se lance dans un combat homérique douloureux, au résultat incertain. Une lutte sans merci pour dompter un corps meurtri par les blessures, un genou bousillé, les sacrifices physiques qu’il s’est imposés toutes ces années, sans parvenir à atteindre le haut niveau. 

    Cet acharnement pour un retour en grâce, c’est tout l’enjeu du film de Quentin Reynaud. Mais aussi intéressant soit-il, l’opus doit avant tout sa réussite au talentueux  Alex Lutz, Véritablement habité par son personnage, il n’incarne pas, il est Thomas. Il nous fait partager ses souffrances,  mesurer la brièveté d’une carrière dominée par la passion du jeu, mettant en péril une vie d’après qu’il n’a pas voulu envisager. 

    Sans oublier les petites humiliations subies, inhérentes à un déclassement professionnel qui vous renvoie impitoyablement à l’anonymat. L’auteur met d’ailleurs ainsi le doigt sur un système qui vous brise après vous avoir trop vite encensé. 

    Un regret toutefois en ce qui concerne le scénario convenu et des rôles secondaires quasi inexistants. Plus particulièrement celui de la mère (Kristin Scott Thomas), voulant à tout prix faire de son fils un champion. Il y avait là de quoi donner plus de chair au personnage. Comme d’ailleurs à l’épouse, campée par Ana Girardot,  

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 juin.

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  • Grand écran: Stefan Haupt nous livre son "Journal intime", en nous promenant dans sa ville, Zurich

    Le réalisateur Stefan Haupt aime sauter du documentaire à la fiction et vice-versa. Après l’excellent Zwingli, il s’est lancé dans Journal intime (Zurcher Tagebuch), un essai sur Zurich, sa ville, dont il a suivi l’évolution, la transformation et une forme de décadence depuis sa naissance en 1961. 

    Jouant au  guide, il fait passer le spectateur d’un quartier à l’autre, proposant une oeuvre très personnelle, sorte de méditation filmique dans laquelle il  donne la parole à ses proches,  ses amis, ses enfants, ses parents, une conseillère nationale, un journaliste. Avec eux il évoque plein de sujets, la crise financière, le prix des loyers, les manifestations de jeunes pour le climat, la grève féministe. 

    A l’occasion d’une rencontre à Genève,  Stefan Haupt nous explique quand et pourquoi il a eu la tentation de ce Journal intime. «J’en ai eu l’idée après la crise financière de 2008. Je ne comprenais rien à ce qui se passait. J’avais alors un fort sentiment de colère, mêlé d’impuissance, de fatigue  et d’inquiétude. 

    "J’ai essayé de faire des interviews, de lire des livres. Mais le but n’était pas de devenir un journaliste économique. En discutant avec des amis, ces sensations sont restées et j’ai demandé à d’autres ce qu’ils pensaient,  comment ils vivaient avec tous ces aspects de l’existence à la fois si proches et si différents. Je pose énormément de questions, mais je ne donne pas de réponses"  

    Ce Journal intime est votre appréciation d’une époque troublante, menaçante, vivante et exaltante. Mais est-ce aussi celle des Zurichois? 

    J’ai reçu beaucoup de témoignages de gens qui m’ont dit se reconnaître dans mes interrogations, mes doutes, dans la recherche d’un moyen d’arranger sa vie. 

    Vous prenez le pouls de votre ville, mais vous n’êtes pas très tendre avec elle, bien qu’on parle d’une déclaration d’amour. 

    C’est vrai, car si je l’aime, je la critique aussi. Je  lance un avertissement. Faites attention où nous allons, au prix exorbitant des loyers, au système bancaire,

    Zurich est qualifié de schizophrène dans la mesure où les gens vivent dans des mondes parallèles, sans contact avec certaines personnes.  Mais n’est-ce pas le cas de toutes les cités riches du monde ?

    Oui, mais c’est à Zurich que j’ai vu le jour. Je parle d’où je viens. Raison pour laquelle, d’une certaine façon, c’est très zurichois. Disons qu’il, s’agit d’un cas particulier qui touche à l’universel. On se sent coupable de vivre bien en Suisse et en Europe. Mais à quel point devient-on responsable ? Il est urgent de partager, de donner plus, de faire plus.. Dans notre système politique, on tente de fermer les frontières. Ça ne peut pas durer. On doit travailler ensemble.

    Vous avez décidé de montrer vos  enfants, vos parents. Pourquoi ce choix, ou ce besoin ?

    J’avais envie d’avoir leur vécu, leur voix. Il est vrai que mes parents avaient des doutes, mais comme nous avons une bonne relation et ils m’ont fait confiance. En ce qui concerne filles, c’était facile. Elles aiment le cinéma. Elles étaient déjà dans Zwingli. Mais il y a également d’autres représentants de la population. Cela m’intéressait de me promener entre gens différents. personnes.

    Au début, vous disiez avoir tourné ce documentaire parce que vous ne compreniez rien à la crise. Et maintenant ?

    Je me suis rendu compte qu’il y avait de plus en plus de choses que je ne saisissais pas! Il faut devenir humble. Le plus important, c’est le sentiment de solidarité.

    Suite à ce regard intérieur, Stefan Haupt va revenir à la fiction. Il a deux projets. L’un sur le séjour à  Leipzig, de 1749 jusqu’à sa mort l’année suivante, de Bach , son musicien préféré. Et l’autre consistera en une adaptation de Stiller de Max Frisch, l’histoire d’un homme qui pense être un autre, mais doit constater qu’il est ce qu’il est. 

    Journal intime, à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 2 juin.

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  • Grand écran: avec "Petite maman", Céline Sciamma livre un conte onirique, fantastique et déroutant

    Son sublime  Portrait d’une jeune fille en feu  lui avait valu le prix du scénario et la Queer Palme à Cannes en  2019.  Céline Sciamma, cinéaste de l’enfance et de l’adolescence  (La naissance des pieuvres, Tomboy , Bande de filles), revient aux sources avec son cinquième long métrage  Petite maman, où une fillette de 8 ans devient l’amie de sa propre mère, Marion, quand elle avait son âge.

    Cette gamine, c’est Nelly. Après être passée de chambre en chambre pour dire adieu aux pensionnaires de la maison de retraite où sa grand-mère adorée vient de mourir, elle part ranger les affaires et  vider la demeure de la disparue avec son père et sa mère. Cette dernière a passé dans cet endroit chargé d’émotion et de souvenirs, les moments sans doute les plus beaux et insouciants de sa vie. Elle a aussi construit une cabane au pied d’un arbre pour s’y réfugier.  

    Nelly voudrait tellement qu’on lui raconte tout cela.  Mais sa mère, poussée par la tristesse, s’en va brusquement. L’enfant restée seule avec son père qui ne se souvient de rien, part explorer la forêt environnante, découvre la cabane et rencontre une petite fille comme elle, qui s’appelle Marion... comme sa mère et se transforme en sa petite maman. Quelques mots échangés et le courant passe immédiatement entre elles. Elles courent dans les bois, racontent et inventent des histoires et mangent des crêpes chez Marion, qui habite une maison étrangement  identique à celle de la grand-mère de Nelly. 

    Ce film épuré, intimiste, bascule alors vers le surnaturel, le rêve et l’imaginaire. Céline Sciamma,, nous perdant parfois en jouant d’allers et retours avec cette relation fille-mère inversée, nous emmène pour un voyage de 72 minutes dans le temps, sans machine ni effets spéciaux pour le remonter. Tout en évoquant avec finesse et sobriété de grands thèmes comme le deuil, la reconstruction, la transmission, elle livre un conte délicat,  réaliste, fantastique, onirique, poétique, touchant et troublant. Surfant sur le double, il est joliment porté par deux sœurs jumelles Gabrielle et Joséphine Sanz. Sans oublier Nina Meurisse, dans le rôle de Marion adulte,

    Fable à la fois ambitieuse et minimaliste, Petite maman est largement plébiscitée par les critiques français, certains voyant même Céline Sciamma à son tout meilleur. Elle n'atteint pourtant au bouleversement provoqué par Portait d’une jeune fille en feu, film fascinant et envoûtant sur le regard, les sentiments et le désir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 juin

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