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Sorties de la Semaine - Page 236

  • Grand écran: "Sicario", de la violence et du sang pour un narco-thriller sans surprise

    benicio[1].jpgIntrigues, corruption, drogue, criminalité en hausse. Le lot d’une population terrifiée vivant dans la zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique, devenue "le territoire des loups", un effrayant lieu de non droit.

    C’est là que le Québecois Denis Villeneuve a situé Sicario, l’histoire d’une opération des services secrets américains, qui balaie les lois pour abattre ceux qui ne les respectent pas. Et c'est parti pour des affrontements meurtriers, des tortures et de folles poursuites en voiture.

    En s’attaquant au film de genre, il opère une plongée dans l’univers ultra violent des cartels et de leurs immondes méthodes. Un thème souvent traité au cinéma, mais où on retrouve la patte du cinéaste québécois dans une mise en scène brillante.

    On n’en dira pas autant du scénario compliqué et tortueux de ce narco-thriller sans grande surprise sur le fond, mais qui se veut sous haute tension permanente en nous abreuvant d’images sanglantes d’une brutalité à la fois éprouvante et complaisante.

    Intéressant personnage féminin sous les traits d'Emily Blunt

    En revanche bonne direction d’acteurs, avec en haut de l'affiche Josh Brolin. Agent faussement décontracté du gouvernement, il dirige le groupe d’intervention chargé de la lutte contre le trafic de drogue. Un combat mené par Benicio del Toro, consultant doublé d’un tueur à gages avide de vengeance.

    Redoutable bourreau, il est pourtant doté d’une once de sensibilité à l’égard de Kate, jeune recrue idéaliste du FBI qui, enrôlée dans cette mission clandestine à haut risque, sera obligée de revoir des convictions mises à rude épreuve. Une question de survie.

    Interprété par Emily Blunt, ce fragile personnage est le plus intéressant du film, dans la mesure où cette terrible guerre souterraine dans laquelle le spectateur est immergé est vue à travers ses yeux. 

    Pour son auteur qui dénonce la manipulation dans les médias ou les mensonges des politiques, Sicario est une œuvre très moderne sur la société actuelle, la manière qu’a l’Occident, plus précisément l’Amérique en l’occurrence, de gérer ses problèmes.

    On lui préfère pourtant d’autres opus comme par exemple l’excellent Prisoners. Faute d’un regard suffisamment original sur son sujet, Denis Villeneuve qui s’alignait en compétition au dernier festival de Cannes, était d’ailleurs logiquement reparti les mains vides.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 octobre.

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  • Grand écran: "The Intern" voit De Niro jouer les stagiaires à 70 ans. Laborieux

    landscape-1431610532-anne-hathaway-robert-de-niro[1].jpgLe moins qu’on puisse remarquer c’est que Robert De Niro, assurant le strict minimum, n’aligne pas les chefs d’œuvre depuis quelque temps. Comme dans The Intern, où il endosse le costume de Ben Whittaker, un veuf de 70 ans constatant que la retraite ne correspond pas vraiment à ce qu’il souhaitait.

    Dès lors cet ancien PDG d’une fabrique d’annuaires s’ennuyant comme un rat mort, se décide à reprendre du service.

    Sans trop se fatiguer à chercher, il décroche un improbable job de stagiaire sur un site internet de mode créé et dirigé par la jeune et bien sûr dynamique Jules Ostin (Anne Hathaway par ailleurs dotée d'un mari au foyer. Elle est censée mener la vie dure à Ben, au départ déboussolé, mais se pliant avec dignité et bonne humeur à tout, y compris aux tâches les plus subalternes. Son étonnante flexibilité le pare rapidement de toutes les qualités. Il ne tarde pas à devenir le confident de la patronne et donc le personnage le plus incontournable de la boite,.

    Un scénario sans intérêt, cousu de fil blanc, pour pseudo comédie sociale laborieuse et surannée où tout sonne faux. Du coup, on ne croit ni à l’univers prétendument impitoyable imaginé par la réalisatrice Nancy Meyers, qui vire carrément à la bluette, ni aux personnages qui y évoluent. A commencer par l’inconsistant duo De Niro-Hathaway. Autrement dit il n’y a pas franchement grand-chose à sauver dans l'histoire.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 septembre.

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  • Grand écran: "Les mille et une nuits, volume 2" où la désolation a envahi le coeur des hommes

    imagesGKLIOHT4.jpgDeuxième volume du film somme Les mille et une nuits du Portugais Miguel Gomes qui poursuit son exploration de la crise économique dans son pays et de ses conséquences dévastatrices.

    Mêlant documentaire et fiction, silence et parole, épure et profusion d’images sur fond de réalité et d’imaginaire, ce tryptique dans le tryptique, intitulé Le désolé brosse une foule de portraits. Où Shéhérazade raconte justement comment la désolation a envahi le coeur des hommes.

    La première histoire Chronique et fugue de Simao "Sans Tripes" dépeignant la culpabilité humaine prend la forme d’un western. Elle évoquant la traque d’un vieil assassin en fruite dans la steppe portugaise, jouisseur anarchiste rêvant de putes et de perdrix. Le  brigand deviendra un héros pour la population locale après avoir réussi à échapper aux gendarmes pendant quarante jours en se télé-transportant.

    Dans le troisième, Les maîtres de Dixie, le cinéaste explore la triste vie des habitants d’une tour dans une cité populaire minée par le chômage, la drogue, le suicide. Les événements sont vus par le truchement du petit chien blanc Dixie qui se déplace d’un appartement à un autre, d’un maître à un autre,  du plus âgé au plus jeune, comme pour assurer une sorte de transmission.

    Entre les deux, le conte à notre avis le plus intéressant, le plus émouvant et le plus édifiant, Les larmes de la juge. Il consiste en un procès en plein air dans un théâtre antique, auquel participent les spectateurs dont plusieurs se lèvent tour à tour pour confesser leurs petits ou grands méfaits dans différentes langues, y compris celle des signes Crimes ou délits, ils sont en majorité justifiés par le manque d’argent, la pauvreté crasse, une misère insondable qui fait pleurer la juge (photo), qui écoute et comprend tout, au lieu de prononcer son verdict.  

    Un film fourmillant de créativité et d’inventivité, mais sombre, déprimant, accablant, désenchanté, bien que teinté de magie et de fantaisie. Sinon d’humour dont on dit qu’il est la politesse du désespoir. On rit toutefois fort peu.

    Film à l'affiche aux Cinémas du Grütli dès mercredi 30 septembre.

     

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