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Sorties de la Semaine - Page 233

  • Grand écran: "Notre petite soeur", une nouvelle chronique familiale du Japonais Kore-Eda. Délicate et poétique

    imagesQLS1IX34.jpgSujet inépuisable voire incontournable du  cinéma japonais, la famille. Plus particulièrement chez Hirokazu Kore-Eda qui en poursuit la radiographie.

    Dans son dixième film, en compétition à Cannes en mai dernier, le disciple de Yasujirô Ozu raconte l'histoire de trois sœurs, Sachi la sage, Yoshino la fantaisiste et Chika l’espiègle, vivant ensemble dans une grande maison.

    Lors de l'enterrement de leur père qui les avait abandonnées quinze ans auparavant, elles découvrent l'existence de leur demi-sœur Suzu. Et décident d'accueillir l'orpheline de 13 ans au sein de leur petite communauté.
     
    Avec Notre petite sœur, Kore-Eda, adapté du manga à succès Kamakura Diary d’Akimi Yoshida,  le réalisateur s ‘interroge sur le rapport à l’individu, à la famille et par extension au monde, tout en proposant deux images du Japon, l’une ancestrale, traditionnelle, l’autre plus moderne. Il évoque la relation à la nature et à la ville à travers de beaux portraits de ces trois femmes lumineuses aux personnalités fortes que tout ou presque oppose. Jusqu’à l’arrivée de Suzu.

    A la fois délicat, tendre, touchant, intimiste, poétique, l'opus se révèle visuellement brillant, certaines scènes apparaissant comme de véritables tableaux. Certes, il n'a pas la puissance de Nobody Knows, Still Walking ou encore de Tel père, tel fils, Grand Prix du jury sur la Croisette l'an passé.

    Mais s'ils sont traités avec moins de gravité, on retrouve, dans Notre petite sœur, douce sinon doucereuse chronique familiale, les thèmes chers à l'auteur comme la filiation, l'éducation, la transmission, le deuil. Réunis dans un discours simple, universel et porté par d'excellentes comédiennes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre.

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  • Grand écran: avec "Mon roi", Maïwenn s'enferre dans une histoire mille fois recuite

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    Le titre, assez ridicule, n'annonce pas grand-chose de bon. C'est le cas dans cette histoire d'amour passionnelle, tumultueuse, s'étalant sur une dizaine d'années. A la suite d'une rencontre explosive, un homme et une femme au rapport diamétralement opposé à l'existence, se complaisent à se déchirer et à se détruire.

    Tony (Emmanuelle Bercot), petite bourgeoise rangée, est tombée éperdument amoureuse de Giorgio (Vincent Cassel), propriétaire de restaurant au charme fou, plein d'humour, mais surtout pervers narcissique, flambeur, macho, coureur de jupons et épris de liberté.

    Cette relation chaotique, prétendument toxique entre une avocate assez conformiste et un bad boy faussement rebelle mais réellement beauf, est reconstituée à coups de souvenirs de Tony, qui se remet lentement d'un grave accident de ski dans un centre de rééducation.

    Au fur et à mesure de sa guérison, elle tente de recomposer les choses, tout en se posant un certain nombre de questions. Pourquoi deux êtres aussi différents se sont-ils autant aimés? Comment a-t-elle pu se soumettre à une passion aussi destructrice, accepter la violence, les tromperies, les mensonges, les retours de flamme de son mari? Ses soirées de potes entre alcool et drogue? Eh bien c'est simple. Parce que l'amour est un poison ravageur et que Giorgio est son roi…

    Une thématique mille fois recuite et un scénario convenu qui donnent un film fabriqué, artificiel, sans nuances. S'y multiplient les scènes plus ou moins hystériques avec excès de cris, de larmes, de rires, entre nirvana initial, affrontements dévastateurs, détérioration du couple, dépressions et tentatives de suicide.

    Quant aux deux héros bobos formant un coupl auquel on ne croit pas une seconde, il se révèlent particulièrement agaçants. Ils sont de surcroît entourés de personnages secondaires sans intérêt. On est triste pour Louis Garrel, réduit par la réalisatrice à un faire-valoir tentant vainement de passer pour un comique malgré lui.
     
    Mais Maïwenn, qui avait décroché le prix du jury cannois pour Polisse en 2011, a la cote et figurait à nouveau en compétition au dernier festival avec Mon roi. Et contre toute attente étant donné sa prestation peu exceptionnelle, Emmanuelle Bercot a été sacrée meilleure actrice. Ex-aequo avec Rooney Mara, qui donnait pourtant la réplique à une sublime Cate Blanchett dans Carol, le magnifique mélo lesbien de Todd Haynes. Ce n'est rien de dire que les voies du jury sont impénétrables!

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 octobre.

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  • Grand écran: "Une jeunesse allemande" retrace le parcours du groupe Baader-Meinhof

    201510620_2_IMG_FIX_700x700[1].jpgFin des années 60 et début 70, une organisation d'extrême-gauche opère en Allemagne. C'est la Fraction Armée Rouge (RAF), appelée aussi la bande à Baader, ou encore le groupe Baader-Meinhof. Au départ, ces militants idéalistes exprimaient leur hostilité au système par des actions artistiques, littérature, cinéma, avant de virer au terrorisme.

    Passant à la lutte armée, ils s'en prennent aux institutions du pays, au patronat ou à l'armée américaine, commettant des attentats meurtriers, des assassinats, des enlèvements, des vols. Avec pour objectif de détruire une société qu'ils jugent inhumaine et pourrie.

    Avec son premier long-métrage documentaire, le réalisateur français Jean-Gabriel Périot, 41 ans, auteur d'une vingtaine de courts depuis 15 ans, retrace leur parcours dans Une jeunesse allemande, utilisant leurs images, leurs interventions médiatiques, leurs films, pour évoquer le glissement progressif vers la violence politique des fondateurs du mouvement, Ulrike Meinhof, le cerveau, restée une icône, Andreas Baader, sa compagne Gudrun Ennslin, Holger Meins et Horst Mahler. 
     
    A son habitude, Jean-Gabriel Périot a uniquement construit son film avec des archives et des documents d'époque. Bannissant tout commentaire ou interview. "Mon but n'est ni d'apporter des réponses, ni de donner des clés, mais de laisser le spectateur se forger sa propre une opinion", nous explique le réalisateur de passage à Genève. "Mon point de vue personnel s'exprime dans la manière de montrer le parcours des membres de la RAF, de dire ils sont et dans quel monde ils vivent".

    5ae315d1-cf0b-11e4-8228-8dc06776b895-thumb[1].jpgVotre travail consiste à questionner les processus autour de de la violence. Y-a-t-il du cynisme dans cette observation?

    Non. Je le fais parce que je ne la comprends pas, mais qu'elle apparaît parfois nécessaire et, même si on le déplore, peut constituer la seule réponse.

    Ne craignez-vous pas que votre manière de procéder, sans vox off, rende la lecture du film difficile à ceux qui ne connaissent pas les protagonistes ?

    Je ne pense pas. Quand j'ai décidé de le réaliser, je ne connaissais moi-même rien de la Fraction Armée Rouge. J'ai donc essayé de le faire en tenant compte de ceux qui sont dans mon cas.

    L’expression d'un désespoir croissant et pousse au crime fait-il écho pour vous à ce qui se passe aujourd'hui? Les membres de la RAF étaient-ils en quelque sorte les djihadistes d'hier?

    Pour moi, il existe de vraies différences. Le passage à la violence à l'époque n'était pas aussi radical. C'était alors un moyen comme un autre, après avoir essayé  le cinéma, l'écriture, l'éducation et  le militantisme. La violence s'inscrivait dans des failles de la société. Elle posait des questions de fond.

    Il est étonnant de constater à quel point la bande à Baader a saisi l'importance de l'image.

    C'est un cas unique. Aucun groupe au monde n'a laissé autant d'images et donc de traces. Et ils étaient plusieurs, ce qui en représente un monceau. En tant que cinéaste, je suis sidéré par tout ce qu'ils ont produit. Cela m'a facilité la tâche.

    Journaliste connue et reconnue, Ulrike Meinhof était régulièrement invitée à la télévision. Elle parlait même beaucoup et les intervenants l’écoutaient.

    Effectivement. Il fallait s’adresser au public, prendre les espaces. Elle utilisait un langage simple, éprouvait une vraie estime pour le téléspectateur. En même temps, les membres du groupe ont parfois un côté potache, notamment Meins dans ses films, comme lorsqu'il préconisait l'emploi du grand quotidien Das Bild comme papier toilette. Il y avait chez eux quelque chose de sérieux et de pas sérieux, anar, bordélique. Par exemple ils étaient proches du FPLP qui les a entraînés dans un camp. Mais on ne les a pas gardés longtemps. Les filles faisaient de la bronzette…

    Quels étaient leurs liens avec d'autres militants dans d'autres pays ?

    Ils ont été soutenus dans les pays frontaliers. Mais il n'y avait pas de lien organique. Et en Allemagne ils étaient vraiment isolés. A mon avis l'isolement est un des facteurs qui les ont conduits à la lutte armée.

    Arrêtés en 1972, on apprend qu'ils se sont suicidés en prison. D'abord Ulrike Meinhof en 1976, puis trois autres dont Baader, un an plus tard. Le gouvernement a été accusé par l'extrême-gauche d'avoir "orchestré leur assassinat".

    J'ai énormément lu sur le sujet, rencontré des gens. Mais j'ai plutôt la sensation, très subjective, qu'Ulrike Meinhof s'est vraiment donné la mort. Celle de ses compagnons a certes eu lieu dans des conditions étranges. Le moins qu'on puisse remarquer, c'est que la gestion des prisonniers par les gardiens a été approximative.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 octobre.

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