Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 232

  • Grand écran: "Le fils de Saul", quête insensée d'un homme dans l'innommable

    Le-Fils-de-Saul-la-critique[1].jpgOctobre 1944, camp de la mort d'Auschwitz. Juif hongrois, Saul Ausländer est membre d'un des Sonderkommandos, formés de déportés plus costauds que les autres, recrutés par les nazis et forcés de les assister dans la macabre mise en œuvre de la solution finale. Avant, ce qu'ils savent parfaitement, d'être liquidés eux aussi.

    Avec d'autres prisonniers, Saul vit des expériences effrayantes dans des conditions épouvantables. Inlassablement, il est chargé de faire descendre les juifs des convois, les oblige à se déshabiller, à laisser leurs vêtements suspendus à un clou puis à entrer dans les chambres à gaz où il les pousse pour en entasser un maximum.

    Puis il doit déblayer les «pièces» selon le vocabulaire allemand et les transporter jusqu'aux fours. Ces gestes, il les exécute mécaniquement, imperméable à l'horreur qui l'entoure.

    Il est en train de travailler dans un crématorium quand, au milieu d'innombrables cadavres, il croit reconnaître celui de son fils. Tandis que son Sonderkommando prépare une révolte (qui a réellement eu lieu), il est obsédé par l'idée de sauver l'enfant des flammes, de préserver son corps, et de trouver un rabbin pour lui offrir une sépulture digne.

    L'atrocité du quotidien

    Cette quête a priori dérisoire en des circonstances aussi atroces représente pourtant un acte ultime de résistance dans cet univers concentrationnaire. Une petite lueur d'humanité dans la nuit la plus noire.

    Innovant dans la forme, pour approcher au près l'enfer d'un camp d'extermination, Laszlo Nemes, 38 ans, héritier du maître Béla Tarr, a choisi la fiction pour plonger le spectateur dans l'innommable quotidien de son héros, remarquablement interprété par l'impressionnant Réza Röhrig (photo), New-Yorkais d'origine hongroise.

    En même temps, ce n'est pas un film sur l'Holocauste qu'il a décidé de ne pas représenter. Mais sur la brève existence de ces Sonderkommandos obligés de conduire les leurs, jusqu'à 400.000 en trois ou quatre mois, à la mort avant d'y passer eux-mêmes. Car c'est exclusivement de cela qu'il s'agit. Comme il le dit lui-même, il s'agit d'un film sur la réalité, la mort, l'absence totale d'espoir. Contrairement aux fictions traitant de la Shoah de façon insatisfaisante à son avis, parlant de survie, d'entraide, avec surcharge émotionnelle et dramatique. 

    Suggérer est plus fort que montrer

    Filmant son héros vidé de toute émotion en plan serré, le réalisateur ne donne à voir que ce qu'il voit, prenant soin d'éviter toute complaisance, tout voyeurisme. S'arrêtant aux portes des chambres à gaz, il laisse l'horreur des exécutions massives hors champ ou la suggère, ce qui est plus fort que la montrer, par des images floues.

    D'un bout à l'autre, s'en tenant au seul point de vue de Saul, excluant tout ce qui n'est pas essentiel à son histoire, il s'applique à suivre en continu pendant une journée et demie les déplacements de cet homme  entre les fours et les fosses communes, exécutant ses gestes, mécaniquement, imperméable à l'horreur qui l'entoure. Porté par une foi inébranlable, il est uniquement préoccupé par sa mission insensée. 

    Laszlo Nemes, dont une partie de la famille a été assassinée à Auschwitz, a décidé de traiter ce sujet après avoir trouvé un incroyable recueil de textes Des voix sous la cendre écrit en secret et enterré par des membres du Sonderkommando. 

    Un travail de mémoire pour les générations futures que ce film choc étouffant, au traitement radical, à l'esthétique sépulcrale, rythmé par des sons mous, des cris, des ordres, des grincements de chariots. Et une immersion dans l'insoutenable qui vous secoue, vous touche d'une manière viscérale, vous laisse complètement sonné à l'issue de la projection. Il a gagné le Grand Prix du jury au dernier festival de Cannes, mais aurait mérité la Palme d'Or.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Regression", un thriller entre horreur et satanisme bien peu terrifiant

    1280x720-hD_[1].jpgCinq ans après Agora, son ambitieux peplum philosophique, Alejandro Amenabar revient avec Regression, un film qui nous plonge en plein satanisme, dans le Minnesota des années 90. L’intrigue démarre comme une banale enquête de police, l’inspecteur Bruce Kenner se penchant sur des abus sexuels dont la jeune Angela, mineure, accuse son père John. Lequel, contre toute attente, finit par avouer les avoir commis. Mais il n’en garde pas le moindre souvenir.

    Kenner s’assure alors les services d’un célèbre psychologue, le docteur Raines, qui doit aider John à retrouver la mémoire. Ce que les deux hommes découvrent les emmènent dans un monde souterrain, dangereusement mystérieux, sur les traces d’un crime d’une ampleur s’étendant au pays tout entier. A l’image d’Angela, le très rationnel ’inspecteur déboussolé ne tarde pas à être hanté par d’affreux cauchemars et ne sait bientôt plus où il en est.

    Inspiré par des films comme Rosemary’s Baby ou L’exorciste dont il est fan, Amenabar mise à la fois sur le suspense psychologique, le fanatisme religieux, la peur collective générée par la sorcellerie, les rituelles messes noires de sectes diaboliques, les personnalités multiples et les mensonges plus contagieux que les virus, dans une communauté menacée par la barbarie.  

    Autant de sujets sulfureux propres à créer une ambiance anxiogène, oppressante et glacée, rendue notamment par d’effrayants décors et une lumière bleutée. Mais rien de tout cela n’est bien terrifiant, même pour les âmes sensibles. Plus les choses avancent plus ce conte en forme de thriller se voulant horrifique dérape jusqu’à un final carrément en queue de poisson. Restent les acteurs qui eux font bien le job de bout en bout, à l’instar d’Ethan Hawke et Emma Watson.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre. 

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Keeper" séduit avec le talentueux jeune Vaudois Kacey Mottet-Klein

    6986435[1].jpgLes partitions s’enchaînent à un rythme soutenu pour Kacey Mottet-Klein révélé en 2008, à dix ans, par Ursula Meier dans Home, ce qui lui avait valu le Quartz du meilleur espoir suisse. Poursuivant sa collaboration avec la cinéaste helvétique dans L’enfant d’En-haut, aux côtés de Léa Seydoux, il décrochait cette fois le Quartz du meilleur acteur en 2013.

    Après différents rôles (Gainsbourg, vie héroïque, Gemma Bovery, Une mère) on le revoit, sur recommandation d’Ursula sa maman de cinéma, dans Keeper du belge Guillaume  Senez, réalisateur fasciné par le monde de l’adolescence. Il y partage l’affiche avec la jolie Galata Bellugi.

    Lui c’est Maxime, un garçon charismatique. Elle c’est Mélanie, réservée, sensible, fragile. Deux personnages contraires qui s’attirent. A 15 ans, presque encore des gamins, ils sont amoureux et explorent maladroitement leur sexualité. Un jour Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Tout d’abord très réticent pour ne pas dire hostile à l’idée d’être père à son âge, le garçon il finit par s’y faire au point de convaincre sa copine de garder le bébé.

    Des accents criant de vérité

    Une décision radicale, loin de plaire à tout le monde. Si les parents de Maxime se montrent ouverts et compréhensifs, c’est tout le contraire en ce qui concerne la mère de Mélanie, refusant de voir sa fille vivre ce qu’elle a elle-même vécu, et exigeant du coup qu’elle se fasse avorter.

    Elle a même trouvé une clinique en Hollande. En dépit de sa timidité, Mélanie lui tient courageusement tête. »C’est mon corps ‘est moi qui décide » lui lance-t-elle. Une scène majeure, édifiante, comportant de tels accents de vérité qu’elle s'accompagne d’une part d’improvisation, marque de fabrique du film.  

    Et c‘est justement cette authenticité qui fait la réussite de Keeper, un titre hautement symbolique en l'occurrence, cash et sans fioriture sur ce qu’implique cette situation problématique. Une réussite à tous les niveaux: le scénario intelligent et réaliste, le traitement subtil, parfaitement maîtrisé d’un sujet a priori casse-gueule, la mise en scène fluide et bien sûr l’excellente prestation des comédiens.

    A commencer par les particulièrement convaincants Kacey Mottet-Klein et Galata Bellugi qui apportent, outre leur talent naturel, la fraîcheur et la spontanéité de leur âge dans leur façon d'être, de s’exprimer, de marcher, de se tenir.   

    Continuant sur sa lancée, Kacey Mottet-Klein se retrouve dans Quand on a dix-sept ans, d'André Téchiné, où il donne la réplique à Sandrine Kiberlain. Il interprète Damien, un jeune homosexuel malmené par un autre garçon. Le film sortira l’an prochain

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 octobre.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine