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Sorties de la Semaine - Page 235

  • Grand écran: "Francofonia, le Louvre sous l'Occupation". Mélancolique, poétique et plein d'enseignements

    francofonia[1].jpgNous sommes en 1940. Paris est occupé et les musées, plus précisément le Louve menacés par les bombardements. Mais que ferait la Ville Lumière sans son joyau, ses chefs d'œuvre et ses prestigieuses collections?

    Forcés de collaborer, deux ennemis éclairés s’allient pour les  préserver.  Il s’agit du conservateur de la célèbre maison Jacques Jaujard (Louis-Do de Lencquesaing) et de son homologue nazi le comte Franz Wolff-Metternich (Benjamin Utzerath), nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des oeuvres d’art en France. Il réussira à éviter que ces représentants uniques du patrimoine hexagonal, cachés en grande partie dans des châteaux, soient envoyées à Berlin.

    A travers cette collaboration, Alexandre Sokourov, auteur de L’Arche russe, virtuose plan séquence de 96 minutes sur un autre musée prestigieux, l’Ermitage de Saint-Petersbourg, explore les rapports entre l’art et le pouvoir, l’art et l’homme, l’art et la civilisation. Livrant au fil d’une méditation humaniste et passionnée, une histoire méconnue assortie d’un portrait très personnel du Louvre.

    Le film commence au présent, Sokourov communiquant par skype avec le capitaine d’un cargo en pleine tempête qui transporte des œuvres du coup en péril. Des captations contemporaines symboliques entrecoupant par la suite la narration du cinéaste, évoquant en voix off par le biais d’images d’archives, l’art et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en France et en Russie. 

    Tout en s’attardant sur d’inestimables toiles, Sokourov mélange les époques, laissant audacieusement des bombardiers allemands avions survoler la pyramide du Louvre inaugurée en 1989 et faisant se rencontrer Napoléon et Marianne. Cette dernière, effrayée, affirme que les musées sont les marqueurs de l’identité d’une nation et des victimes collatérales des conflits armés.

    Avec cette déclaration d’amour au Louvre, Sokourov défend et réaffirme avec force, sinon exaltation, la place centrale des musées en Europe. C’est un essai en forme de conte mélancolique, lyrique, poétique, non dénué d'humour. Certes parfois brouillon, oscillant entre reconstitution et documentaire, il n’en est pas moins souvent bouleversant et plein d’enseignements. 

    On est par exemple à des années-lumière de Monuments Men, où sept hommes s’étaient lancés avec leurs gros sabots et sous la direction de George Clooney, dans une course contre la montre en 1945, pour restituer à leurs propriétaires les trésors volés par les nazis. Même si certains font un peu la fine bouche, jugeant par exemple que Sokourov s’est… emmêlé les pinceaux dans son entreprise.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 novembre.

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  • Grand écran: "21 nuits avec Pattie", Karin Viard s'éclate en racontant ses histoires de cul...

    098620.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgComédie, drame, fantaisie, sensualité, folie, un zeste de scabreux, d’onirisme, de fantastique, de surréalisme, voici les ingrédients savoureux de 21 nuits avec Pattie, le dernier film des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Adoptant un point de vue féminin, une première, avec deux héroïnes en tête d’affiche, ils s’éclatent en nous invitant après Les derniers jours du monde et L’amour est un crime parfait, à visiter leur univers si particulier. Pour un hymne à la liberté, à la jouissance, au plaisir. Avec des mots et, c'est beaucoup plus érotique, sans scène de sexe. 

    Parisienne et mère de famille, Caroline (Isabelle Carrré) débarque dans un petit village du sud de la France, ou elle n’a pas l’intention de s’attarder. Elle est juste venue pour l’enterrement d’isabelle, sa mère qu’elle voyait très peu, mettre en vente sa superbe maison et retourner très vite à ses affaires. Objectif aussitôt contrarié.

    Tandis qu’elle découvre effarée des ouvriers se baignant tout nus dans la piscine, Caroline rencontre Pattie (Karin Viard), une femme de ménage pour le moins singulière. Elle s'avoue très pudique avec les filles mais adore raconter, le plus crument possible, ses expériences de cul avec tous les frappadingues du coin, qu’elle se vante d’attirer comme des mouches. A l’image du lubrique et incompréhensible idiot du village (Denis Lavant).

    Sur ces entrefaites, le corps d’Isabelle disparaît mystérieusement. Pour le gendarme à peine moins louftingue que les autres habitants de la commune, il s’agit sans doute d’un nécrophile. Hypothèse immédiatement retenue par Jean (André Dussolier), un écrivain louche se prétendant l’ami de la défunte et qui ne serait autre que le célèbre Le Clézio. Voilà qui a dû beaucoup amuser le vrai! D’autant plus que Karin Viard alias Pattie, tombée amoureuse du curieux, (monstrueux ?)  personnage, lui trouve la bite aussi élégante que le reste de sa personne…

    L’histoire qui a quand même tendance à se déliter un chouïa au bout d’une heure, est en fait surtout celle de cette Méridionale exubérante et voluptueuse que les frères Larrieu dotent avec délectation d’une libido hors du commun. Du moins en paroles. Car plus elle en dit moins elle en montre. Reste que l'idée est loin de déplaire à Karin Viard qui, comme dans Lolo de Julie Delpy, se complaît visiblement en prétendue nymphomane au vocabulaire salace.

    Contraste total avec Isabelle Carré, cantonnée elle depuis quelques films au rôle de jolie quadra blonde à la fois désemparée, délicate, cruche et solaire. Et en l’occurrence pudibonde, coincée, bref pas du tout portée sur le sexe. Mis elle finira par s'épanouir pour réserver une surprise de taille à son mari, Sergi  Lopez, auteur de quelques apparitions. On vous laisse la découvrir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 novembre.

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  • Grand écran: "Les cowboys", quête enragée d'un père qui raconte le monde

    Les-Cowboys-image01[1].jpgFan de culture country, Alain (François Damiens, photo) est l'un des piliers d'une communauté du genre dans l'est de la France. Lors d'un rassemblement, il danse avec Kelly, sa fille chérie de 16 ans, sous le regard attendri de sa femme et de son fils Kid. Peu après, tous trois s'aperçoivent soudain qu'elle a disparu.

    Dès lors, Alain se lance à sa recherche, parcourant le monde, sacrifiant tout, sa vie de famille, la jeunesse de son fils qu'il embarque dans sa quête éperdue, enragée, obsessionnelle. On découvrira à la fois la conversion de Kelly à l'Islam radical par amour, l’impossibilité pour son père d’accepter de vivre sans elle et de s’adapter aux autres.

    Les cowboys, qui résonne douloureusement face aux tragiques attentats du 13 novembre à Paris, débute en 1994 et se termine en 2005 est le premier long-métrage de Thomas Bidegain, scénariste attitré de Jacques Audiard pour qui il a notamment écrit Un prophète Grand Prix du jury à Cannes en 2009 et Dheepan, Palme d’or en mai dernier. Une fresque ambitieuse doublée d’un grand drame familial.

    De passage à Genève peu après le festival cannois, Thomas Bidegain, sélectionné à la Quinzaine des réalidsateurs, nous expliquait la genèse de ce western moderne, où les protagonistes sont projetés dans le fracas du monde: "J'ai été rattrapé par l'actualité mais j'ai commencé à écrire il y a quatre ans. L'idée m'est venue petit à petit. J'avais entendu parler de ces communautés country dont les membres pensent qu'ils sont des cowboys et les musulmans des Indiens". En l’occurrence les kidnappeurs intégristes de Kelly sont les Indiens, les ennemis à abattre.
     
    maxresdefault[1].jpgL’auteur (photo ci-contre) souhaitait ainsi évoquer les disparitions, le djihad. "Le film se situe à trois niveaux: une famille effondrée qui se délite, une fille qui l’a quittée et la façon dont son départ l’affecte ainsi que toute la communauté de ces cowboys du dimanche et l'histoire d'Al Qaïda, rythmée par les attentats à travers la planète. A commencer évidemment par la rupture essentielle qu’a représentée l’attaque des tours jumelles à New York. Puis celles de Madrid, de Londres".
     
    Bien que tournant autour de la radicalisation et du terrorisme, Les cowboys rappelle la traque inlassable dans La prisonnière du désert de John Ford, ici représentée par Kelly. "J'ai repris ce canevas pour parler d'aujourd'hui. Le western donne l'état de la nation aux Etats-Unis. J'avais envie d'un état de la nation. A travers la quête dramatique d’un père, et celle d’un fils qui suit son père pour ne pas le perdre, je veux raconter le monde où une nouvelle étape a été franchie dans l'horreur, et la façon dont on va être forcé de voir les choses autrement". Thomas Bidegain ne se doutait pas alors à quel point la terrible actualité parisienne lui donnerait raison.
     
    La réussite de cet opus qu’il s’agisse de la mise en scène, de l’écriture, de l’image, des décors, tient aussi bien sûr à ses interprètes, dont Finnegan Oldfield dans le rôle du fils, John C. Reilly dans celui d’un intermédiaire américain et surtout le principal, François Damiens, magnifique et impressionnant.

    Stetson vissé sur le crâne, il incarne pour la troisième fois après Suzanne et Gare du Nord un père à la recherche de sa fille. "J'ai vu des choses chez lui que d'autres ne possèdent pas", remarque Thomas Bidegain. "C'est un comédien formidable, doté d'une présence très physique, d'une autorité, d'une beauté virile. J'en fais un personnage peu sympathique à qui il fallait apporter une humanité pour qu'il reste touchant".

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 novembre.

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