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Sorties de la Semaine - Page 125

  • Grand écran: Laetitia Carton nous emmène au Bal Trad pour danser jusqu'à l'aube

    gennetines.JPGChaque mois de juillet, plus de deux mille personnes affluent de l'ensemble du continent à Gennetines, dans l’Allier, pour participer au Grand Bal de l’Europe. Ce festival de danses traditionnelles, créé en 1990, est devenu une véritable institution au fil des années. Pendant quinze jours, professionnels et amateurs mêlés enchaînent bourrée, polka, mazurka, scottish. Ignorant la fatigue, tout le monde virevolte avec tout le monde jusqu’à l’aube, les femmes avec les hommes, les filles avec les filles, les garçons avec les garçons.

    Après J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd, c’est ce Grand Bal, son quatrième documentaire, que la réalisatrice Laetitia Carton nous fait découvrir. Piquée par le virus du Bal Trad après en avoir elle-même un soir connu l’ivresse, elle est devenue accro, à l'image des danseurs qui se pressent avec passion sur les sept parquets et dans les trois ateliers.

    Dans une ambiance musicale, chaleureuse, champêtre, on trouve toutes les générations (la doyenne a 93 ans et elle vient chaque année), tous les milieux, tous les genres, tous les physiques. Et s'il y a une majorité de Français, on y croise aussi toutes les nationalités, Suisses, Belges, Portugais, Anglais, Hollandais.

    De jour et de nuit, plaçant l’humain au centre, Laetitia Carton a filmé l’événement, cette «parenthèse enchantée» comme elle l’appelle, rendant un hommage vibrant à un monde dynamique et vivant. Une façon pour elle de retendre le lien social, en célébrant le mouvement, la liberté, le lâcher prise, le désir d’aller l’un vers l’autre le temps d’une valse, d’une gavotte.

    508556.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgDes idées venues de son vécu

    Laetitia Carton trouve toujours ses idées dans son vécu. Ses films naissent d’une envie de le partager, de le rendre visible. "J’ai découvert le documentaire sur le tard. La fiction ma dégoûtée à cause de l’ambiance sur le tournage. Là j’ai trouvé ma place, avec une équipe légère. Un chef op, un ingénieur du son et hop on y va".

    La réalisatrice danse depuis l’âge de 5 ans. "J’ai participé pour la première fois au Bal Trad en 2000. C’est tellement extraordinaire ce qui se passe, cette vibration, cette osmose. J’ai pensé en faire un documentaire pendant des années. Mais je n'osais pas laisser entrer la caméra dans cet univers. Je craignais de l‘abîmer. En 2015 une équipe de TF1 est venue faire un petit sujet. S’ils peuvent, moi aussi, me suis-je alors dit".

    Elle a beaucoup discuté avec les danseurs pour leur expliquer son point de vue, son désir de les rendre beaux. "La beauté est essentielle, Elle donne de la force. On vit dans un monde de brutes. La plupart m’a fait confiance, mais certaines personnes étaient réticentes à l’ide d’être filmées. On les a donc évitées ».

    Le 17 mai dernier, le film sélectionné à Cannes a été projeté sur la plage. "C’était magique. Ils ont été plus de 1000 à danser après la projection. 200 ont débarqué juste pour l’occasion de Belgique et d’Espagne. Il y avait des Chinois pieds nus et en costume qui ont dansé la bourrée auvergnate!" 

    Eclectique, Laetitia Carton a déjà pensé à la suite. «"J’ai commencé un film sur Vichy. C’est de là que je viens et j’ai un rapport complexe avec ce lieu. C’est une tentative de réconciliation. Je voulais savoir si c’était aussi difficile pour les autres que pour moi. Je pense par ailleurs à une fiction sur le polyamour avec une volonté de transparence et de communication. Je veux sortir de la culture de l’adultère et du mensonge qui font souffrir tant de monde".

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 octobre.

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  • Grand écran: "Retour au Palais", un voyage plein de sensibilité et de poésie signé Yamina Zoutat

    shellac-retour-au-palais-image-2334.jpgVingt-quatre kilomètres de couloirs, 3150 fenêtres, 6999 portes. Le Palais de justice de Paris. L’une des plus anciennes institutions françaises, située sur l’île de la Cité. Un monument austère et plein de secrets construit comme une cathédrale, résidence des rois de France du Xe au XIVe siècles.

    C’est dans ses coulisses que nous emmène la réalisatrice suisse Yamina Zoutat. Elle connaît bien les lieux. De 1994 à 2004, elle a fait face aux accusés. "J’ai écrit des milliers de pages. Je consignais le spectacle de la justice pour en rendre compte le soir à TF1. J’étais chroniqueuse judiciaire", dit-elle au début du film. "Aujourd’hui je reviens, sans procès à suivre, mais je porte le souvenir de ce que j’ai vécu… Je reviens voir un monde qui va disparaître".

    Découvrir des histoires, des choses non vues

    En 2010 en effet, Nicolas Sarkozy impose le déménagement du Palais (il a eu lieu d'avril à juin de cette année) en banlieue parisienne. C’est alors que Yamina Zoutat a senti le besoin d’un retour. Pour mettre des images sur ses sensations, ses impressions, découvrir des histoires qu’elle ne connaissait pas, des choses qu’elle n’avait pas vues. Recluse dans la salle d’audience des jours et des nuits, elle ne pouvait qu’imaginer ce qu’il y avait autour.

    Dans cette œuvre singulière, sensible et puissante, empreinte de poésie, de lyrisme et de tragique, l’auteure, caméra au poing, nous emmène partout, des bas-fonds aux toits, dans tous les interstices de la justice, pour y scruter son rôle et son sens. Elle nous fait partager son parcours personnel au cœur de cet édifice qui l’a impressionnée plus que tout autre, racontant les crimes, les drames qui l'ont chamboulée.

    Yamina.jpgPassionnée par le fait divers

    On voit les larmes, on sent la souffrance, on entend les cris au cours de ce voyage à la fois extraordinaire et quotidien. Un voyage que la cinéaste portait en elle depuis longtemps. Née à Yverdon et vivant à Paris, Yamina Zoutat, venue présenter son film au Spoutnik, à Genève, est passionnée depuis l’enfance par le fait divers. Après des études de journalisme à Paris IV, elle fait un stage à TF1, où elle est engagée.

    Pendant dix ans, elle a suivi tous les grands procès, de celui de Papon au sang contaminé en passant par Dutroux, Tapie, ou Elf. "Les Assises ont été mon école de cinéma. Aucun scénariste ne pourrait inventer quelque chose d’aussi tordu, invraisemblable et inattendu que certains procès". Aujourd’hui, elle enseigne la vidéo dans différentes facultés parisiennes.

    Une confrontation entre l’auteure et l’imposante bâtisse

    Il lui a fallu sept ans pour aller au bout d’un travail bien soutenu par la Suisse. Les autorisations lui ont donné du mal. «J’ai dû m’armer de patience, m’adapter au temps de la justice. Mais finalement j’ai pu filmer ce que je voulais, d’une manière très subjective, au gré de mes rencontres. J’avais notamment envie de montrer d’autres personnes que des juges et des avocats. Des religieuses, des réceptionnistes, des ouvriers, des gardes, des membres du jury un homme à tout faire».

    Yamina Zoutat voit son film comme une confrontation entre elle et le Palais. "Il s’agit d’une rencontre improbable entre cet édifice majestueux et la fourmi que je suis. J’ai cherché à imposer ma mise en scène à sa scénographie. Je le filme comme un personnage, avec du sentiment, avec mon cœur, mes tripes. C’est viscéral parce que j’ai vécu dedans". Une grande réussite qui avait décroché le Sesterce d'argent à Visions du réel en 2017.

    "Retour au Palais" à découvrir au Spoutnik jusqu’à mercredi 31 octobre, en présence de sa réalisatrice. C’est le début d’une tournée en Suisse romande (Pully, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg) puis en Suisse alémanique et au Tessin.

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  • Grand écran; "Nos batailles", entre drame intime et chronique sociale. Du sur mesure pour Romain Duris

    maxresdefault.jpgAprès Keeper, très prometteur premier long métrage sorti en 2015 et où s’illustrait le Suisse Kacey Mottet Klein, Guillaume Senez séduit tout autant avec Nos batailles. Il raconte l’histoire d’Olivier, syndicaliste non seulement absorbé par son boulot de chef d’équipe dans une usine, mais consacrant du temps à lutter contre les injustices d’une direction implacable envers ses employés.

    Du coup, il compte beaucoup sur sa femme Laura pour élever leurs deux enfants. Jusqu’au jour où elle disparaît brutalement, fuyant sans explication une situation qui lui est devenue insupportable et le laissant face à ses responsabilités. Dépassé mais animé d’une farouche volonté de s’en sortir envers et contre tout, Olivier devra jongler à la maison et dans sa boîte pour concilier vies familiale et professionnelle.

    Le réalisateur belge livre un film sensible, émouvant, d’une étonnante justesse psychologiquement et sociologiquement. Il évolue entre le drame intime en évoquant une famille désemparée, déstabilisée et la chronique sociale, en rendant compte de la violence au sein de l’entreprise. Rien ne cloche dans le traitement réaliste de ces deux sujets sérieux et graves. Mais Guillaume Senez, évitant le pathos et la dramatisation à outrance, se permet quelques bienvenues pointes d’humour, dans la mesure où une crise peut générer de petits moments drôles.

    La réussite de cet opus sur la paternité, l’éducation, le travail, les rapports humains, très bien mis en scène, tient aussi à la qualité de ses comédiens. Parfaitement dirigés, des enfants aux adultes, ils se révèlent bluffants de sincérité et de naturel. Portant le film de bout en bout, Romain Duris, pas du tout dans la séduction contrairement à son habitude, trouve l’un de ses meilleurs rôles, écrit pour lui de surcroît, dans son cinquantième long métrage. Il incarne à merveille ce père abandonné, blessé, obligé de se remettre en question et de batailler pour avancer.

    A ses côtés la solaire Laetitia Dosch, (Betty, la sœur d’Olivier ) se révèle elle aussi particulièrement touchante et attachante. Lucie Debay, Laure Calmy, Cédric Vieira et Dominique Valladié complètent ce joli casting.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

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