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Sorties de la Semaine - Page 121

  • Grand écran: "Widows", le polar noir féministe de Steve McQueen

    alison_widows_20thcentury_ringer.0.jpgC’est l’un des réalisateurs hollywoodiens le plus couru. Oscarisé il y a quatre ans pour 12 Years A Slave, Steve McQueen change de registre avec Widows (Les veuves), un thriller féministe adapté, avec Gillian Flynn (notamment scénariste de Gone Girl), d’une série britannique éponyme des années 80. L’auteur a transposé l’action dans le Chicago d’aujourd’hui.

    Veronica (Viola Davis) se la coule douce grâce aux activités criminelles de son mari Rawlins (Liam Neeson), dont elle est très amoureuse. Mais sa vie bascule le jour où ce dernier et ses trois complices sont abattus par la police dans le gros casse qu’ils ont concocté, la laissant avec une dette de plusieurs millions.

    Elle n’a pas le temps de pleurer, se trouvant rapidement sous la pression de redoutables créanciers politiciens corrompus, exigeant l’argent du braquage. Veronica convainc alors les trois autres veuves également menacées (Michelle Rodriguez, Cynthia Erivo et Elizabeth Debicki), de terminer le boulot commencé, dans le but de reprendre le contrôle de leur vie et se mettre à l’abri.

    Deux mondes aussi pourris l'un que l'autre

    Entre deuil, sexe, religion, criminalité et questions raciales, Steve McQueen dessine un parallèle entre le monde des politiciens et celui des gangsters, aussi pourri et cruel l’un que l’autre. Et surtout, c’est d’actualité dans la Mecque du cinéma, fait opportunément la part belle aux femmes. Battantes plus fortes que les hommes, elles sont chacune issue d’un milieu différent sur les plans social ethnique, économique.

    On peut certes se demander si c’est une bonne chose que leur émancipation passe par un casse réussi… mais on se contentera de signaler que les héroïnes s’en sortent avec talent. A commencer par Elizabeth Debicki, qui tend à voler la vedette à l’incontournable Viola Davis. On n’en dira pas autant du réalisateur qui signe un polar noir bien filmé mais ordinaire, en dépit ou à cause de ses braqueuses de choc, un concept dans le fond limité. D'une violence complaisante, il pêche notamment par une intrigue inutilement tarabiscotée comportant quelques incohérences, un retournement central inutile et un final bâclé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 novembre.

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  • Grand écran: "Lola et ses frères", une comédie familiale superficielle signée Jean-Paul Rouve

    870x489_c_christophe_brachet_15.jpgAprès avoir adapté Les souvenirs, Jean-Paul Rouve refait équipe avec l’écrivain David Foenkinos pour Lola et ses frères, une comédie qui se veut humoristico-dramatico-sociale. Comme son titre l’indique, elle met en scène deux frères, Benoît et Pierre (le réalisateur lui-même et José Garcia) ainsi que leur soeur Lola (Ludivine Sagnier). 

    Des caractères différents, opposés. Opticien, le timoré et maladroit Benoît qui se remarie pour la troisième fois, va devenir père sans y être prêt. Destructeur de barres d’immeubles, le courageux Pierre se fait licencier. Quant à l’avocate Lola, servant à ses dépens de lien à la fratrie, elle tombe heureusement amoureuse de Zoher (Ramsy Bedia), son client qui vient de divorcer.

    Chacun vit sa vie. Mais très soudés, s’adorant tout en se volant dans les plumes à la moindre occasion, ils se retrouvent tous les premiers jeudis du mois au cimetière devant la tombe de leurs parents prématurément décédés où ils tentent de se dire des choses importantes. Car s’ils sont inséparables en dépit des engueulades, reproches, brouilles et embrouilles, ils sont incapables de se parler et de s’écouter. Ou, par pudeur, de demander le soutien des deux autres lors de phases difficiles et perturbantes.

    On suit alors en parallèle, les mésaventures des différents protagonistes. Sous prétexte d’une radiographie des travers ou des joies du quotidien, Jean-Paul Rouve brasse pêle-mêle les thèmes rebattus de la famille, de l’amour fraternel, de l’absence de communication, de la transmission, de la paternité dans un film paresseux, superficiel, au récit sans surprise et aux situations souvent caricaturales. Ennuyeux pour tout dire.

    En revanche, face au manque de consistance et de profondeur des personnages qu’ils incarnent, on relève le mérite des comédiens. Plus particulièrement celui d’un José Garcia attachant et d’un Ramsy Bedia carrément attendrissant dans une partition à contre-emploi. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 novembre.

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  • Grand écran: avec "Heureux comme Lazzaro" Alice Rohrwacher fait l'éloge de la bonté et révèle un acteur

    Lazzaro-felice-sl.jpgAprès Les Merveilles, chronique d’une famille en Ombrie, Alice Rohrbacher revient avec Heureux comme Lazzaro, où elle met en scène un jeune paysan ( Adriano Tardolio, une révélation). Il vit dans un hameau italien à l'écart du monde, au sein d’une communauté d’une trentaine de paysans très pauvres.

    Ils cultivent du tabac pour la propriétaire des lieux, la riche et extravagante marquise Alfonsina de Luna, qui les exploite sans vergogne et en toute illégalité. Humiliés, méprisés traités comme des esclaves, ils ne sont non seulement pas payés, mais accumulent les dettes envers leur employeur qui en profite encore pus honteusement.

    Et à leur tour, les fermiers tyrannisent Lazzaro, Mais ce garçon simplet, innocent, doux et taiseux, au visage naïf, habité d’une infinie bonté, exécutant les tâches les plus grossières, ne se plaint ni ne se rebelle jamais. Joyeux, serviable, il noue une amitié avec le beau Tancredi, le fils de la marquise, ado bourgeois arrogant et rebelle, qui abuse également de son inaltérable gentillesse tout en se montrant singulièrement complice.

    Sur le chemin de la sainteté

    Mais la police finit par débarquer pour mettre un terme à ces conditions féodales. C'est alors que Lazzaro, réfugié  dans les collines, tombe d’une falaise et qu'un autre film commence. On se retrouve vingt ans après dans un décor urbain qui a remplacé la ruralité. Sauf que la situation est pire. Vieillis, usés, encore plus misérables, les mêmes paysans tentent de subsister en mendiant dans la crasse d’un bidonville près d’une voie de chemin de fer.

    Et tandis qu’on le croyait mort, Lazzarro réapparaît tel qu’avant sa chute, physiquement, mentalement, moralement, portant les mêmes vêtements. Un bienheureux sur le chemin de la sainteté pour aider ses proches, son prénom faisant évidemment référence au mythe de la résurrection de Lazare.

    Il est magnifiquement interprété par le génial Adriano Tardolio, atout majeur de cette œuvre entre passé et présent, néoréalisme et surréalisme, rêve et réalité sur fond de mystère et de mysticisme. Montrant sa compassion, son empathie envers les laissés pour compte, Alice Rohrwacher  livre une émouvante et envoûtante fable politico-sociale aux accents pasoliniens. Dans cette parabole pleine de grâce et de poésie, récompensée par un Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, elle dénonce l’injustice, l’inégalité, la servitude, l’indignité et la cruauté d’un monde déshumanisé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 novembre.

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