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Sorties de la Semaine - Page 119

  • Grand écran: "Wildlife", un couple se déchire sous les yeux du fils. Drame initiatique émouvant

    wildlife-image-3-h_2018.jpgPour son premier long métrage l’acteur Paul Dano, vu dans Little Miss Sushine, There Will Be Blood, Prisoners, a adapté le roman de Richard Ford Une saison ardente. On est en 1960 dans une petite ville tranquille du Montana, où viennent de déménager les Brinson, une famille moyenne aspirant au rêve américain.

    Mais les choses vont se gâter dans ce drame initiatique émouvant, où tout est vu à travers le regard de Jo, 14 ans (Ed Oxenbould). Amateur de photo, Il assiste impuissant et passif à la détérioration inéluctable des rapports entre sa mère Jeannette (Carey Mulligan) et son père Jerry (Jake Gyllenhaal).

    Alors qu’il a trouvé un job dans un club de golf, ce dernier se fait licencier après une dispute avec un collègue et peine à retrouver du travail. L’équilibre familial s’en trouve bouleversé et le couple commence à se déchirer., réglant ses comptes devant Joe. Jeannette déniche alors un boulot de monitrice de natation, tandis que Jerry, se sentant de plus en plus humilié, traîne à la maison.

    Déprimé, il décide soudainement, contre l’avis de sa femme, de rejoindre les pompiers volontaires misérablement payés pour aller éteindre des incendies, feux symboliques, qui ravagent la région cet été-là. Il va donc être séparé des siens pendant plusieurs semaines, ce qui provoque d’autres problèmes. Jeanette commence à fréquenter un voisin plus âgé, associant à ses incartades un Joe aussi rageur que désemparé.

    Des personnages pris dans une nasse

    Avec Wildlife (Une saison ardente) Paul Dano propose un film d’apprentissage modeste, mélancolique, sensible, subtil, impressionniste, où chaque personnage se trouve pris dans une nasse et se débat entre frustration, confusion, colère et solitude. La mise en scène, influencée par les toiles d’Edward Hopper, est soignée, rigoureuse, pour un récit classique qui explore les tensions conjugales entre révélations et rebondissements.

    Les comédiens participent largement à la réussite du film. Ed Oxenbould, une révélation, est un héros attachant, très réservé, anxieux, au physique un peu ingrat. Plus mature que ses parents, il souffre de l’absence de son père et de la conduite d’une mère qui révèle ses failles. Il porte remarquablement le film, passant de l’adolescence à l’âge adulte face à un modèle parental qui se craquèle.

    A ses côtés Jake Gyllenhaal se révèle comme d’habitude excellent. Mais c’est surtout Carey Mulligan qui impressionne. Intense, étouffant dans son rôle de mère au foyer mal mariée, elle est formidable en femme  cherchant à s'émanciper et à reprendre sa vie en main hors de l’univers domestique où elle était confinée.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre.

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  • Grand écran: "L'Empereur de Paris" ressuscite laborieusement Vidocq. Avec Vincent Cassel bien peu inspiré

    1026619.jpgDix ans après Mesrine Jean-François Richet retrouve Vincent Cassel pour faire revivre Eugène-François Vidocq. Personnage historique fascinant, tour à tour délinquant, indic, super flic, détective privé, écrivain, il a inspiré nombre de réalisateurs et a notamment été incarné à la télévision par un très bon Claude Brasseur et au cinéma par un Gérard Depardieu médiocre dans une adaptation calamiteuse.

    Etre solitaire épris de liberté, Vidocq devient, sous Napoléon, une légende des bas-fonds parisiens pour s’être échappé des plus redoutables bagnes du pays. Laissé pour mort après sa dernière évasion d’une galère en pleine mer, il tente de se faire oublier sous les traits d’un banal commerçant de tissus.

    Pourtant son passé le rattrape. Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la Sûreté en échange de sa liberté Ses résultats exceptionnels provoquent l’hostilité de ses collègues et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix.

    Récit d'aventure banal et impersonnel

    Concentré sur un court épisode de sa tumultueuse existence, L’empereur de Paris, loin d’être à la hauteur des prétentions épiques de son auteur, rend un piètre hommage au héros. Rien de puissant dans cet ixième récit d’aventure banal, impersonnel, ennuyeux, sorte de boursouflure sépia sans rythme, sans souffle, où presque tout dysfonctionne et où quelques scènes complaisamment violentes et sanguinolentes remplacent l’action.

    Cela ne s’arrange pas avec les comédiens. Mal dirigés, ils surjouent, à commencer par Vincent Cassel en roue libre, manquant d’’épaisseur et n’enfilant jamais le costume. Les personnages qui gravitent autour de lui se révèlent cruellement secondaires. Il y avait pourtant mieux à obtenir de Denis Ménochet, Denis Lavant, James Thierrée, Patrick Chesnais. Ou encore de Fabrice Luchini, dont le réalisateur se contente de faire un Fouché hautain et verbeux au discours alambiqué. Quant aux femmes on oublie. Tels des fantômes, elles ne font que traverser l’écran.

    On retiendra éventuellement les décors et les costumes, la reconstitution, bien que conventionnelle, d’un Paris des années 1800 surpeuplé aux rues obscures et dangereuses, propices au crime. Par ailleurs le film fait écho à une actualité française agitée, en évoquant un Napoléon invisible, retranché dans son palais et dictant ses ordres, le décalage révoltant entre l’élite et la plèbe, et au milieu un Vidocq façon gilet jaune de choc, dont les prouesses physiques font passer James Bond, Rambo voire Aquaman pour des rigolos et qui se met tout le monde à dos.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre

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  • Grand écran: "Pupille" décrit le processus de l'adoption. Passionnant et émouvant

    Capture d’écran 2018-10-30 à 17.46.56.pngJeanne Herrry avait déjà séduit, en dépit de quelques maladresses inhérentes à un premier long métrage, avec Elle l’adore, polar comico-psychologique évoquant l’obsession névrotique d’une fan pour son idole. La fille de Miou-Miou et Julien Clerc, à qui l’on doit aussi des épisodes de la deuxième saison de Dix pour cent, continue à s’affirmer. Changeant complètement de registre, elle s’attaque dans Pupille à l’adoption suite à un accouchement sous X.

    Ce drame à la fois passionnant et émouvant, c’est l’histoire forte de la rencontre entre Alice, quadragénaire en manque d’amour qui se bat depuis dix ans pour avoir un enfant, et le petit Théo, que sa très jeune mère biologique ne souhaite pas garder. Elle a deux mois pour revenir ou non sur sa décision. Une phase pendant laquelle le service social d’aide à l’enfance et celui de l’adoption s’activent pour s’occuper du nourrisson et lui trouver une nouvelle maman.

    Ce temps suspendu constitue le principal intérêt de l’opus que Jeanne Herry traite avec autant de précision que de sensibilité. Soucieuse de la chronologie des événements, respectueuse des détails, la réalisatrice, parfaitement documentée, nous emmène dans les coulisses administratives. Evitant de nous assommer en plongeant dans ses tortueux méandres, elle nous explique simplement, naturellement, le processus de l’adoption. Et propose un film réaliste, instructif, où elle décrit sans juger le parcours émotionnel de chacun, avec ses doutes, ses angoisses, ses problèmes

    Excellente interprétation

    On découvre ainsi les différents personnages qui gravitent autour de Théo pour assurer son bien-être A commencer par Jean, l’assistant familial incarné par un inattendu Gilles Lellouche. Dans un rôle à contre-emploi d’attendrissant père au foyer, il nous fait fondre avec ses fêlures et le lien touchant qu’il établit avec cet adorable bébé. A ses côtés, Sandrine Kiberlain se révèle toujours aussi impeccable en professionnelle consciencieuse, secrètement amoureuse de lui.

    Inspirées, Elodie Bouchez, Olivia Côte et Miou-Miou sonnent également juste entre émotion, sérénité et douceur. Mais on accordera une mention spéciale à Clotilde Mollet, étonnante et singulière assistante sociale, notamment dans un premier entretien bienveillant avec la mère biologique, jamais incriminée pour le rejet de son enfant. Une belle réussite à ne pas manquer.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 décembre.

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