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Sorties de la Semaine - Page 118

  • Grand écran: "Duelles", thriller psychologique féministe

    duelles_0hero-h_2018.jpgLa blonde Alice (Veerle Baetens) et la brune Céline (Anne Coesens) sont les meilleures amies du monde. Très complices, elles habitent la banlieue de Bruxelles, vivant dans deux maisons parfaitement symétriques avec leur mari et leur fils respectif de huit ans, deux enfants élevés comme des frères.

    Et puis un jour une tragédie  bouleverse cette harmonie. Maxime, le fils de Céline, meurt accidentellement sous les yeux d’une Alice impuissante. Mais Céline, aveuglée par la souffrance, l’accuse de n’avoir pas su le protéger.  

    Du coup tout se lézarde face à l’impossible deuil et la belle relation entre les deux mères change radicalement. A l’amitié fait place à la culpabilité, la paranoïa, la peur, le soupçon, la manipulation, des sentiments mêlés d’une volonté de recréer le lien d’avant le drame, dans le but d’entretenir le suspense jusqu’à la confrontation finale. 

    Duelles, thriller psychologique féministe où les hommes, pères à peu près inexistants sont sacrifiés, est signé du Belge Olivier Masset-Depasse. Clairement influencé par Hitchcock et Sirk, il est librement inspiré de Derrière la haine, roman à succès de sa compatriote Barbara Abel.

    Mais alors que le livre se déroule au présent, le réalisateur, dans un hommage hollywoodien, a placé son film dans les années soixante. Il propose une intrigue classique un rien encombrée de ses illustres références. Mais qui se laisse voir avec plaisir, jusqu'à un détail fatal qui vous gâche le suspense. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 avril.

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  • Grand écran: "Les Eternels", une passion contrariée pour illustrer la Chine d'aujourd'hui

    eternels.jpgCinéaste du temps et des mutations dans sa Chine natale, Jia Zhangke déroule à nouveau ses thèmes préférés dans Les Eternels. A la fois fresque politique, polar noir, mélodrame mafieux et romance sociale, son douzième long métrage se déroule en trois chapitres, pour illustrer des changements d’époque.

    En 2001, la jeune Qiao, jolie danseuse venue de la campagne tombe follement amoureuse de Bin, petit parrain de la pègre locale de Datong, dans la province du Shanxi. Alors que Bin est attaqué par une bande rivale de jeunes avides de pouvoir, Qiao, prête à se sacrifier pour lui, prend sa défense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamnée à cinq ans de prison. Bin l’abandonne lâchement.

    A sa sortie, Qiao, dont l’amour pour Bin dure envers et contre tout, traverse le pays à sa  recherche et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre. Dix ans plus tard Qiao, toujours célibataire, a réussi sa vie en restant fidèle aux valeurs du gang. De son côté Bin, usé par les épreuves, revient penaud pour la retrouver. Un dernier volet illustré par une sorte de retournement féministe des rapports de force.

    La romance contrariée entre les deux protagonistes sert de prétexte à Jia Zhangke pour opposer symboliquement deux sociétés dans une Chine tourmentée, l’une traditionnelle incarnée par Qiao et l’autre, néolibérale représentée par Bin. 

    Entre passion indestructible, trahison, sacrifice et résilience, passant de la fermeture des mines du coin à la modernisation radicale de l’économie, le réalisateur brosse ainsi le portrait d’une amoureuse déçue et celui d’une Chine en pleine mutation économique, gagnée par le capitalisme. Un beau film émouvant, ambitieux et un rien longuet, qui vaut surtout par la magnifique prestation de la lumineuse  Zhao Tao, épouse et égérie du cinéaste.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 avril.

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  • Grand écran: "Boy Erased": on va te soigner mon fils! Un réquisitoire édifiant

    boyerased.jpgFils de pasteur, Jared, 19 ans, vit dans une petite ville américaine de l’Arkansas. Alors que ses parents découvrent son homosexualité, il se trouve face à un terrible dilemme. Soit il suit un programme de thérapie de conversion, soit il sera rejeté par sa famille, ses amis et sa communauté religieuse.

    Cette histoire vraie est celle du courageux combat d’un garçon pour se construire, alors qu’on remet en question ce qu’il est. Garrard Conley s’en est emparé pour un roman autobiographique. En l’adaptant, le réalisateur Joe Edgerton dénonce et condamne à son tour ces pseudo-thérapies, revenant sur ces traitements aliénants imposés aux ados gay pour les remettre dans "le droit chemin".

    Lavage de cerveau

    Le sujet pourrait aujourd’hui sembler anachronique. Pourtant cette volonté de réorientation sexuelle reste relativement répandue, non seulement aux Etats-Unis, mais notamment au Canada et en Europe. Pour rester chez l’oncle Sam, trente-six états permettent de laver le cerveau d’enfants ne correspondant pas au modèle d’une prétendue normalité.

    Certaines familles continuent donc à envoyer leur progéniture «déviante» dans ces redoutables centres pour un temps indéterminé, dans le but de soigner ce qu’ils persistent à considérer au mieux comme une maladie, au pire comme une abominable perversion. Avec cette idée qu’on ne naît pas homosexuel mais qu’on le devient, de trop nombreux jeunes gens sont ainsi cruellement forcés de nier leur véritable identité.

    Après The Gift, évoquant la vie d’un couple chamboulée par un mystérieux cadeau, Joe Edgerton nous emmène, avec Boy Erased, dans l’un de ces lieux qui ont tout d’une prison. Et où sévissent brutalement des thérapeutes douteux d’une bêtise crasse, usant de méthodes indignes à l’égard de jeunes gens complètement déboussolés, dont en l’occurrence l’un d’eux n’y survivra pas.

    Excellents acteurs

    L’intrigue est portée de bout en bout par Lucas Hedges (récemment vu dans Lady Bird, Les panneaux de la vengeance et Ben Is Back). Il est excellent dans le rôle de cet adolescent tourmenté entre son désir de conformité, son affection pour ses parents et ses pulsions homosexuelles.

    Le réalisateur nous brosse aussi le portrait de parents (Russel Crowe et Nicole Kidman également parfaits) tiraillés entre leur amour pour leur Jared et leur aveuglement religieux, perdus face à une situation qui les dépasse. Enfin on n’oubliera pas, dans ce constat édifiant et dénué de caricature d’une société d'une rare bigoterie, le personnage de l'affreux directeur du centre, incarné par Joel Edgerton lui-même. Il nous réserve une surprise à la fois de taille, mais qui finalement ne nous surprend pas.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 mars

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