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Sorties de la Semaine - Page 122

  • Grand écran: "Les bonnes intentions" de Gilles Legrand peinent à convaincre. Avec Agnès Jaoui

    5696551.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgIsabelle vit à Paris avec son mari, un ex-réfugié bosniaque et ses deux enfants. Issue d’une famille bourgeoise, mal aimée par sa mère, le credo de cette quinquagénaire c’est aider les autres. Elle est même tellement addict à l’humanitaire qu’elle en oublie les besoins de sa famille, à qui elle reproche son manque d’engagement et d’empathie pour les causes qui lui tiennent à cœur. 

    Bénévole dans un centre social, Isabelle se donne corps et âme pour enseigner le français à des personnes défavorisées et à des étrangers. Ses méthodes sont pourtant jugées bien peu efficaces par la direction qui engage quelqu’un d’autre.

    Furieuse et déconfite face à cette concurrente, elle décide de s’impliquer encore davantage auprès de ses élèves et se met en tête de leur faire passer le permis de conduire. Une jalousie qui nous ferait presque douter de ses bonnes intentions...

    On voit bien où le réalisateur Gilles Legrand veut en venir avec cette comédie sociale censée s’opposer au politiquement correct dans la dénonciation de préjugés tous azimuts. Mais à part quelques scènes amusantes ou  certains dialogues un peu piquants, le film se révèle dans l'ensemble trop balourd, voire caricatural, pour convaincre. Et Agnès Jaoui ne parvient hélas pas à emporter le morceau.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 21 novembre.

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  • Grand écran: "Les filles du soleil ", hommage raté aux combattantes kurdes entre complaisance et pathos

    DpuIUY5V4AAUTaF.jpgAu Kurdistan, un bataillon féminin tente une offensive militaire contre les djihadistes. Violées, brutalisées, vendues comme esclaves, les maris tués sous leurs yeux, leurs enfants enlevés, ces ex-prisonnières dont la vie a basculé, sont devenues des guerrières d’exception après avoir réussi à échapper aux griffes de leurs bourreaux.

    Mathilde, une journaliste française jouée par Emmanuelle Bercot les suit, tandis que l’Iranienne Golshifteh Farahani interprète la commandante Bahar, qui se prépare à libérer la ville avec «Les filles du soleil». D’une grande actualité politico-sociale, le sujet est fort. Malheureusement Eva Husson en fait un film naïf, grossier, mal écrit, mal dialogué, pétri de clichés et de bons sentiments.

    Une partie du scénario s’attache plus particulièrement au passé récent douloureux de ces deux femmes, surtout celui, traumatique, de Bahar à grands coups de flash-backs démonstratifs, où la réalisatrice fait assaut de complaisance.

    L’autre relève du film de guerre traditionnel. Sauf qu’à part entendre les combattantes kurdes chanter en scandant le slogan «la femme, la vie, la liberté» et les voir se livrer à quelques échanges de coups de feu avec les islamistes, on n’en saura pas davantage sur le quotidien tragique de ces femmes courageuses, qui s’élèvent en rempart contre Daech entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.

    Une tendance consternante au pathos et au tire-larmes

    En dépit d’une belle photographie, le film dysfonctionne à tous les étages et ne leur rend pas hommage. Bien au contraire. On cherche vainement le point de vue de la cinéaste, qui privilégie une approche consensuelle avec une tendance consternante à se vautrer dans le pathos et le tire-lames. Sans oublier une musique pompeuse et un happy end aussi laborieux que le monologue féministe de fin.

    Restent les comédiennes, qui ne contribuent pas franchement à relever le niveau. Avec son cache-œil noir (à l’image de la journaliste britannique Marie Colvin, tuée à Homs en 2012), Emmanuelle Bercot a l’air d’une pièce rapportée dès son apparition.

    Quant à la sublime Golshifteh Farahani, turban très seyant et impeccablement maquillée, elle semble mieux armée pour une exhibition dans une fashion week façon commando, que pour les affrontements sanglants sur le terrain.

    Eva Husson faisait partie des trois réalisatrices en lice pour la Palme d’or au dernier festival de Cannes. Elle est repartie on ne peut plus logiquement les mains vides.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 novembre

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  • Grand écran: Yann Gonzalez nous plante "Un couteau dans le coeur". Avec Vanessa Paradis en productrice lesbienne de porno gay

    maxresdefault.jpgA l’image de Gaspar Noé, le Français Yann Gonzalez est un réalisateur clivant. En témoignent les critiques diamétralement opposées de son dernier film Un couteau dans le cœur. Cela va du chef d’oeuvre au navet. Entre les deux, il séduit sans toujours convaincre.

    Paris 1979. Anne (Vanessa Paradis) a fait carrière dans la production de porno gay de série Z. Lorsque Loïs, sa compagne et monteuse la quitte, elle tente désespérément de la reconquérir en tournant un opus beaucoup plus ambitieux, dont elle confie la réalisation à Archibald, son complice de toujours.

    Mais un mystérieux assassin contrarie ses plans. Précédé par le vol d’un oiseau, ce Belphégor queer psychopathe tue sauvagement les acteurs les uns après les autres, armé d’un godemiché à lame rétractable. Anne est alors entraînée dans une étrange enquête, plus kitsch que policière.

    Dans Les rencontres d’après minuit, Yann Gonzalez retrouvait la singularité du cinéma onirique et surréaliste français des années 70. Avec Un couteau dans le cœur, il persiste dans la nostalgie. Entre clins d’œil et  citations, il rend hommage au cinéma en général et au giallo en particulier. Mêlant thriller, horreur et érotisme, proposant fausses pistes et indices propres à diverses interprétations, ce genre italien eut ses heures de gloire dans les années 60-80, grâce à des réalisateurs comme Dario Argento ou Mario Bava.

    L’illustration d’un amour perdu

    En reprenant les codes et en les modernisant, Yann Gonzalez livre un film empreint de culture gay et de dérision, lyrique et amusant, poétique et bouffon, fétichiste et baroque. Maladroit parfois, poseur à l’occasion, il illustre un amour perdu, impossible, avec le portrait d’une femme désespérée et violente.

    Elle est interprétée par une Vanessa Paradis lookée cuir et aux cheveux platine. Très crédible, elle est douloureusement confrontée à la rupture déchirante avec l’amour de sa vie et à la mort de ses comédiens. A ses côtés on retrouve Nicolas Mury, Jacques Nolot ou Rohmane Bohringer.

    1273350.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgRencontré à Genève à l’occasion du GIFF (Geneva International Film Festival), Yann Gonzalez, se décrivant comme un romantique, nous en raconte davantage sur cette proposition hédoniste particulière, esthétiquement réussie, imparfaite dans ses oscillations entre mélo et giallo, moins extrême qu’on pourrait s’y attendre.

    Quelle est la genèse d’Un couteau dans le cœur?

    J’avais envie de frayer avec le réel, la volonté d’offrir quelque chose de plus ouvert, de plus divertissant. Je suis parti d’une fascination pour cette femme brutale, alcoolique, inspirée d’un vrai personnage, Anne-Marie Tensi, étonnante pionnière. Productrice lesbienne de porno gay, amoureuse de sa monteuse, elle avait une cinquantaine de films à son actif, presque tous disparus. Tournés sur le même canapé, un peu crapoteux, ils montrent un aspect de la vie interlope parisienne de l'époque,

     

    Vous rendez hommage au giallo. Vous êtes nourri de métrages déviants, d’érotisme, d’horreur. De cinéma bis.

    Le giallo m’attire. C’est un cinéma de la catharsis, un miroir déformant de sa propre réalité. En revanche je n’aime pas trop ce terme de cinéma bis. Je le trouve réducteur et péjoratif à l’égard d'oeuvres qui charrient autant de beauté que de sensibilité.

    Un couteau dans le coeur traite en fait d’un désir de cinéma tout court.

    Absolument, un désir puissant, névrotique, qui puise dans les ténèbres de la psyché. C’est un cri d’amour, un hymne à la pellicule, au côté organique, à cette matière effacée par le numérique. Mais je brosse surtout un portrait de femme, amoureuse, névrosée, hostile, enragée.

    Vous aimez engager des célébrités. Là, vous avez fait appel à Vanessa Paradis

    C’est notamment une manière de rendre le film plus accessible. Mais ce qui m’intéresse c’est de réinventer quelque chose chez une vedette. Vanessa a un côté absolu, vibrant, une violence, une intensité magique, sombre, obscure. Je me suis également inspiré de sa part d’enfance. Les stars aujourd’hui sont trop exposées. Cela enlève du mystère. Vanessa se préserve de cela. Elle parvient à garder une sorte d’imaginaire. Et puis il y a sa voix un peu cassée, nerveuse, pleine de variations. Une voix pour l’artifice, le rêve.

    Est-ce pour cela que vous vous accordez, selon vous, comme deux musiciens?

    Oui. Mais j’écris surtout des paroles en anglais pour M38, le groupe de mon frère Anthony qui a composé la musique du film. Il est vrai que pour moi, un dialogue doit être musical Je dirais plutôt nous sommes deux mélomanes amateurs de musique.

    Vous êtes un réalisateur soit encensé, soit descendu en flammes, à l'image de ce qui s'est passé à Cannes en mai dernier. Comment le prenez-vous?

    Il y a des choses qui m’ont blessé. Comme le fond d’homophobie chez ce critique pour qui mon film était la honte de la compétition. Mais au fond, je suis ravi de faire un film qui divise. Je préfère cela au tiède.

    Pensez-vous déjà au prochain?

    Oui. Il sera question de voyage. On m’a fait découvrir l’œuvre d’Ursula K, cette écrivaine américaine qui décrit des mondes utopiques.

    A l'affiche à l'Empire. Vendredi et samedi à 23h30. Lundi et mardi à 12h15.

     

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