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Sorties de la Semaine - Page 123

  • Grand écran: "Green Book", un road-movie touchant, doublé d'une réflexion sur le racisme

    green-book-anatomy-facebookJumbo.jpgAvec son frère Bobby, Peter Farrelly nous a habitués aux comédies potaches et transgressives (Mary à tout prix, L'Amour extra-large, Dumb and Dumber). Là il opère en solo en racontant, dans Green Book, l’histoire authentique de Don Shirley, célèbre pianiste noir et Tony Lip, videur blanc italo-américain dans un club à la mode du New York des sixties. Un métrage initié et coécrit par Nick Villalonga, le fils du vrai Tony.

    Bien que le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, la ségrégation règne dans le Sud profond en 1962. Don Shirley qui doit y entamer une périlleuse tournée de concerts, engage Tony pour le conduire et le protéger.

    Partis de Manhattan, ils s’appuient sur le Green Book, un drôle de guide qui les renseigne sur les établissements acceptant les personnes de couleur. Car même  internationalement connu, Don Shirley ne peut pas séjourner n’importe où. De son côté, vu sa fonction, Tony n’est pas forcément le bienvenu partout non plus.

    Ils sont ainsi confrontés à la vilenie humaine au cours de ce road movie en forme de manifeste politique et surtout de réflexion sur le racisme, qui n’est pas que l’apanage des suprémacistes du Ku Klux Klan, mais peut toucher chacun, noir, juif, indien, blanc. Et alors que tout les sépare, les deux hommes vont apprendre à se connaître, à dépasser leurs propres préjugés et différences jusqu’à devenir amis.

    L’oscarisé Mahershala Ali, découvert dans Moonlight de Barry Jenkins, est parfait en pianiste maussade, raffiné, cultivé, tandis que  Viggo Mortensen, se révèle excellent en chauffeur brut de décoffrage, joyeux, hâbleur et perpétuellement affamé. Ils forment une sorte de duo comique dans cette ode positive à la tolérance et à l’humanisme.

    A la fois édifiante, bienveillante, touchante et pleine d’humour en dépit du sérieux de son sujet, elle évite le manichéisme et la moralisation, mais frôle parfois la caricature avec sa représentation binaire des individus et des situations. Récompensé par trois Golden Globes et sacré meilleur film par le syndicat des producteurs américains, Green Book se révèle toutefois comme un solide prétendant aux Oscars.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dés mercredi 23 janvier.

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  • Grand écran: dans "Colette", Keira Knightley incarne la célèbre écrivaine sur la voie de l'émancipation

    870480.jpgLes romans et la vie de Colette, fascinante icône de la littérature française du 20e siècle, mime, actrice et journaliste, présidente de l’Académie Goncourt, éprise de liberté, en avance sur son temps en ouvrant la porte du féminisme, ont inspiré de nombreux films.
    Parmi les plus connus, Le Blé en herbe (1953) de Claude Autant-Lara,  Gigi (1958), de Vincente Minelli, Chéri (2009), de Stephen Frears. Ou encore, en mode mineur, Colette, une femme libre (2004), téléfilm en deux parties de Nadine Trintignant, dernier rôle de sa fille Marie, tuée par Bertrand Cantat en 2003.

    Avec Colette, le réalisateur anglais indépendant Wash Westmoreland se penche sur une partie de la vie de son héroïne, incarnée par la belle et convaincante Keira Knightley. Elle va de son mariage en 1893 à son émancipation en tant qu’auteure avec son roman La Vagabonde, 17 ans plus tard.

    L’un des nègres de Willy

    Jeune campagnarde bourguignonne naïve, Sidonie-Gabrielle Colette a tout juste 20 ans lorsqu’elle épouse l’écrivain et critique Henry-Gauthier-Villars dit Willy (Domninic West, très bon lui aussi), de 14 ans son aîné. Le couple emménage à Paris. Grâce aux relations de son mari, Colette découvre un milieu artistique inconnu qui stimule sa  créativité. Mais Willy, égocentrique, manipulateur, coureur de jupons, produit de la misogynie de son époque, la force à devenir l’un de ses nègres.

    Elle lui servira ainsi de prête-nom pour la série des Claudine qui connaît un succès phénoménal. Plus doué pour le marketing que pour la littérature, son mari s’en sert pour une déclinaison de produits dérivés à l’effigie de l’héroïne créée par sa femme. A laquelle en plus toutes les jeunes femmes veulent ressembler. Une Bardot avant l’heure avec sa coiffure choucroute et ses robes Vichy.

    Libertinage, bisexualité et scandale

    Avec l'argent récolté, Willy, follement dépensier, pourra payer ses dettes et entretenir ses maîtresses. Mais ses aventures deviennent insupportables à Colette qui souffre par ailleurs de plus en plus de ne pas être reconnue, elle qui ne revendiquait pas seulement ses droits d’auteur, mais les mêmes avantages que les hommes.

    Elle va pourtant se libérer de son emprise. Wash Westmoreland évoque alors les années où le couple se livre au libertinage d’un commun accord, où Colette se découvre bisexuelle. Dès lors apparaît une femme moderne qui s’affirme, s’assume ouvertement dans des relations provocantes, plus particulièrement avec Missy (Denise Gough), une duchesse qui s’habille en homme. Les deux femmes donneront des spectacles de music-hall qui feront scandale, une expérience dont se servira Colette pour La Vagabonde.

    Un biopic moins osé qu’espéré

    C’est par la sortie du livre en 1910 que le film se termine. On soulignera la fidélité aux événements marquants, la belle photographie, le travail de recherche et de reconstitution en ce qui concerne les décors, Paris, les costumes, les coiffures.

    On regrettera en revanche le côté lisse de ce biopic moins sulfureux et osé qu’espéré. Ainsi que la langue anglaise pour un personnage qu’on voit écrire en français. A découvrir peut-être en version traduite, pour autant qu’on y ait gardé l’accent bourguignon de Colette... En tout cas une chose est sûre. On a envie de relire ses livres.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 janvier.  

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  • Grand écran: "Edmond" raconte la création chaotique de "Cyrano de Bergerac"

    4591857.jpgActeur, auteur, metteur en scène, Alexis Michalik signe son premier long métrage avec l’adaptation d’ Edmond, sa pièce sur l’histoire de la création chaotique de Cyrano de Bergerac, qui lui a valu cinq Molière. Le scénario, écrit à la base pour le cinéma, n’avait pas eu l’heure de plaire aux producteurs. Qui ont changé leur fusil d’épaule suite au succès remporté.

    En 1897, les auteurs redoutant que le cinéma né deux ans auparavant supplante le théâtre, tentent de s’emparer de sujets contemporains. Le jeune Edmond Rostand (Thomas Solivérès), persiste dans l’inverse mais, en panne d’inspiration, se désole. Il n’a rien écrit depuis deux ans et vient de connaître un flop retentissant.

    Tentant le tout pour le tout, le dramaturge d'à peine trente ans propose à la star de l’époque Constant Coquelin (Olivier Gournet), soutenu par la grande Sarah Bernhard (Clémentine Célarié), une pièce comico-romantico-héroïque, en vers.

    Mais Rostand n’a pas la tâche facile. Il doit affronter la jalousie de sa femme (Alice de Lencquesaing) envers la costumière Jeanne d’Arcy (Lucie Boujenah), sa muse qui lui inspire des vers passionnés, supporter les caprices d’une actrice sur le déclin (Mathilde Seigner), les exigences de ses producteurs (Simon Abkarian et Marc Adreoni) et se heurte à son rival Georges Feydeau (Alexis Michalik).

    Balayant obstinément tous les obstacles, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit et dont  il n’a que le titre: Cyrano de Bergerac. Elle deviendra l’une des plus célèbres de la littérature française et la plus jouée.

    Entre théâtre filmé et cinéma

    Pour cette reconstitution académique de la Belle Epoque, dans une atmosphère à la Marcel Carné où on retiendra les qualités littéraires de la pièce originale, les références culturelles liées au patrimoine, de jolis traits d’humour et une belle énergie, Alexis Michalik oscille un peu laborieusement entre cinéma et théâtre filmé.

    Côté comédiens, Thomas Solivérès séduit, se coulant avec un rien de maladresse et un fol enthousiasme dans le costume d’Edmond en pleine ébullition créatrice. On n’en dira pas autant de Mathilde Seigner et Clémentine Célarié qui cabotinent à outrance. Quant à Olivier Gourmet, il s’en tire plutôt bien en Constant Coquelin. Mais, à l'image de tous ceux qui se sont frottés au mythique héros, il nous rappelle, lorsqu'il s'y mesure, l’excellence de Gérard Depardieu dans le rôle que lui avait confié Jean-Paul Rappeneau en 1990.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 janvier

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