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Sorties de la Semaine - Page 126

  • Grand écran: Un dîner entre amis dégénère dans "Le jeu". Grand coupable, le smartphone!

    le jeu2.jpgQui n’a pas de cadavre dans son placard ? Personne. Pour mieux vous en convaincre, organisez une soirée entre amis, posez votre téléphone sur la table et attendez qu’il révèle vos petits ou gros secrets inavouables.

    Chaque appel, SMS, mail, message Facebook, photo, devra en effet être partagé avec tout le monde. Un jeu de la vérité façon 2018, qui peut tourner au cauchemar. Car les révélations compromettantes s’enchaînent, à commencer évidemment par les liaisons extraconjugales.

    C’est ce qu’a imaginé avec Le jeu Fred Cavayé (notamment auteur du faiblard Radin), un remake du film italien Perfetti Sconosciuti de Paolo Genovese, sorti en 2016 et déjà adapté par l’Espagnol Alex de la Iglesia l’année dernière. Rien d’original donc, mais l’idée, à l’heure de l’hyerconnexion, est de faire réfléchir les personnes constamment vissées à leur téléphone portable aux conséquences sur leurs relations sociales, le couple, l’amitié, l'amour.

    Ce vaudeville se veut grinçant, drôle, féroce, désespérant. Il l'est parfois. Mais, tombant rapidement dans la surenchère et l’invraisemblance, il offre plutôt des rebondissements souvent prévisibles, des quiproquos sans finesse, des situations manquant de diversité et de nuances quand elles ne virent pas à la caricature.

    Côté comédiens, Stéphane de Groodt, Bérénice Béjo, Suzanne Clément, Grégory Gadebois, Roschdy Zem, Dora Tillier, Vincent Elbaz ne sont pas toujours au mieux de leur forme dans ce grand déballage dont personne ne sortira indemne. Encore que...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

    Mais qui sont ces gens?

    Sur le même thème (un hasard), mais autrement plus acérée, plus fine, plus mordante, plus drôle, mieux écrite et construite, une pièce signée de la dramaturge genevoise Manon Pulver Mais qui sont ces gens? vient de faire un carton au Théâtre du Loup. Mise en scène par Julien George, l’histoire, partie d’une banale discussion entre amis sur l’usage des smartphones qui dégénère, est impeccablement interprétée par Laurent Deshusses, Marianna Sylla, Etienne Fague, Julien Tsongas et Camille Figuereo.

    Dans le cadre d’une petite tournée, elle sera le 2 novembre au Théâtre du Crochetan à Monthey, du 8 au 11 novembre au Théâtre Nuithonie à Fribourg, le 14 novembre au Théâtre Le Reflet à Vevey, les 16 et 17 novembre au Théâtre Benno Besson à Yverdon. A voir absolument si vous vous trouvez au bon endroit au bon moment.

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  • Grand écran: "Le Grand Bain", lourdingue éloge de losers, signé Gilles Lellouche

    thumb_58638_film_main_big.jpgUne brochette de quadras, quinquas et sexas se rencontrent dans une piscine municipale. Plus ou moins ventripotents et déprimés, ils tentent de redonner un sens à leur vie pourrie en décidant de se mettre à la natation synchronisée. Et se lancent le défi de participer au championnat du monde, qui doit se dérouler en Norvège.

    Jetés dans Le grand bain par Gilles Lellouche pour une thérapie de groupe, nous avons donc Guillaume Canet père aigri perpétuellement de mauvais poil, Mathieu Amalric, chômeur humilié qui veut regagner l’estime de sa femme (Marina Foîs), Philippe Katerine, vieux garçon un peu simplet, un peu poète, Benoît Poelvoorde, vendeur de piscine grande gueule à la dérive et endetté jusqu’au coup, ou encore le chevelu Jean-Hugues Anglade, rocker déchu et déglingué méprisé par sa fille.

    Ils sont coachés par Virginie Efira, ancienne gloire des bassins alcoolique brisée par la vie, larguée un moment en cours de route. Elle est remplacée en attendant son retour par la revancharde Leïla Bekhti en fauteuil roulant, aboyant ses ordres en cinglant les fesses des réfractaires à l’entraînement.

    Si seulement c’était loufoque. Mais non, c’est juste lourdingue Une comédie de potes à la réalisation convenue, paresseusement écrite, aux dialogues simplistes à l’exception de quelques répliques, aux vannes attendues et aux gags faciles, avec des comédiens en roue libre, plus particulièrement Benoît Poelvoorde.

    Et dire qu’il faut plus de deux heures à Gilles Lellouche pour cet éloge lénifiant de losers qui vont finir par se sublimer dans un final tellement prévisible… A se demander comment Le Grand Bain a pu être sélectionné au dernier Festival de Cannes! Certes hors compétition, mais tout de même.

    Eh bien apparemment, il y avait sa place, si on en juge par l’accueil chaleureux, sinon délirant lors de sa projection publique accompagné de critiques élogieuses d’une presse française quasi unanimement séduite, évoquant carrément un Full Monty aquatique. Et ça continue sur les plateaux télé où tous les présentateurs se pâment devant la troupe venue faire son show.

    A l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 24 octobre

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  • Grand écran: "Sauvage", descente aux enfers d'un prostitué gay. Avec un remarquable Félix Maritaud

    Sauvage-un-film-choc-sur-la-prostitution-masculine.jpgVisite d’un jeune homme chez un médecin. Petites questions classiques, prise de tension, palpage des ganglions, du ventre… Mais l’auscultation dérape, le toubib se mettant à masturber son patient, avant de lui donner un prochain rendez-vous. Car le patient est un prostitué gay, Léo, héros de Sauvage, premier long métrage coup de poing du Français Camille Vidal-Naquet.

    Remarquable, il révèle aussi un extraordinaire acteur, Félix Maritaud. Désormais égérie du cinéma queer français, on l’a déja aperçu dans 120 battements par minute de Robin Campillo et Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. Etre absolu, solitaire, insaisissable, indomptable, Félix alias Léo (ou l’inverse, tant les deux ne font qu’un «je me suis vidé pour être rempli par le personnage», remarque le comédien), erre dangereusement de rencontre en rencontre.

    Léo drague au bois de Boulogne. Mais le vsexe est juste um boulot qui lui permet de quoi subsister plus ou moins. Marginal, sans règle ni code, il est tiraillé entre son état assumé, son désir de liberté et surtout une inépuisable force d’aimer, un besoin de tendresse qui subsistent quelle que soit la violence du monde qu’il traverse.

    Perpétuelle fuite en avant

    Dans sa quête obsessionnelle où il ne reçoit souvent que des coups en retour, il s’obstine à séduire sans succès Ahd (Eric Bernard, très bon lui aussi), un gay refoulé, limite homophobe, qui pratique le même job que lui. Mais dégoûté, répétant "je ne suis pas pédè, j'embrasse pas", Ahd le repousse. Il espère sortir au plus vite de cette galère en se trouvant un vieux pour l’entretenir.

    Les passes se succèdent pour Léo dans une sorte de descente sacrificielle aux enfers. Son corps martyrisé, plein d’hématomes, se dégrade. Jamais endurci pourtant, il persiste à se vendre sans limite à des clients divers qu’il a envie de prendre dans ses bras ou de se lover contre eux. Dans une perpétuelle fuite en avant, il refuse toute perspective d'une éventuelle stabilité.

    Malgré des scènes sexuelles très crues, d’une brutalité parfois insoutenable (comme celle du plug, où en plus on le frappe et on le jette à la rue sans le payer), il n’y a aucun voyeurisme dans ce récit d’un quotidien sordide.

    Un gros travail de documentation

    Camille Vidal-Naquet s’est livré à un gros travail de documentation sur la prostitution masculine. Il a rencontré et observé des garçons au bois de Boulogne pendant trois ans pour mieux saisir leurs rituels de drague, rendre compte de leur condition précaire, de leur état de santé déplorable.

    Pour autant, il ne s’agit pas d’un documentaire avec analyse sociale à l’appui. Le cinéaste restitue le réel dans une fiction frontale, intense, ardente, magnifiée par l’incroyable performance d’un Félix Maritaud bouleversant et radicalement mis à nu.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

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