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Sorties de la Semaine - Page 128

  • Grand écran: "Voyez comme on danse", laborieuse comédie familiale misant sur un casting étoilé

    voyez_comme_on_danse.jpgFilm choral aux intrigues et personnages multiples, Voyez comme on danse est une sorte de suite, 16 ans après, d' Embrassez qui vous voudrez, Adaptant un roman de Joseph Connolly, Michel Blanc remet donc le couvert avec une partie de ses personnages d’avant et quelques nouveaux venus.

    On a Véro, une mère de famille célibataire hystérique et pauvre (Karin Viard), dont la fille Eva étudiante à Nantes lui annonce qu’elle est enceinte. Le père (William Lebghil) est le fils de Lucie (Carole Bouquet) une de ses amies vegan mariée à Julien (Jean-Paule Rouve), un loser complètement parano qui sent en permanence une présence hostile dans son dos. Et qui trompe sa femme. Au bord de la rupture, Véro finit par faire le ménage chez une autre amie Elizabeth (Charlotte Rampling) une grande bourgeoise style potiche anglaise, dont le mari (Jacques Dutronc) est en prison pour évasion fiscale...

    Dans ce méli-mélo aux allures de téléfilm à l’humour potache, Michel Blanc donne de la place aux femmes mais peine à trouver un regard neuf pour exploiter des thèmes recuits. Pratiquement pas de mise en scène, un scénario poussif, des dialogues artificiels, des situations vues et revues et des gags lourdingues à de rares exceptions.

    Bref pas grand-chose à sauver dans cette comédie familiale maladroite et assez pathétique. Le film ne mise que sur la notoriété de comédiens plus ou moins en roue libre, contents d’être entre eux qui surjouent, cabotinent et se font plaisir sans se fouler. Du coup le spectateur se moque bien de ce qui peut leur arriver.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 octobre.

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  • Grand écran: avec "Dilili à Paris", Michel Ocelot met les femmes au centre d'un conte poético-lyrique

    dd7efec8969d7e847cbc72fb89d63.jpegLe film ouvre sur la vie quotidienne dans un village africain à l’heure du repas. Evoluent dans ce cadre la petite Dilili et ses parents que les promeneurs viennent voir, comme s’ils visitaient un zoo humain. En réalité, cette scène caricaturale se déroule dans un parc parisien lors de l'Exposition universelle de 1900. Dilili, princesse kanake née d’un père français et d’une reine néo-calédonienne fait partie d’un spectacle reconstituant les choses telles qu’on les imaginait à l’époque coloniale.
     
    Parlant un français digne d’une académicienne, la fillette est l’héroïne du nouveau film d’animation façon manifeste féministe de Michel Ocelot, le fameux père de Kirikou, qui raconte ses aventures dans le Paris de la Belle Epoque. Protégée d’une grande bourgeoise parisienne, la jeune métisse, trop blanche pour la Calédonie, trop noire pour Paris…, rencontre un livreur en triporteur qui lui offre de découvrir la prestigieuse capitale.
     
    Celle-ci est le terrain de chasse privilégié de la redoutable et mystérieuse société souterraine des Mâles-Maîtres qui enlève les fillettes dans le but de juguler une menaçante émancipation féministe naissante…Tous deux vont mener l’enquête tambour battant pour retrouver les victimes, aidés par les célébrités d’alors, à commencer par les pionnières dans la société patriarcale.
     
    pr_marion_dilili_a_paris_de_michel_ocelot_teaser-00_00_27_00-3705599.jpgD’où un défilé à l’effet catalogue un rien fastidieux de personnages (surtout pour les enfants à qui est en partie destiné le film) : Marie Curie, Louise Michel, Sarah Bernhardt, Pasteur, Monet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Proust, Jules Verne, Santos Dumont, la cantatrice Emma Calvé.
     
    C’est elle qui aide plus particulièrement Dilili et le livreur dans leurs recherches effrénées qui finissent par les conduire dans les égouts. On y découvre les gamines kidnappées traitées comme des esclaves, vêtues d’une burka, forcées de se déplacer à quatre pattes quand elles ne servent pas de sièges à leurs terrifiants geôliers.
     
    Dilili à Paris nous laisse retrouver avec plaisir le graphisme singulier du réalisateur. Entre conte poético-lyrique et pamphlet politique, Michel Ocelot propose un décor urbain théâtral aux couleurs vives, constitué de photographies retravaillées de Paris dans lesquelles il a intégré les dessins. Par ailleurs, cette fable au but éducatif et pédagogique qui met les femmes au centre, est une ode à la culture, la liberté, l’égalité, la lumière, face à l’oppression, l’obscurantisme, l’intolérance, le sectarisme, le racisme, l’ignorance, la peur de l’autre.

    Pourtant ce plaidoyer qui résonne certes avec une actualité brûlante, manque de subtilité et reste trop premier degré pour entraîner une adhésion totale. Dommage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 octobre.

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  • Grand écran: "The Guilty", thriller mental minimaliste en forme d'expérience immersive

    maxresdefault.jpgMuté au standard du 112 suite à une faute professionnelle, quitté par sa femme et en attente de son procès, un policier, Asger, passe désormais son temps à répondre à divers appels d’urgence. Alors qu’il va terminer son travail, il prend encore celui, inquiétant, d’une femme apparemment kidnappée par son ex et dont les deux enfants sont restés seuls à la maison.
     
    Mais avant qu’il ait l’occasion d’en savoir plus, la ligne est coupée. Pour la retrouver, il ne peut pas compter sur grand-chose, sinon son intuition, son imagination et surtout, son téléphone. Il n’aura dès lors de cesse que de rétablir la communication.
     
    Reposant entièrement sur le hors-champ, The Guilty est le premier long métrage du cinéaste danois Gustav Möller. Il a choisi un procédé astreignant pour un huis-clos se limitant à deux bureaux, où son protagoniste est majoritairement filmé en plans fixes. A l’image du spectateur, il est réduit au rôle d’auditeur d’un fait divers tragique qui demeure invisible, dont on ne perçoit la violence qu’à travers la bande-son.
     
    En effet, après avoir reçu l’angoissant appel, le flic ébranlé par la courte conversation qu’il vient d’avoir, ne quitte plus son poste. Assez peu sympathique au départ, il se mue en humaniste, s’’attachant à cette femme, l'écoutant, la conseillant, tentant de repérer l’endroit où l’emmène le kidnappeur. 
     
    L’intrigue qui se déroule en temps réel, est une expérience immersive, où le spectateur construit lui-même le film puisqu’il ne fait qu’entendre ce qui se passe au lieu de le voir. Du coup ce sont les sons, les voix, les dialogues qui créent les images dans sa tête.
     
    Excellente interprétation de Jakob Cedergren

    Ce thriller psychologique, mental, minimaliste, épuré, sans musique ni effet de caméra, où le cinéaste se fait un plaisir de jouer avec nos nerfs, de nous abuser et de nous retourner avec un rebondissement machiavélique, doit beaucoup à son interprète Jakob Cedergren.
     
    Nerveux, tourmenté, avide de bien faire, dépassant ses compétences, outrepassant la hiérarchie, Asger cherche par tous les moyens à résoudre un drame qui lui permettrait éventuellement  de se racheter de la bavure commise. Quitte à se tromper et à aggraver une situation qu’il ne comprend forcément pas.
     
    On regrettera pourtant, dans cette traque à distance efficace frisant l’exercice de style, quelques incohérence,  invraisemblances, voire un certain pathos. Et à la longue, on n’en peut plus d’entendre le téléphone sonner…
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 octobre.

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