Grand écran: "L'Empereur de Paris" ressuscite laborieusement Vidocq. Avec Vincent Cassel bien peu inspiré (18/12/2018)

1026619.jpgDix ans après Mesrine Jean-François Richet retrouve Vincent Cassel pour faire revivre Eugène-François Vidocq. Personnage historique fascinant, tour à tour délinquant, indic, super flic, détective privé, écrivain, il a inspiré nombre de réalisateurs et a notamment été incarné à la télévision par un très bon Claude Brasseur et au cinéma par un Gérard Depardieu médiocre dans une adaptation calamiteuse.

Etre solitaire épris de liberté, Vidocq devient, sous Napoléon, une légende des bas-fonds parisiens pour s’être échappé des plus redoutables bagnes du pays. Laissé pour mort après sa dernière évasion d’une galère en pleine mer, il tente de se faire oublier sous les traits d’un banal commerçant de tissus.

Pourtant son passé le rattrape. Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la Sûreté en échange de sa liberté Ses résultats exceptionnels provoquent l’hostilité de ses collègues et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix.

Récit d'aventure banal et impersonnel

Concentré sur un court épisode de sa tumultueuse existence, L’empereur de Paris, loin d’être à la hauteur des prétentions épiques de son auteur, rend un piètre hommage au héros. Rien de puissant dans cet ixième récit d’aventure banal, impersonnel, ennuyeux, sorte de boursouflure sépia sans rythme, sans souffle, où presque tout dysfonctionne et où quelques scènes complaisamment violentes et sanguinolentes remplacent l’action.

Cela ne s’arrange pas avec les comédiens. Mal dirigés, ils surjouent, à commencer par Vincent Cassel en roue libre, manquant d’’épaisseur et n’enfilant jamais le costume. Les personnages qui gravitent autour de lui se révèlent cruellement secondaires. Il y avait pourtant mieux à obtenir de Denis Ménochet, Denis Lavant, James Thierrée, Patrick Chesnais. Ou encore de Fabrice Luchini, dont le réalisateur se contente de faire un Fouché hautain et verbeux au discours alambiqué. Quant aux femmes on oublie. Tels des fantômes, elles ne font que traverser l’écran.

On retiendra éventuellement les décors et les costumes, la reconstitution, bien que conventionnelle, d’un Paris des années 1800 surpeuplé aux rues obscures et dangereuses, propices au crime. Par ailleurs le film fait écho à une actualité française agitée, en évoquant un Napoléon invisible, retranché dans son palais et dictant ses ordres, le décalage révoltant entre l’élite et la plèbe, et au milieu un Vidocq façon gilet jaune de choc, dont les prouesses physiques font passer James Bond, Rambo voire Aquaman pour des rigolos et qui se met tout le monde à dos.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre

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