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Sorties de la Semaine - Page 127

  • Grand écran: "Rafiki" défie la censure au Kenya avec la mise en scène colorée et pop d'un amour interdit

    RAFIKI_Presse_03-2.jpgTout semble opposer Kena et Ziki,  lycéennes habitant le même quartier de Nairobi. Gauche, réservée, garçon manqué, la casquette à l'envers, la première veut devenir médecin, fait du skate, du foot, traîne uniquement avec ses potes. Tandis que la seconde est une petite peste girly exubérante aux cheveux multicolores et aux ongles fluo. Rêvant de voyages, aimant la danse, elle invente des chorégraphies avec ses deux meilleures amies.

    Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale locale, au cours de laquelle s’affrontent leurs pères respectifs. Kena et Ziki  font mine de s’ignorer, se défient. Mais irrésistiblement attirées l’une vers l’autre, elles se cherchent, échangent des sourires, des regards pleins de désir et finissent par se donner rendez-vous dans un vieux bus abandonné.

    Mais vivre un tel amour, même en se cachant, est loin d’être simple dans une société kényane conservatrice et rétrograde. Confrontées aux redoutables préjugés homophobes de leurs parents, des voisins, les deux jeunes filles vont être contraintes de choisir entre passion, liberté et sécurité.

    Dans Rafiki, défi à la censure, relecture pop et flashy d’un Roméo et Juliette lesbien, la réalisatrice Wanuri Kahiu raconte la relation amoureuse, sensuelle et sexuelle de ses deux héroïnes avec pudeur, délicatesse et retenue. Mais sans aucune ambiguïté. Tout comme elle livre un constat certes prudent mais néanmoins affligeant sur les graves persécutions dont sont victimes les homosexuels, dénonçant par ailleurs un pouvoir politique exercé de conserve avec les autorités religieuses.

    S’inspirant de Jambula Tree de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, ce premier long métrage à la fois naïf, optimiste et courageux est aussi le premier film kényan à avoir été sélectionné au dernier Festival de Cannes. D’abord interdit dans son pays, il a été autorisé de diffusion pendant une semaine, suite à la plainte de Wanuri Kahiu, pour lui permettre de concourir aux Oscars. Face au succès remporté, des séances gratuites et secrètes ont été organisées par la communauté LGBT+

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 17 octobre.

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  • Grand écran: "First Man", intimiste conquête de la lune avec un formidable Ryan Gosling

    first-man-le-premier-homme-sur-la-lune-5b89007de875e.jpgLa conquête spatiale. Apollo XI. Une épopée triomphante, des images vues et revues, un thème mille fois traité. Raconter quelque chose de nouveau sur l’un des enjeux les plus célèbres de l’histoire du 20e siècle relevait de l’exploit. Damien Chazelle, qui nous avait bluffé avec Whiplash, enchanté avec La La Land, l'a réalisé avec First Man, odyssée humaine aux accents kubrickiens. 

    Evitant le côté spectaculaire et cliché de la grosse machine hollywoodienne célébrant le mythe planétaire, le réalisateur franco-américain oscarisé a audacieusement choisi l’approche intimiste en se penchant sur le destin hors norme de Neil Armstrong. Adaptant la biographie de James R.Hansen, à laquelle le héros a participé, il se focalise davantage sur l’homme, ses déchirements, ses joies, ses espoirs, ses sacrifices que sur les moments incontournables de cette vertigineuse balade lunaire.

    First-Man-ces-trois-choses-que-l-on-a-aimees-dans-le-film-de-Damien-Chazelle.jpgPilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, l’astronaute passionné sera le premier homme à marcher sur la lune le 21 juillet 1969. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile et exigeant, assumant les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Traumatisé par le décès de la petite fille de trois ans d’un cancer cérébral, il tente d’être un mari aimant mais moins présent qu’il le voudrait auprès d’une femme (Claire Foy, excellente) qui l’avait épousé en espérant une relation moins tumultueuse.

    Neil Armstrong ne nous apparaît ne pas comme un surhomme, mais comme un père de famille taiseux, dont on apprend beaucoup sur la face cachée. Pour la deuxième fois, Chazelle a fait appel à Ryan Gosling. Un choix idéal que ce comédien habitué aux personnages mutiques. Il est parfait en écorché vif, livrant un jeu minimaliste, subtil, intense, laissant apparaître les fêlures d’un papa meurtri, viscéralement hanté par la mort, tout en exprimant la concentration extrême, la passion, le bouillonnement intérieur de l’astronaute.

    Entre dimension existentielle et thriller sous haute tension

    Mais si Chazelle privilégie le drame intime, la dimension existentielle, psychologique, métaphysique, immersive de la fabuleuse aventure, il n’en néglige pas pour autant le côté thriller sous haute tension

    Deux scènes d’un réalisme extraordinaire nous collent plus particulièrement au fauteuil, avec l’impression du ressenti physique des protagonistes: le décollage assourdissant d'Apollo XI dans un déluge de feu et l’alunissage hallucinant du LEM dans la mer de la Tranquillité. On a des papillons dans le ventre en voyant carrément le vrai  Armstrong descendre l’échelle et poser sa «moon boot» sur la poussière grise avant de prononcer le fameux «Un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité». Bref, on y est, comme lors de la retransmission télévisée en direct, ce fameux 21 juillet 1969.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 octobre.

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  • Grand écran: avec "Capharnaüm", Nadine Labaki veut plaire à tout le monde. Sans succès

    capharnaum_a.jpgZain, 12 ans, dont on apprend qu’il a poignardé un homme, arrive au tribunal les mains menottées dans le dos. Au juge qui lui demande d’expliquer sa présence il répond: "Je souhaite porter plainte contre mes parents pour m’avoir donné la vie".

    Un démarrage on ne peut plus original, avec cette attaque contre ses géniteurs, prometteuse d’un passionnant questionnement moral sur le fait d’engendrer un enfant sans avoir les moyens de lui assurer une existence décente. Mais hélas, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki qui veut plaire à tout le monde, laisse tomber ce sujet en or pour bifurquer sans attendre vers un banal flash back, pétri de bons sentiments.

    Avec ce film tourné caméra à l’épaule dans l’effervescence des rues de Beyrouth et des taudis des faubourgs, on suit le parcours chaotique de Zain, beau comme un ange et bluffant dans son propre rôle. Livré à lui-même, le gamin issu d'une famille très pauvre, qui se bat pour sauver sa petite sœur vendue à un homme plus âgé, va d’abord dormir dans un parc d’attractions. Puis il est recueilli par une immigrée clandestine et s’occupe de son bébé avant de se retrouver à la rue pour mendier et voler.

    La réalisatrice brasse ainsi sans subtilité toutes les thématiques sociales du moment: enfants maltraités, précarité, misère , sans papiers, migrants, destin inexorable des femmes dans un monde patriarcal. Alors certes, Capharnaüm (qui mérite vraiment son titre) nous montre une terrible et douloureuse réalité. Mais on n’en a pas moins droit, avec grosse sortie de violons et happy end discutable à l’appui, à un mélo tire-larmes, convenu et moraliste.

    En compétition à Cannes, l'opus était donné gagnant par beaucoup. En témoignait notamment l’interminable ovation qui avait suivi la projection publique. Elle n’avait heureusement pas réussi à convaincre Cate Blanchett et ses camarades qui, au lieu de la Palme d’or annoncée, se sont contentés de lui décerner le Prix du jury.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 octobre.

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