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Sorties de la Semaine - Page 132

  • Grand écran: "Le vent tourne" avec Mélanie Thierry et Pierre Deladonchamps

    daily-movies-Le-vent-tourne-8.jpgAvec son compagnon Alex, écolo radical, Pauline a construit une vie autosuffisante en accord avec la nature, dans une ferme isolée du Jura. Liés par leur travail, leur amour et leur idéal, ils veulent, pour parachever leur autonomie, produire leur propre électricité. C’est alors que débarque Samuel, ingénieur insouciant, venu équiper la propriété d’une éolienne, le grand projet de Pierre. Pauline est immédiatement attirée par lui. Sa vie de couple et sa vision du monde vont s’en trouver chamboulées,

    Notamment auteure de la comédie à succès Les mamies ne font pas dans la dentelle (2006), Bettina Oberli, qui s’est entourée de la jolie Mélanie Thierry et du séduisant Pierre Deladonchamps, coqueluche du cinéma français, veut traiter à la fois d’émancipation féminine, d’amour, de séparation, d’écologie, notamment à travers une prise de position mitigée face aux éoliennes. Avec en ligne de mire la fragilité de la vie, de la nature, des sentiments et des relations.

    Posant des questions philosophico-existentielles sur la façon de mener sa vie en sachant qu’on va vers l’Apocalypse, l’histoire est vue à travers le regard de Pauline. «Ce qui m’intéressait, nous dit la réalisatrice, c’était sa volonté de s’affranchir d’une situation qui au départ n’est pas mauvaise, au contraire. Elle est amoureuse d’Alex, elle est d’accord avec ses choix, partage ses idées, mais pourtant quelque chose ne va pas. En fait ils sont écologiquement compatibles jusqu’à l’arrivée de Samuel. Elle est séduite par ce personnage à l’opposé de ce qu’elle vit. Il est léger, content, ne demande rien, voyage beaucoup».

    Le contraire d’Alex en somme: «En effet. Personnage central, il est censé amener l’indépendance, mais il a aussi un côté destructeur. J’admire les gens qui croient, qui ont des convictions. Trop radical pourtant, il perd sa compagne. Si on veut sauver la planète, le meilleur chemin n’est sans doute pas de s’enfermer dans son lopin de terre, à l’écart des autres».

    Avec Le vent tourne, son  premier film en français, la réalisatrice se sentait comme une page blanche. Elle avait une grande envie d’ouvrir son horizon, de quitter sa zone de confort. Malheureusement, ce drame sentimental rural manque singulièrement d’intensité dans la mesure où Bettina Oberli en reste trop aux intentions sur le fond. Par ailleurs, ses personnages  peinent à exister, même si Pierre Deladonchamps vient d’une famille de paysans et que le rôle de Pauline a été écrit pour Mélanie Thierry. Restent quelques beaux paysages montagneux…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 19 septembre.

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  • Grand écran: Avec "Climax", Gaspar Noé succombe à sa passion pour le chaos

    big_1526372034_image.jpgQuand Noé paraît à Cannes c’est le déluge sur la Toile et la galère pour monter dans l’Arche! Ainsi se bousculait-on sur la Croisette en mai dernier pour voir le dernier film du clivant Franco-Argentin, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Qui lui a décerné un prix pour ce premier opus en français depuis Irréversible.

    Climax, un titre idoine pour cette chronique du chaos qu’affectionne l’auteur. Le début nous montre une femme en sang dans la neige. C’est bien parti pour un film d’horreur. Mais on bifurque sur un casting de jeunes gens de différents milieux, origines et couleurs, prêts à tout raconter d'eux, dans l’espoir d’intégrer un spectacle.

    Une  troupe multiculturelle de danseurs hip-hop, métaphore d’une France mixte, investit ensuite un hangar isolé. Ils fêtent la fin des répétitions avant de partir en tournée aux Etats-Unis, discutent, draguent, boivent de la sangria en dansant sur Supernature, le tube disco de Cerrone.

    Gaspar Noé nous entraîne alors dans une première partie à l’ambiance joyeuse, survoltée. Et filme magistralement une performance virtuose, génialement chorégraphiée. Et puis les danseurs en transes, découvrent qu’ils ont été drogués à leur insu, quelque chose ayant été mis dans la sangria.

    A partir de ce moment, les choses dérapent. A l’image en quelque sorte du film qui sombre petit à petit dans la folie, le macabre, le sexe et la violence au cours d’une interminable séquence sous acide. Tournant rapidement à vide, elle s’apparente toutefois à une descente aux enfers orgiaque où, sous l'emprise d'une substance destructrice,  les corps titubent, s’agitent, se heurtent, s’accouplent, se volatilisent dans une lumière rouge.

    Un discours banal et des dialogues plats

    Cela pousse les inconditionnels à relever que le spectateur ne sort pas indemne de ce «Dancing vraiment dirty», huis-clos étouffant extrême et traumatisant. Des qualificatifs exagérés pour ce trip hallucinogène peu terrifiant, en forme d’expérience sensorielle, mystique et hypnotique. Le réalisateur se veut tellement subversif qu’il a tendance à rater son coup. A l’instar de Love, porno de luxe esthétisant à outrance, bien trop léché pour faire bander l’amateur.

    Par ailleurs, le problème avec Gaspar Noé, c’est qu’il n’a pas grand-chose à dire et qu’il l’exprime trivialement, livrant du coup un discours banal à travers les dialogues d’une rare platitude de ses protagonistes. Tout en nous assénant quelques maximes dont il a le secret et qu’il doit imaginer choc du genre: «Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif… »

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le 19 septembre.

     

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  • Grand écran: "Figlia Mia", émouvant duel de mères sous le soleil de Sardaigne

    4-format43.jpgVittoria, une gracile et timide rouquine de dix ans, vit avec ses parents dans un petit bled reculé de Sardaigne. L’amour débordant de sa maman Tina (Valeria Golino)  la console d’être souvent rejetée par les autres enfants à cause de sa chevelure flamboyante.

    A l'occasion d'une fête, Vittoria (Sara Casu) rencontre Angelica (Alba Rohrwacher). Elle est fascinée par cette blonde fantasque au teint diaphane, une allumeuse provocante à l’esprit libre et au tempérament explosif. Le contraire de sa mère ultra protectrice, conservatrice, responsable et posée. Elle lui rend de plus en plus fréquemment visite dans sa ferme, à quelques kilomètres du village, provoquant l’inquiétude et la jalousie de Tina.

    Le malaise s’installe et Vittoria comprend assez vite qu’un secret liant les deux femmes est à l’origine de leur affrontement croissant. Elle n’est pas la fille de la sage Tina, à qui l’irresponsable Angelica, accumulant les dettes et les hommes, incapable d’élever une enfant, l’avait confiée. Tout en arbitrant ce combat entre la madone et la putain, la fillette, d’abord choquée et ne sachant à quel modèle se vouer, va courageusement finir par trouver sa propre identité.

    Figlia Mia, mélodrame émouvant en forme de chronique féminine avec références à la tragédie grecque, porté par trois comédiennes très convaincantes, est signé de l’Italienne Laura Bispuri. Elle avait séduit avec Vierge sous serment, où Alba Rohrwacher jouait déjà le rôle-titre. Amatrice de contrastes, la réalisatrice a choisi, après le froid de l’Albanie où se déroulait son premier long métrage, la chaleur et la lumière de la Sardaigne, évitant toutefois soigneusement le côté carte postale.

    bispuri.jpgLa complexité de la maternité

    Auteur d’un cinéma physique, elle a longuement sillonné l'’ìle pour découvrir des lieux qui s’accordent avec ses protagonistes. "La Sardaigne a une très forte identité et les paysages fonctionnent comme un miroir des personnages", nous dit-elle lors d’une rencontre à Genève. "Et j’avais besoin de cette lumière chaude pour créer l’atmosphère".

    Laura Bispuri évoque la maternité à travers le duel que se livrent mère adoptive et mère biologique, si radicalement opposées que cela peut paraître caricatural. "Il ne s’agit pas seulement de cela. D’autant qu’en fait, chacune a son côté noir et blanc. La madone n’est pas un ange et la vamp n’est pas qu’un démon. En plus elles se rapprochent au fur et à mesure du développement du récit".

    Par ailleurs, ce dont elle parle surtout, c’est de la complexité de la maternité, en posant la question de la vraie mère. "Moi, je les place au même niveau. Pendant le film, Vittoria apprend quelque chose d’important à propos d’Angelica, qui elle comprend que sa fille peut l’aimer autant que Tina".

    Un cordon ombilical entre les personnages

    Laura Bispuri a corsé les choses en écrivant trois partitions égales. "C’est très difficile pour tout, le scénario, la mise en scène, l’action. Mais je voulais qu’il y ait un mouvement émotionnel, un cordon ombilical entre mes comédiennes et c’était le seul moyen".

    Si le choix d’Alba Rohrwacher et de Valeria Golino semblait évident, il n’en allait pas de même de Sara Casu.«J’ai mis huit mois à la trouver, en cherchant notamment dans les écoles. Je dois avoir vu un millier de gamines. Je la trouve extraordinaire. Elle n’avait jamais joué, ne serait-ce qu’un minuscule rôle dans un spectacle de fin d’année. Et là, elle se révèle. C’est la plus forte des trois. Au début elle est perçue comme une porcelaine fragile et à la fin, c’est une super héroïne… »

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 12 septembre

     

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