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Sorties de la Semaine - Page 134

  • Grand écran: "Le poirier sauvage", une nouvelle fresque monumentale signée Nuri Bilge Ceylan

    poirier_sauvage.jpgPalme d'or à Cannes en 2014 avec Winter Sleep, le Turc Nuri Bilge Ceylan, auteur d’un cinéma monumentaliste, propose sa nouvelle œuvre, une fresque familiale tournée dans Dardanelles, d’où il est originaire. Elle n'a cette fois pas eu l'heure de plaire au jury.

    Son héros Sinan (Ahmet Rifat), 20 ans, vient de terminer ses études à Istanbul. Il n’a pas encore de travail et revient vivre auprès de sa famille à Canakkale, site archéologique de l'antique Troie. Passionné de littérature, il a écrit un premier roman qu'il compte faire publier, Le poirier sauvage, titre qui est aussi celui du film. Mais son livre décrivant la culture populaire n'intéresse personne. Impuissant à récolter l’argent nécessaire, il se voit bon pour le service militaire.

    En attendant, c’est le temps des retrouvailles. Sinan revisite les lieux de son enfance, la ferme familiale, s’installe dans son ancienne chambre et retrouve des connaissances. Avec elles, il échange longuement autour d’une table, lors de promenades, ou d’une conversation sous un arbre avec un probable amour de jeunesse, une fille autrefois audacieuse et aujourd’hui prête à épouser un vieillard riche, quitte à être malheureuse. .

    Arrogant, dédaigneux, provocateur

    Suite à ce beau moment baigné de lumière, où la jeune femme ôte son foulard à l’abri des regards, Sinan s’attaque à un romancier célèbre, philosophe avec un intellectuel, croise le fer avec deux imams. Cette dernière rencontre donne lieu à un débat interminable entre un traditionnaliste et un réformiste sur l’évolution de la religion.

    Arrogant, dédaigneux, insolent, impatient, sûr de lui, se fâchant sans cesse, Sinan aime provoquer ses interlocuteurs, pour lui des abrutis provinciaux qu’il prend de haut. Dont son père, qu'il doit réapprendre à connaître. un instituteur proche de la retraite, moustachu à la fois charmeur, ricanant et progressiste, que les villageois ne respectent pas.

    Accro au jeu, couvert de dettes, il s’obstine à creuser un puits dans une terre sans eau. Son destin, auquel il est pourtant inexorablement lié, paraît misérable à son fils, à l’opposé de ses ambitions. Mais ce petit coq ingrat et peu sympathique, qui sera finalement ramené d’où il vient, ressemble déjà à ce géniteur qu'il méprise. 

    Profond, romanesque, mélancolique, tchékovien, visuellement magnifique, prenant quelques virages fantasmatiques et oniriques comme le plan de ce visage de bébé couvert de fourmis, Le poirier sauvage séduit évidemment aussi par son élégante mise en scène contemplative.

    Ce récit d’apprentissage désabusé est toutefois très bavard et on sent passer les 188 minutes. Si Nuri Bilge Ceylan livre, entre ironie et dérision, quelques ellipses fulgurantes, le service militaire de son héros est ainsi résumé en quelques secondes, il prend son temps pour nous raconter cette histoire d’initiation, de filiation et de réconciliation entre les générations. Le tout sur fond de solitude, de malaise, d’espoir perdu dans une Turquie soumise à une dérive autoritaire.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 août.

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  • Grand écran: "The Meg" veut renouer avec la peur des profondeurs. Raté pour la montée d'adrénaline

    the-meg.jpgEn explorant une faille très profonde dans le Pacifique, le sous-marin d’une équipe d’océanographes américano-chinoise est attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue, le Megalodon, un requin préhistorique de 23 mètres de long.

    Jonas (Jason Statham, ancien champion de natation en Angleterre) va alors risquer sa vie pour sauver les prisonniers du submersible et affronter le prédateur le plus terrible de tous les temps, une machine à tuer capable, avec ses redoutables mâchoires d’acier, de broyer et d’avaler n’importe quoi.

    Si le squale n'est pas près de disparaître des écrans, Steven Spielberg n’a en revanche pas de souci à se faire, Jaws ne risquant pas d’être détrôné 43 ans après par The Meg (En eaux troubles). A part côté budget, qui se monte à 150 millions de dollars, soit le film de requin le plus cher. Dommage que le résultat soit inversement proportionnel au paquet de dollars investis.

    Il est vrai que The Meg est signé John Turtletaub. Ce besogneux de la réalisation (Phénomènes, Rasta Rockett, L’amour à tout prix…). avait annoncé du surprenant et du gore pour «le deuxième meilleur film du genre». On est loin du compte avec ce blockbuster estival qui tente laborieusement de renouer de façon ludique et kitsch avec l’angoisse des profondeurs.

    Cela dit, Turtletaub sort requinqué de l’affaire, cette énième variation ramollo sur le thème des Dents de la mer coproduite avec la Chine et navigant entre action et science-fiction, cartonne au box office. En dépit d’un scénario plat et sans surprise, de sous-histoires insignifiantes, de protagonistes caricaturaux et inconsistants, à commencer par Jason Statham, insipide casse-cou en principe rongé par le remord pour avoir précédemment  perdu deux hommes. .

    Et surtout, c’est un comble, le monstre se révèle finalement peu menaçant, sinon amorphe. Et parfaitement inoffensif entre deux crises de colère sous formes d'attaques certes parfois spectaculaires, mais qui ne font peur à personne. Bref, c’est raté pour la montée d’adrénaline, tant les situations se voulant paroxystiques manquent de tension.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 août.

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  • Grand écran: "Alpha", l'amitié entre un humain et un chien-loup il y a... 20.000 ans

    hero_Alpha-2018.jpgEn Europe, il y a 20 000 ans, le chef d’une tribu n’en peut plus d’attendre que son fils Keda devienne un homme. Mais la chose arrive et le garçon pourra enfin prouver de quoi il est capable lors de la saison de la chasse.

    Mais trop émotif, Keda ne parvient pas à tuer un animal. Et puis c’est le drame. Bien peu reconnaissant, un redoutable bison l’envoie valser par-dessus une falaise. Propulsé dans un ravin, il perd connaissance et est laissé pour mort par les siens inconsolables mais obligés de rentrer avant la glaciation de la région.

    Revenant à lui, Kedal devra s’armer de tout son courage pour retrouver le chemin de sa tribu. En bravant une nature inhospitalière et sa faune pour le moins redoutable. Face aux dangers, aux intempéries, à la faim, son seul allié sera Alpha, un loup blessé et abandonné (comme lui en somme) par sa meute et qu’il va apprivoiser.

    Une ixième resucée initiatique sans intérêt, truffée de rebondissements improbables. Ce qu’on se demande, c’est pourquoi il était nécessaire de situer il y a 20.000 ans, cette histoire qui se résume en somme à illustrer l’amitié entre un joli garçon, par ailleurs fringué Fashion Week du Paléolitique supérieur, et une bête sauvage!

    Pour info, le chien-loup utilisé est tchécoslovaque et il paraît que cinq bisons d’Amérique du nord ont été trucidés pendant le tournage. Du coup une association a appelé au boycott du film. Au cas où elle arriverait à ses fins, ce ne serait pas franchement un drame…


    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 août.

     

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