Acteur, réalisateur et écrivain, Ethan Hawke s’est inspiré, pour sa quatrième réalisation, de la vie de Blaze Foley, légende méconnue du mouvement Outlaw Country texan des années 70-80.
Né Michael David Fuller en 1949 en Arkansas, il grandit au Texas, joue dans un groupe évangélique, The Fuller Family, avec sa mère et ses sœurs avant de se produire à Atlanta, Chicago, Houston et Austin Auteur de chansons douloureusement intimes, il est mort tragiquement, tué par balle 40 ans plus tard.
Hawke mêle trois époques avec des versions réinventées du passé, du présent et du futur de Blaze. Tout en évoquant les hauts et les bas vertigineux de l’artiste, sorte d’étoile filante de la musique touchée par la grâce mais abîmée par ses addictions à la drogue et à l’alcool, les différents volets évoquent son histoire d’amour impossible avec Sybil Rosen (Alia Shawkat), sa dernière nuit sur terre, l’impact de ses chansons et de sa mort sur ses fans, ses proches, ses ennemis.
Dans le rôle de Blaze, on découvre le musicien Ben Dickey, acteur débutant, prix spécial d'interprétation à Sundance où l'opus a d'abord été présenté. Il y a de l’aventure, de la poésie, de la mélancolie et de la souffrance dans l’hommage à ce personnage aussi passionné qu’autodestructeur. Pourtant, bien que prometteur en sortant du schéma traditionnel du biopic, le film peine à séduire, notamment en raison de son manque de rythme qui le rend interminable.
"Nous avons tous une flamme à l’intérieur"
Présent au dernier festival de Locarno où il avait reçu un Excellence Award, Ethan Hawke (photo), a notamment évoqué sa co-scénariste Sybil Rosen. "C’est une partie de la magie. Je suis tombé sur le livre qu’elle a consacré à Blaze. Elle a décidé de me rejoindre. Comme elle tenait un journal, cela a facilité le scénario, en rendant tout réel, visible".
Il avoue se sentir très proche du film, profondément connecté. "J’ai par ailleurs été inspiré et influencé par beaucoup d’œuvres des années 70. On pourrait voir Ben Dickey chez Altman". En revanche il n’est pas comme son héros qui ne voulait pas devenir une star mais une légende. "Ce qui m’intéresse c’est de vivre. Je n’avais pas l’intention de mythifier Blaze. Au contraire. Je pense que nous avons tous une flamme à l’intérieur".
C’est le cas de Hawke, personnage aux multiples facettes du cinéma américain et international. rarement voire jamais là où on l’attend, quatre fois nominé aux Oscars, acteur engagé pour qui tout est politique. "Notre vie à tous l'est. Lorsque nous racontons notre vie dans un film, nous sommes automatiquement politiques'.
"J'adore les collaborations"
Ethan Hawke débute à 14 ans dans le film Explorers (1985) et se fait connaître du grand public lors du triomphe de Dead Poets Society (Le Cercle des poètes disparus, 1989), de Peter Weir, en se glissant, au côté de Robin Williams, dans la peau de l’étudiant introverti Todd Anderson.
En 1995, il rencontre Richard Linklater, qui le choisit pour jouer Jesse dans Before Sunrise, premier chapitre d’une trilogie pour laquelle il sera aussi scénariste. Les deux hommes ont travaillé ensemble sur huit films. Parmi les réalisateurs avec lesquels Hawke a également souvent collaboré, figurent Andrew Niccol et Antoine Fuqua. "Plus je vieillis, plus j'aime les collaborations", remarque-t-il
Avant Blaze, il était passé à la réalisation avec Chelsea Walls (2001). Ont suivi l’adaptation de son deuxième roman The Hottest State (2006) et le documentaire Seymour: An Introduction (2014),
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 14 novembre.
Violée dans son enfance, Andréa Bescond continue, dans son premier film, à raconter son histoire déchirante. La réalisatrice s’est risquée à mettre en scène la pédophilie dans Les chatouilles, adaptant avec Eric Métayer son spectacle autobiographique de théâtre et de danse. Un joli titre évidemment trompeur, car c’est bien d’abus sexuels sur une enfant qu’il s’agit. Répétés mais cachés, parce qu’il est impossible à la victime d’en parler.
De leur côté, les comédiens (photo) sont tous remarquables. A côté de l’excellente Andréa Bescond bouillonnante de colère et d'énergie, le surprenant et inquiétant Pierre Deladonchamps, glaçant de justesse, campe l’odieux pédophile tandis que Clovis Cornillac, père doux et aimant, bouleverse dans ses remords de n’avoir rien vu lorsqu’il apprend la vérité et demande pardon à sa fille.
On n’attendait pas franchement Thomas Vinterberg, auteur en 1998 du brûlot Festen suivant les principes de Dogma 95, aux manettes de Kursk, blockbuster franco-belgo-luxembourgeois produit par Luc Besson. Même si le réalisateur danois s’était affranchi des règles du manifeste d’opposition à l’esthétique hollywoodienne créé avec Lars Von Trier, notamment avec La chasse en 2012, portrait à charge de la bonne société danoise. Ou, en 2015, avec Loin de la foule déchaînée, sixième adaptation du roman de Thomas Hardy.