Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 137

  • Grand écran: Bruno Podalydès fait revivre Bécassine dans une jolie fable burlesque

    26275.jpegBécassine est née dans une ferme bretonne le jour où des bécasses survolaient son village. Devenue adulte, toujours vêtue de sa coiffe blanche assortie à son tablier et de sa robe verte, elle a gardé sa naïveté d’enfant et rêve d’aller à Paris. Prête à avaler les nombreux kilomètres qui la séparent de la capitale, elle se met joyeusement en route avec son baluchon, mais ne tarde pas à voir s’achever un périple à peine entamé.

    L’ingénue voyageuse (Emeline Bayart) croise en effet la marquise de Grand-Air (Karin Viard) accompagnée de son ami Monsieur Proey-Minans (Denis Podalydès, frère du cinéaste). Elle lui propose de venir au château pour s’occuper de sa fille adoptive Louise-Charlotte dite Loulotte (Maya Compagnie), un amour de bébé dont Bécassine s’entiche d’emblée. C’est alors que débarque le tintinesque marionnettiste ambulant Rastaqueros (Bruno Podalydes, derrière et devant la caméra) à l’improbable sens des affaires et qui s’emploie à ruiner la marquise conquise par cet escroc charmeur. Mais Bécassine va veiller au grain…

    Cette deuxième adaptation avec acteurs de la célèbre bande dessinée apparue en 1905 sous la plume de Jacqueline Rivière et le dessin d’ Émile-Joseph Pinchon,s’est attiré les foudres d’un collectif breton qui en a apparemment marre de Bécassine. Se disant indépendantiste, féministe écologique et internationaliste, il dénonce une caricature et une insulte à toutes les Bretonnes, appelant à un boycott du film, tout comme cela avait été le cas en 1939 pour celui de Pierre Carron avec Paulette Dubosc en 1939.

    Bricoleuse pleine d'imagination

    Une colère très minoritaire, selon l’auteur, mais surtout très étonnante en regard de l’oeuvre. Fidèle à la candeur de son héroïne, Bruno Podalydès est très loin de la prendre pour une sotte ou une paysanne mal dégourdie. Se libérant des clichés, Il en fait une créature au cœur pur, généreuse, mais surtout pleine d’imagination, ingénieuse, inventive, créative, dans cette jolie fable douce où le cinéaste propose quelques scènes désopilantes.

    Comédienne de théâtre, Emeline Bayart, que Bruno Podalydès avait déjà dirigée dans Bancs publics. Adieu Berthe et L’enterrement de mémé se coule dans le costume de Bécassine, qui lui va comme un gant. Lumineuse elle séduit avec ses grands yeux bleus curieux, son côté bricoleuse, sa capacité d’émerveillement, sa générosité, sa façon irrésistible de marcher en se dandinant, fesses cambrées et buste en avant. Elle évolue idéalement dans l’univers burlesque, poétique, tendre, teinté de mélancolie du réalisateur foufou de Comme un avion.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 juin.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Desobedience", l'amour interdit face aux dogmes religieux

    rachel-weisz-i-rachel-mcadams-w-filmie-o-lesbijskiej-milosci.jpegOurs d’argent l’an dernier à Berlin avec Una Mujer Fantastica, le Chilien Sebastian Lelio, qui prouve une nouvelle fois son intérêt pour les personnages féminins marginalisés en raison d’idées reçues, revient avec Desobedience (Désobéissance). C’est son sixième long métrage et le premier en anglais.

    Adaptant le roman de la Britannique Naomi Alderman en l’épurant beaucoup, l’auteur opère une plongée dans la communauté juive orthodoxe de Londres en racontant la relation, en l’occurrence transgressive, entre deux jeunes femmes.

    Le réalisateur, issu d’un milieu qui n'a rien à voir avec celui de son film, a dû se documenter sur cette société ultraconservatrice presque à la façon d’un anthropologue. Il met en scène Ronit Krusha (Rachel Weisz), une photographe vivant depuis plusieurs années à Manhattan, loin du milieu londonien où elle a grandi et dont elle avait été chassée. Mais elle y retourne pour assister aux obsèques de son père rabbin, subitement décédé à l’issue d’un sermon.

    Sur place, elle doit affronter l’hostilité de tous, à l’exception de celle de son cousin Dovid (Alessandro Nicola), le fils spirituel de son père et son héritier, ravi de la revoir. A sa grande surprise, elle apprend qu’il est marié avec son amie d’enfance Esti (Rachel McAdams) dont elle était alors amoureuse.

    A l'opposé l'une de l'autre

    La prolongation de son séjour ravive une passion jamais éteinte entre les deux ex-amantes que l’on découvre diamétralement opposées. Ronit est extravertie, moderne, n’obéissant pas aux préceptes de la Torah. Une rebelle et un déshonneur pour son père aux yeux d’une congrégation pétrie de dogmes religieux et aux institutions rigides. Esti est au contraire timide, introvertie, désireuse de rester cachée, mais constamment en lutte contre elle-même, sa conscience et son identité.

    Tout en voulant rester fidèle à son mari et à la communauté, elle brûle d’exprimer son homosexualité et teste les limites d’une certaine liberté que lui laisse Dovid, conjoint plutôt tolérant et progressiste en regard de son environnement particulièrement traditionnaliste.

    Les trois comédiens se révèlent convaincants dans ce récit d’émancipation émouvant, original, fiévreux, sensuel à la faveur de très belles scènes d’amour, où l’auteur philosophe également sur le libre arbitre des hommes et des femmes et leur capacité à choisir. Mais on lui reprochera d’avancer à un rythme trop lent et de tarder à véritablement installer la tension entre les protagonistes.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 juin.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: Christophe Honoré bouleverse avec "Plaire, aimer et courir vite"

    4745491.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgEn compétition récemment à Cannes, Christophe Honoré, à l’image de tous les concurrents français, est reparti les mains vides. Dommage pour le bouleversant Plaire, aimer et courir vite, porté par le craquant Vincent Lacoste. De tous les plans, le comédien est comme toujours formidable de naturel et de justesse dans un univers qu’il découvrait. A ses côtés, Pierre Deladonchamps (photo), se révèle pareillement convaincant.

    S’il est beaucoup question de sexe, l’auteur privilégie à son habitude la pudeur, la délicatesse des sentiments dans cette belle et bouleversante romance gay, condamnée dans les années 90, mais pleine de grâce, de vitalité et de légèreté.

    1993. Arthur (Vincent Lacoste), un étudiant de Rennes (comme le réalisateur avant lui) rêve de monter dans la capitale pour faire du cinéma. Il voit sa vie basculer lorsqu’il rencontre par hasard dans une salle obscure Jacques (Pierre Deladonchamps), un dramaturge parisien malade du sida. Les deux héros vont se plaire, s’aimer et courir vite. Les jours de Jacques sont comptés. Pour autant, il ne s’agit pas d’un coup de foudre. Les amants sont souvent séparés éloignés l’un de l’autre par d’autres histoires. De cœur ou de cul.

    Une comparaison qui énerve le réalisateur

    Comme le film évoque le sida ravageur des années 90, la tentation est forte de tirer un parallèle avec 120 battements par minute de Robin Campillo, Grand prix du jury l’an dernier. Christophe Honoré peut le comprendre, mais la raison l'agace.

    «Ils ont l’air de se ressembler, mais en réalité ils sont opposés», relevait-il lors de la conférence de presse qu’il a donnée à Cannes. «Ce qui m’énerve c’est qu’on cherche à les rapprocher simplement parce qu’il y a de l’homosexualité dans l’air. Pourquoi ne pas relier par exemple Plaire, aimer et courir vite à Mektoub my Love qui se passe à la même période ? Pourquoi associer deux films à cause de l’identité sexuelle des protagonistes?»

    Le plus important, c’est l’aspect très personnel revendiqué du film, où Christophe Honoré a tenté de retrouver une émotion propre à sa jeunesse, tout en rendant hommage à une génération d’artistes fauchés avant 40 ans par la maladie. Il avoue avoir mis beaucoup de lui dans le rôle du père homosexuel joué par Pierre Deladonchamps et dans celui du jeune étudiant provincial incarné par Vincent Lacoste, cherchant sa voie à la fois professionnelle et sexuelle.

    «Cela fait un moment que je l’ai repéré et que je voulais l’inviter dans un de mes films. Je me souviens de cette phrase de Françoise Sagan : à force de parader on finit par avoir l’âme paradeuse. Je trouve que Vincent a l’âme paradeuse».

    «Que puis-je dire après ça, s’amuse l’intéressé. «C’est simple. Je suis un acteur et très fan des films de Christophe Honoré. Alors évidemment, quand on a la chance de recevoir une telle proposition d’un tel cinéaste, on n’hésite pas ».

    Auparavant, le comédien avait rappelé qu’il était justement venu au monde en 1993. «A part ma naissance, dont je me souviens très bien… je ne sais pas grand-chose de cette époque. Je n’ai pas d’images comme pour les hippies et les pattes d’éph’… »

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 mai.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine