Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 138

  • Grand écran: "I Feel Good", pamphlet comique anti-Macron avec Jean Dujardin et Yolande Moreau

    180921_IFeelGoodAdVitam.jpgVêtu d’un peignoir blanc et chaussé de claquettes en éponge, Jacques marche à contresens sur une autoroute en gesticulant et en marmonnant, avant de débarquer chez sa sœur Monique. Modèle de dévouement et de bienveillance, elle dirige un village d’Emmaüs dans le Sud-Ouest, consacrant sa vie aux plus démunis. Ils ne se sont pas vus depuis des années. Elle lui offre un toit et un emploi.

    Mais Jacques s’en balance de la générosité de Monique. Alors qu'elle a gardé la foi communiste de leurs parents et milite pour la décroissance au milieu d’un collectif de rescapés marginaux, Jacques, reconverti au capitalisme échevelé, a une vision du monde diamétralement opposée.

    Quadra raté condescendant et goguenard, il méprise les petites gens. « Si t’as pas un peignoir et des mules à 50 ans, t’as pas réussi ta vie » , explique-t-il à l’un d’eux. Fasciné par Bill Gates, il veut sa loge à Roland Garros, sa Trump Towers et être dans le Who’s Who. Pour y parvenir, ce bon à rien pathétique imbu de sa petite personne a une obsession: trouver l’idée du siècle, genre Rubik’s Cube, qui fera de lui un homme richissime. Et décide de monter une start up de chirurgie esthétique low cost

    Pamphlet comique engagé, absurde, en forme de manifeste anti-Macron, I Feel Good, est signé des incontournables Benoît Delépine et Gustave Kervern. Porté par leur impayable muse Yolande Moreau et du nouveau venu dans leur univers  Jean Dujardin qui fait son show jusqu'à l'ennui, il pointe les dysfonctionnements d’une société au matérialisme forcené, basée sur l’apparence, qui a égaré ses valeurs  dans sa propension toujours plus grande à ne prôner le succès que par l’argent.

    Pourtant, alors qu’il se veut déjanté et foutraque, le film déçoit en s’égarant dans le gentillet, les bons sentiments, le politiquement correct, l’humour convenu, à l’exception, la moindre des choses pour notre duo de contestataires, de quelques saillies désopilantes. Bref, avec cette critique sociale scénaristiquement pauvre et manquant de rythme, on est loin du road movie pataphysique de Mammuth, de l’humour noir de Louise Michel ou des désaxés de la norme du Grand Soir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 septembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Un peuple et son roi", quête bancale de la liberté par une France insoumise

    2987281.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgAprès L’exercice de l’Etat, Pierre Schoeller poursuit son exploration des hautes sphères du pouvoir. Cette fois, il retourne dans le passé avec Un peuple et son roi, dans les trois premières années de la Révolution française. Une ambitieuse fresque politique où se croisent les destins de gens du peuple et des figures historiques dans la toute jeune Assemblée nationale.

    Reconstruisant la révolution, sa naissance, son développement avec ses grandeurs et ses bassesses infâmes, l’œuvre commence le Jeudi saint 1789 avec la cérémonie, à Versailles, du lavement des pieds des enfants pauvres par le roi, et se termine par sa décapitation le 21 janvier 1793.

    Entre ces deux scènes se succèdent la prise de la Bastille, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la marche des femmes sur Versailles, la signature par le roi des décrets d’abolition des privilèges après avoir quitté le célèbre château pour Paris, la fuite manquée à Varennes, le discours de Saint Just sur le procès du monarque, celui de Robespierre, respectivement en novembre et décembre 1792.

    Frénésie bouillonnante d’une nation qui bâtit une nouvelle société. Le sujet est aussi passionnant, ample, dense, retentissant, que difficile à traiter. D’autant que Pierre Schoeller veut lui ajouter un côté épique et romanesque. Malheureusement le réalisateur, courant trop de lièvres à la fois, n’est pas à la hauteur de ses aspirations.

    XVMcb842f44-874d-11e8-b8b4-8c07df39ac28.jpgEn dépit d’un immense travail de recherche, d'interventions des députés et de débats à l’Assemblée parfaitement documentés, de beaux éclairages, du rôle décisif donné aux femmes, omniprésentes et faisant pour la première fois entendre leur voix, le film est une quête bancale et souvent confuse de la liberté par une France insoumise. En cause notamment un montage chaotique de trente-six tableaux trop courts, une reconstitution et une figuration revues à la baisse faute d’un budget suffisant.

    Une autre limite se situe dans la représentation d’un peuple idéal, fier, aseptisé, faisant bloc, d’une unité sans faille, d’une droiture et d’une solidarité à toute épreuve. On regrette également le manque d’incarnation des personnages. En cause un casting cinq étoiles qui se révèle être davantage un handicap qu’un atout.

    Autour d’Olivier Gourmet, verrier de son état (prétexte à une métaphore entre fusion, flammes et explosion), et de Noémie Lvosky sa compagne dans le film, Pierre Schoeller a en effet réuni Adèle Haenel, lavandière se rêvant citoyenne, Céline Sallette, vendeuse de harengs, Izia Higelin, victime expiatoire, Gaspard Ulliel, voleur de poules gracié, Laurent Laifitte, Louis XVI grognon Louis Garrel, Robespierre impitoyable, Nils Schneider, Saint-Just réclamant la mort du roi, Denis Lavant, scandaleux Marat déchaîné.

    Propres sur eux, les manants exhibent de surcroît d'improbables dents blanches, une belle peau et des ongles soignés. Et comme il faut que chacun ait une partition plus ou moins égale dans cet opus choral, l’ensemble a un côté théâtral qui sonne souvent faux. Peut-être en sera-t-il autrement dans une éventuelle deuxième partie intitulée Un monde nouveau.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 septembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Les dames", une planète vivace de sexagénaires (ou plus) décidées à avancer

    p1chd5mr07vk81ak35ifsih1bo14.jpgAprès La petite chambre avec Michel Bouquet sorti il y a huit ans, Stéphanie Chuat et Véronique Reymond se penchent aujourd’hui sur la réalité de femmes qui, à l’aube de la retraite , ont perdu leur compagnon après de longues années de mariage. Confrontées à leur solitude, à leur sentiment croissant d’invisibilité, elles portent, dans Les dames, un regard sur leur vie passée et cherchent à réinventer leur quotidien.

    Pour nourrir leur documentaire, les réalisatrices avaient lancé un "appel à dames" dans les médias et ont reçu une centaine de réponses. "Sexagénaires, septuagénaires, elles avaient un désir de parole, une envie d'être vues et entendues". 

    Cinq d'entre elles, Marion, Odile, Pierrette, Noelle et Carmen ont été retenues. En pénétrant dans leur intimité, on découvre des personnalités originales, singulières, de la mélomane à la féministe en passant par la romantique ou la battante. Rigolote, émouvante, volontaire, sentimentale, chacune a son vécu, une façon personnelle d’appréhender l’existence, de tromper la solitude, de croire encore à l’amour.

    En donnant une voix à leurs protagonistes les deux cinéastes abordent la vraie vie et, pour rendre le récit cohérent s’ingénient, grâce à un excellent montage, à tisser des liens entre les trajectoires de leurs héroïnes. Avec des passages fluides de l’une à l’autre lorsque les sujets se recoupent.

    La planète dames de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond se révèle guillerette et vivace, dans la mesure où elles ont délibérément choisi des personnes décidées à avancer. Si elles osent se dévoiler, raconter leurs blessures, leurs secrets, leurs désirs, leurs envies, elles le font avec une retenue mêlée d’humour et d’autodérision. Privilégiant l’espoir et l’optimisme, évitant des êtres pouvant dégager de la tristesse, de l’angoisse, du désespoir, les deux auteures, plongeant certes dans la réalité, ne nous en donnent toutefois qu’une image fragmentaire.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 septembre.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine