Toiletteur pour chiens dans une sinistre station balnéaire italienne qui semble coupée du monde, Marcello est un petit bonhomme simple, frêle et discret, apprécié de ses voisins Un jour, il voit revenir de prison son "ami" Simoncino, ancien boxeur accro à la coke qui se met à racketter, terroriser et brutaliser les habitants du quartier.
Attiré par cette brute épaisse, insensible, Marcello incapable de lui résister en devient le martyr et se laisse entraîner malgré lui dans une redoutable spirale criminelle. Suite à l’apprentissage douloureux d’une trahison du monstre qui le mènera pour un an derrière les barreaux, tout en lui valant la colère et le rejet de la population, il va concocter une vengeance féroce.
Dogman, conte urbain mettant en scène l’image implacable de loi du plus fort et d'une violence que l'auteur dénonce, peut être vu comme le symbole d’une Italie minée par la violence et en proie à une dérive extrémiste. Matteo Garrone, l’auteur de Gomorra, signe là un film puissant, âpre, sous tension extrême. Drame humain d’une terrible noirceur, inspiré d’un fait divers sordide, il est porté de bout en bout par le remarquable Marcello Fonte (photo), sacré meilleur acteur au dernier Festival de Cannes.
Une reconnaissance méritée pour ce tragique antihéros largué, quadragénaire chétif et timide au visage antique, limité physiquement et intellectuellement, pétri d'humanité. Atout majeur de l'oeuvre, il est de tous les plans, avare de mots pour exprimer son impuissance, mais émouvant de fragilité avec son regard de chien battu qui nous transmet sa peur. Et plus bouleversant encore lorsque blessé, à terre, il essaye de retrouver un semblant de dignité
Insupportables humiliations
Le réalisateur le suit dans son quotidien solitaire et infernal constitué d’une suite d’insupportables humiliations destructrices. Une existence cafardeuse, lugubre, sombre, brièvement traversée de quelques lueurs dans le rapport d’une douceur à fendre le cœur qu’il entretient avec sa fille de dix ans, ou avec ses molosses qu’il toilette avec une sorte de tendresse.
Malgré leurs aboiements effrayants et leur gueule terrifiante remplie de crocs acérés qui font froid dans le dos, ils valent mieux que les personnages auxquels le malheureux Marcello est confronté. A commencer par le sadique Simoncino, abominable bête humaine.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 septembre.
Vêtu d’un peignoir blanc et chaussé de claquettes en éponge, Jacques marche à contresens sur une autoroute en gesticulant et en marmonnant, avant de débarquer chez sa sœur Monique. Modèle de dévouement et de bienveillance, elle dirige un village d’Emmaüs dans le Sud-Ouest, consacrant sa vie aux plus démunis. Ils ne se sont pas vus depuis des années. Elle lui offre un toit et un emploi.
Après L’exercice de l’Etat, Pierre Schoeller poursuit son exploration des hautes sphères du pouvoir. Cette fois, il retourne dans le passé avec Un peuple et son roi, dans les trois premières années de la Révolution française. Une ambitieuse fresque politique où se croisent les destins de gens du peuple et des figures historiques dans la toute jeune Assemblée nationale.
En dépit d’un immense travail de recherche, d'interventions des députés et de débats à l’Assemblée parfaitement documentés, de beaux éclairages, du rôle décisif donné aux femmes, omniprésentes et faisant pour la première fois entendre leur voix, le film est une quête bancale et souvent confuse de la liberté par une France insoumise. En cause notamment un montage chaotique de trente-six tableaux trop courts, une reconstitution et une figuration revues à la baisse faute d’un budget suffisant.