Grand écran: "Un peuple et son roi", quête bancale de la liberté par une France insoumise (25/09/2018)

2987281.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgAprès L’exercice de l’Etat, Pierre Schoeller poursuit son exploration des hautes sphères du pouvoir. Cette fois, il retourne dans le passé avec Un peuple et son roi, dans les trois premières années de la Révolution française. Une ambitieuse fresque politique où se croisent les destins de gens du peuple et des figures historiques dans la toute jeune Assemblée nationale.

Reconstruisant la révolution, sa naissance, son développement avec ses grandeurs et ses bassesses infâmes, l’œuvre commence le Jeudi saint 1789 avec la cérémonie, à Versailles, du lavement des pieds des enfants pauvres par le roi, et se termine par sa décapitation le 21 janvier 1793.

Entre ces deux scènes se succèdent la prise de la Bastille, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la marche des femmes sur Versailles, la signature par le roi des décrets d’abolition des privilèges après avoir quitté le célèbre château pour Paris, la fuite manquée à Varennes, le discours de Saint Just sur le procès du monarque, celui de Robespierre, respectivement en novembre et décembre 1792.

Frénésie bouillonnante d’une nation qui bâtit une nouvelle société. Le sujet est aussi passionnant, ample, dense, retentissant, que difficile à traiter. D’autant que Pierre Schoeller veut lui ajouter un côté épique et romanesque. Malheureusement le réalisateur, courant trop de lièvres à la fois, n’est pas à la hauteur de ses aspirations.

XVMcb842f44-874d-11e8-b8b4-8c07df39ac28.jpgEn dépit d’un immense travail de recherche, d'interventions des députés et de débats à l’Assemblée parfaitement documentés, de beaux éclairages, du rôle décisif donné aux femmes, omniprésentes et faisant pour la première fois entendre leur voix, le film est une quête bancale et souvent confuse de la liberté par une France insoumise. En cause notamment un montage chaotique de trente-six tableaux trop courts, une reconstitution et une figuration revues à la baisse faute d’un budget suffisant.

Une autre limite se situe dans la représentation d’un peuple idéal, fier, aseptisé, faisant bloc, d’une unité sans faille, d’une droiture et d’une solidarité à toute épreuve. On regrette également le manque d’incarnation des personnages. En cause un casting cinq étoiles qui se révèle être davantage un handicap qu’un atout.

Autour d’Olivier Gourmet, verrier de son état (prétexte à une métaphore entre fusion, flammes et explosion), et de Noémie Lvosky sa compagne dans le film, Pierre Schoeller a en effet réuni Adèle Haenel, lavandière se rêvant citoyenne, Céline Sallette, vendeuse de harengs, Izia Higelin, victime expiatoire, Gaspard Ulliel, voleur de poules gracié, Laurent Laifitte, Louis XVI grognon Louis Garrel, Robespierre impitoyable, Nils Schneider, Saint-Just réclamant la mort du roi, Denis Lavant, scandaleux Marat déchaîné.

Propres sur eux, les manants exhibent de surcroît d'improbables dents blanches, une belle peau et des ongles soignés. Et comme il faut que chacun ait une partition plus ou moins égale dans cet opus choral, l’ensemble a un côté théâtral qui sonne souvent faux. Peut-être en sera-t-il autrement dans une éventuelle deuxième partie intitulée Un monde nouveau.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 septembre.

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