On n’attendait pas franchement Thomas Vinterberg, auteur en 1998 du brûlot Festen suivant les principes de Dogma 95, aux manettes de Kursk, blockbuster franco-belgo-luxembourgeois produit par Luc Besson. Même si le réalisateur danois s’était affranchi des règles du manifeste d’opposition à l’esthétique hollywoodienne créé avec Lars Von Trier, notamment avec La chasse en 2012, portrait à charge de la bonne société danoise. Ou, en 2015, avec Loin de la foule déchaînée, sixième adaptation du roman de Thomas Hardy.
Toujours est-il que Vinterberg, notamment entouré des plutôt convaincants Mathias Schonaerts, Léa Seydoux et Colin Firth, a accepté la commande, en se chargeant de relater une vraie tragédie humaine. Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire russe Kursk sombre avec 118 hommes à bord dans la mer de Barents à la suite d’une explosion. Vingt-trois survivants se réfugient alors dans le compartiment arrière, en attendant les secours. Mais, faute de bon matériel, les tentatives de sauvetage à la limite du ridicule face à l'immensité du désastre, échouent les unes après les autres.
A terre les proches s’insurgent, les femmes crient leur colère, se battant désespérément contre les mensonges et les blocages bureaucratiques qui ne cessent de compromettre l’espoir de secourir les marins pris au piège des profondeurs. Niant l’évidence, l’incurie à tous les niveaux, l’état-major refuse l’aide internationale, pour finalement autoriser la Navy à intervenir. Mais c’est trop tard. Tous mourront.
S’inspirant du livre de Robert Moore, Sauvez le Kursk!, le cinéaste alterne très classiquement action et émotion dans cette inutile course contre la montre qui avait tenu en haleine la planète pendant neuf jours. On a beau connaître l’issue fatale, Thomas Vinterberg ne fait pas moins fait monter la tension, l’effet Titanic, en nous plongeant dans le ventre du sous-marin échoué et gravement endommagé. On est au bord de l’asphyxie, quand deux naufragés traversent en couloir inondé et plongent à la recherche de cartouches d’oxygène…
On regrettera toutefois que Thomas Vinterberg, efficace dans la dimension documentaire, les séquences de survie au fond de la mer et le portrait des familles au sol, ne développe pas suffisamment l’aspect politique du drame et ne se montre pas plus critique vis-a-vis du pouvoir. Par ailleurs, on se demande pourquoi tout le monde parle anglais…
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 octobre.