Grand écran: "La Favorite", sulfureuses intrigues de cour entre sexe et course au pouvoir (05/02/2019)
Yorgos Lanthimos, inclassable et inventif auteur grec de Canine, The Lobster et Mise à mort du cerf sacré, a choisi cette fois une œuvre en costumes, dont il brise évidemment les codes dans une réalisation très enlevée. Loufoque, décomplexée, provocante et fantasque, La Favorite se déroule au début du XVIIIe siècle. La guerre fait alors rage entre l’Angleterre et la France durant le règne d’Anne (Olivia Colman), la dernière des Stuart, sans héritier malgré ses 17 grossesses.
Empâtée, de caractère instable et de santé fragile (elle souffre de la goutte), la souveraine est nettement plus intéressée par les courses de canards, ses lapins chéris (devenus ses enfants) et ses petites turpitudes personnelles que par les affaires du pays.
Elle laisse gouverner à sa place son amie Lady Sarah, la duchesse de Marlborough (Rachel Weisz), à l’origine de la lignée Spencer-Churchill dont sont issus la princesse Diana et Winston Churchill. Tout se passe à merveille entre les deux femmes très complices, jusqu’à l’arrivée d’Abigail Hill-Masham (Emma Stone), destituée de son titre de baronne suite aux spéculations de son père et que Sarah, sa cousine, accepte de prendre comme servante.
Excellentes comédiennes
Mais la belle et ambitieuse Abigail n'a pas la moindre intention de rester au bas de l'échelle. Bien décidée à renouer avec ses racines aristocratiques, elle parvient à gagner la confiance de la reine, devient sa nouvelle confidente et provoque la jalousie de Sarah.
Formant un triangle amoureux cruel, nos guerrières sexuellement libérées et révélant des traits de caractère insoupçonnés, s’opposent dès lors dans une course dévastatrice au pouvoir. C’est le péché mignon du réalisateur qui aime évoquer dans ses films les luttes d’influence au sein d’un groupe, en privilégiant le côté psychologique
Les trois actrices sont excellentes, Olivia Colman (photo), qui a pris 16 kilos pour le rôle, plaisant plus particulièrement au jury de la Mostra de Venise, en décrochant le prix d’interprétation. Quant à l’auteur de cet irrévérencieux film de femmes qui ont le contrôle sur les hommes, basé sur une réalité historique dont il joue, il a remporté le Grand Prix. La comédie est par ailleurs, avec Roma, une grande... favorite des Oscars.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 février.
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