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Sorties de la Semaine - Page 120

  • Grand écran: "Une affaire de famille"...en or, drame socio-politique critique signé Kore-eda

    une_affaire_de_famille_a.jpgNobody Knows, Tel père, tel fils, Notre petite sœur... Excellent chroniqueur des rapports humains, de la filiation, des liens biologiques ou ceux qu’on se choisit, Hirokazu Kore-eda revient après son thriller The Third Murderer, sur son sujet préféré avec Une affaire de famille. Il a valu en mai dernier la Palme d’or à ce grand habitué du Festival de Cannes

    Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage pour compléter son maigre salaire, Osamu et son fils Shota recueillent dans la rue Aki, une adorable gamine de cinq ans. D’abord réticente à l’idée de la garder pour la nuit, la femme d’Osamu accepte, en dépit d’une situation précaire, de s’occuper d’elle en découvrant que ses parents la brutalisent.

    Dans ce nouvel opus, l’auteur prend le contrepied de Nobody Knows (2004) qui évoquait l’histoire bouleversante de quatre enfants livrés à eux-mêmes, en se penchant cette fois sur ce couple qui s’invente une famille en sauvant des gosses abandonnés ou maltraités.

    Aki est immergée à son tour dans ce foyer atypique reconstitué, parfaitement amoral, où le père apprend à son fils à chaparder, où la mère blanchisseuse pique les objets laissés dans les vêtements des clients et où la ravissante soeur aînée, vêtue en écolière, excite les amateurs du genre dans un peep show.

    Un nid douillet débordant de chaleur humaine

    Tout ce petit monde s’entasse dans le taudis d’une grand-mère arnaqueuse. Un invraisemblable capharnaüm où s’amoncellent des objets hétéroclites mais qui, en dépit de son inconfort et de la promiscuité, forme un nid douillet débordant de tendresse et de chaleur humaine.

    Mais les choses tournent mal. Bien qu’elle ne soit pas recherchée par ses parents, Aki est considérée comme ayant été enlevée. Ce qui provoque un rebondissement inattendu dans la dernière partie avec l’intervention de la police et de la justice, dépassées par l’organisation singulière de ce groupe marginal. 

    Si Une affaire de famille n’est pas à notre avis l’œuvre majeure de Kore-eda, le métrage séduit par son humanisme, sa sensibilité, sa générosité, sa simplicité, sa délicatesse, son humour et son absence de pathos. Et comme toujours, les comédiens, à commencer par les enfants, sont impeccablement dirigés.

    Par ailleurs, il ne s’agit pas que d’une fable touchante peuplée d’attachants petits délinquants se réchauffant les uns les autres au sein d'un cocon où l’amour remplace l’argent. Non seulement Kore-eda questionne la légitimité d’une famille, l’importance ou non des liens du sang mais, à son habitude, pose un regard très critique sur la dureté de la société japonaise, où le fossé s’élargit entre les riches et les pauvres souvent condamnés aux délits  pour joindre les deux bouts.

    Malgré son prestigieux couronnement cannois, les accusations de l'auteur n’ont pas été du goût du gouvernement nippon, dont le porte-parole a félicité, officiellement du fond du cœur mais manifestement du bout des lèvres, l’auteur de de cet opus politiquement incorrect. Mais,c’est le plus important, il a conquis le public.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 décembre.

     

     

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  • Grand écran: "Genesis 2.0", ou si on ressuscitait le mammouth...

    1367611_backdrop_scale_1280xauto.jpgSur les terres inhospitalières de Nouvelle Sibérie, dans l’océan Arctique, des dizaines de chasseurs tentent de découvrir des défenses de mammouth. Bien conservées, elles valent des fortunes sur le marché. Elles passionnent également des scientifiques qui, grâce à l’avancée des technologies en biologie génétique, sont proches de concrétiser leur projet de ressusciter le mammouth laineux. Une affaire qui pourrait bouleverser le monde.

    Genesis 2.0 est un documentaire réalisé par les cinéastes russe Maxim Arbugaev et suisse Christian Frei, Le premier, jouant les reporters et livrant de belles images, s’intéresse aux chasseurs des grandes dents de la chance leur permettant de nourrir leurs familles. Ainsi qu'au danger encouru à déranger les esprits de ces mastodontes préhistoriques. Le second traite parallèlement l’aspect scientifique en suivant des spécialistes ou responsables du musée du mammouth qui tentent de lui redonner vie.

    S'interrogeant sur le sens de la vie, le documentaire passe ainsi des plaines désertiques au high tech en se perdant un peu en route et se conclut avec un débat sur l’éthique du clonage où s’affrontent un chercheur britannique au discours messianique et un inquiétant généticien chinois. Au final, on a un aperçu des recherches en biologie de synthèse. Mais on reprochera à Christian Frei, en dépit de la promesse que contient sa partie en forme de science-fiction, de  nous promener trop souvent dans des laboratoires sans nous donner grand-chose à voir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 28 novembre.

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  • Grand écran: Kheiron continue à se raconter dans "Mauvaises herbes". Avec Catherine Deneuve et André Dussolier

    deneuve-kheiron-mauvaises-herbes.pngKheiron, réalisateur de Nous trois ou rien ou il racontait la fuite d’Iran de ses parents vers la France, revient avec Mauvaises herbes, où il continue à dérouler le fil de sa vie, Cette fois, il décrit ses années d’éducateur auprès d’enfants en décrochage scolaire.

    Il se donne le rôle principal de Waël, un gamin venu de loin comme l’illustre la scène d’ouverture évoquant le massacre de civils palestiniens au Liban en 1982. Orphelin, il est recueilli puis placé en banlieue parisienne. Devenu un petit délinquant, il monte une arnaque au sac à main avec sa complice Monique (Catherine Deneuve) une pétulante retraitée peu conformiste.

    Leur combine marche plutôt bien jusqu’au jour où ils tombent sur Victor (André Dussolier) un ancien amoureux de Monique, bénévole dans un centre pour ados à problèmes. Le duo va alors devoir s’acheter une conduite. Monique est promue secrétaire de l’association tandis que Waël va s’occuper de six lycéens révoltés. Une expérience de patronage dont ils vont profiter mutuellement.

    Tentant un de jongler entre humour et gravité, Kheiron raconte le parcours de Waël à coups de flashbacks: son errance périlleuse dans Beyrouth, son accueil par une nonne avec passages lourdauds sur son enfance v(i)olée, puis son adoption en France. Kheiron se donne de la peine et en a dans cette fable démonstrative à vocation édifiante, qui se révèle trop lisse, naïve et maladroite.

    Entre farce et mélodrame, il livre un scénario à l’humanisme balourd, truffé de vannes pas très drôles à de rares exceptions, de séquences peu crédibles qui frisent le ridicule quand elles n’y tombent pas. Peuplé d’archétypes, il est surtout pétri de bons sentiments qui ne font hélas pas de bons films. Par ailleurs, s’il a pu s’offrir deux stars, ce n’est guère payant, même de la part de la grande Catherine Deneuve, certes courageuse mais peu convaincante en dame de charité foldingue.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 novembre.

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