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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 13

  • Festival de Cannes: «L'amant double», le thriller érotique de François Ozon

    aaaaaaamant.jpgUne coupe de cheveux, une visite gynécologique, une plongée dans un vagin qui palpite… Le ton est donné pour L’amant double de François Ozon. Auteur prolixe, ce grand habitué de la Croisette, qui s'alignait une troisième fois dans la course à la Palme d'or, est encore reparti bredouille. Le jury est resté insensible au charme de la belle Marine Vacth. Quatre ans après Jeune et jolie, elle interprète Chloé, une femme fragile et dépressive. Tourmentée par des maux de ventre, elle décide d’entreprendre une psychothérapie et ne tarde pas à tomber amoureuse de son psy Paul, incarné par l'acteur belge Jérémie Renier.

    Quelques mois plus tard les amants s'installent ensemble. En rangeant des cartons, Chloé met par hasard la main sur un passeport dont la photo ressemble furieusement à Paul et pense qu’il lui cache des choses. Le voyant parler avec une femme, elle imagine qu’il la trompe jusqu’àu moment où elle découvre qu’il a un frère jumeau, Louis, également psychiatre avec qui il est brouillé depuis dix ans…

    Prenant rendez-vous avec lui sous un faux nom, elle devient sa maîtresse. Pensant à l’un lorsqu’elle est avec l’autre au cours de scènes torrides, elle est déchirée entre deux personnages physiquement identiques aux personnalités antagonistes.

    L’auteur met ses protagonistes à nu

    François Ozon n’hésite pas à mettre ses protagonistes à nu, au propre et au figuré dans son vingtième long métrage, un thriller érotique stylisé, à l’image clinique presque chirurgicale, construit de manière architecturale avec des effets de miroirs. Explorant les tréfonds noirs et pervers de l’âme humaine à travers des personnages redoutablement névrosés, ce fan de Hitchcock, s’est inspiré d’un polar noir paru en 1987, de Joyce Carol Oates, alias Rosamond Smith, The Lives of The Twins (L’amour en double en français).

    «J’étais d’autant plus séduit par l’intrigue qu’elle avait utilisé un pseudonyme pour l’écrire. Il y a déjà là l’idée du double », déclare l’auteur. «J’en ai toutefois réalisé une adaptation assez libre, en inventant par exemple une fin inexistante dans le livre, en changeant la profession de la fille qui passe de mannequin à gardienne de musée chez moi. Et bien sûr je l’ai transposé en France».

    Pourquoi cette folie du double dans un thriller à tendance gore?

    Nous sommes tous différents selon qui nous fait face, nous avons des identités multiples. Cela contribue à la richesse d’une personnalité Dans mes goûts je suis très éclectique. Ce qui m’intéresse dans un film c’et la narration et la façon de lui trouver une forme adéquate. J’adapte mon récit au sujet que je traite. Par exemple dans Frantz, mon film précédent, je suis beaucoup plus classique. Là j’avais envie de jouer avec le film d’horreur et ses codes. Evoquer le suspense, la manipulation. Créer une tension permanente, un effroi, un malaise. J’ai essayé de retrouver cette angoisse qu’on aime. C‘est une sorte de catharsis. On se fait peur, comme les enfants.

    Vous allez loin dans les fantasmes de votre héroïne

    Cette histoire m’y pousse. Elle a des rêves de meurtre. Les fantasmes et les rêves révèlent la vérité des gens. Cela permet de mieux les cerner. On pense que le mal vient de l’extérieur En réalité il est en nous.

    Vous avez choisi de retravailler avec Marine Vacht. Votre nouvelle muse?

    Je me suis très bien entendu avec elle. Pour Jeune et jolie, je l’ai filmée un peu comme dans un documentaire. Depuis elle est devenue une vraie comédienne. En quatre ans, je l’ai vu grandir avec d’autres cinéastes. Dans L’amant double, elle montre ses talents d’actrice. C’est une fille très équilibrée, très mûre pour son âge.

    En ce qui concerne Jérémie Renier, c’est la troisième fois que vous collaborez après Potiche et Les amants criminels. Était-ce difficile pour lui d’endosser ce rôle délicat de personnalités identiques et antagonistes.

    Oui, c’est compliqué, mais tous les acteurs rêvent de jouer des jumeaux. Jérémie état ravi, mais également anxieux de savoir s’il serait aussi bon dans les deux caractères. Sa nature le porte en effet plutôt vers le personnage de Paul, l’élément gentil que vers celui de Louis, son exact contraire. En même temps, il a sa part d’ombre. Comme tout le monde.

    Et qu’en est-il de la vôtre? Où la dissimulez-vous?

    Dans mes films. La gémellité, c’est fascinant, mais c’est également angoissant d’être face à un miroir. Je me supporte déjà difficilement en simple exemplaire. Alors en double, vous imaginez...

    1. A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 mai.

     

     

     

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  • Festival de Cannes: pour Pedro Almodovar, la Palme d'or doit sortir en salles

    aaaaaapedro.jpgAlors qu’Emmanuel Macron et Donald Trump font leur possible pour lui voler la vedette, le Festival de Cannes déroule imperturbablement son tapis rouge où se bousculaient déjà les stars à l’ouverture de cette 70e édition.

    A commencer par le président du jury Pedro Almodovar et ses huit camarades, à qui échoit la redoutable tâche de décerner la Palme d’or à l’un des dix-neuf concurrents. Invité à dire ce que représente pour lui le festival en conférence de presse, le bouillant Espagnol n’a pas tardé à annoncer la couleur.

    Après avoir rappelé qu’il fréquentait la grand-messe cannoise depuis 1982 «une fête et une célébration du cinéma d’auteur», il a déclaré, en référence à la polémique Netflix, ne pas concevoir qu’une Palme d’or ou un autre prix soient remis à un film ne pouvant être vu en salles. Alors que la plateforme américaine prévoit le contraire en ce qui concerne The Meyerowitz Stories de l’Américain Noah Baumbach et Okja du Sud-Coréen Bong-Joon-Ho.

    «Cela ne signifie pas que je ne sois pas ouvert aux nouvelles technologies ou à ce qu’elles apportent », a-t-il ajouté. «Mais ce qui est déterminant quand on voit un film pour la première fois, c’est la taille de l’écran. Elle ne soit pas être plus petite que votre chaise».

    Pour le reste, Pedro Almodovar a insisté sur sa chance unique d’avoir été choisi. A l’image de ses co-jurés, les Américains Jessica Chastain et Will Smith, la Chinoise Fan Bingbing, le Sud-Coréen Park Chang-Wook, l’Allemande Maren Ade, l’Italien Paolo Sorrentino, les Français Agnès Jaoui et Gabriel Yared.

    En revanche ils ne partagent pas forcément la position radicale de leur président à propos de Netflix, plus particulièrement Agnès Jaoui, relativement nuancée toutefois, et Will Smith qui a lui complètement pris la défense du géant du streaming. Ce qui n'est pas très étonnant, dans la mesure où il produira son prochain film. 

    Mais ils se retrouvent tous pour se réjouir de voir des films qui leur ouvriront l’esprit et le coeur, de vivre une extraordinaire expérience, d’apprendre, de juger sans idée préconçue, de découvrir le cinéma de demain. Will Smith, encore lui, s’est montré d’humeur comiquement batailleuse dans l’interview précédent la conférence de presse. «J’atttends de pouvoir taper sur la table et affirmer que je ne suis pas d’accord. Faire un scandale au cours des débats… »

    aaaaaaafantomes.jpgUn casting cinq étoiles pour Les fantômes d’Ismaël

    Des stars, il y en avait aussi dans Les fantômes d’Ismaël, le film d’ouverture du Français Arnaud Despleschin réunissant Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Alice Rohrwacher, Mathieu Amalric, Louis Garrel (le cheveu rasé, nuisant un poil si j’ose dire en l’occurrence à son charme) et Hippolyte Girardot.

    Une histoire assez folle où le réalisateur, ne cachant pas non plus son bonheur, sa gratitude, son émotion d’en être, de surcroît sans le stress du verdict final, balade le spectateur dans les méandres d’intrigues sur fond d’espionnage.

    Tandis qu’un diplomate traverse le monde sans rien y comprendre, un réalisateur traverse son existence sans rien y piger non plus. Despleschin fracasse des fragments d’histoires pour faire naître de ces éclats une femme aimée, le souvenir d’une femme aimée revenue d’entre les morts et une diablotine. Un film dont le message, pour son auteur, tient avant tout dans l’avant- dernière réplique de Charlotte Gainsbourg. «La vie m’est arrivée».

    C’est aussi la première rencontre cinématographique entre cette dernière et Marion Cotillard. Elle s’est révélée évidente et simple sur le plateau. Cette collaboration correspond par ailleurs au souhait de Marion. «J’ai eu la chance de tourner avec de grands acteurs, mais j’adorerais jouer davantage avec des femmes. J’ai une passion pour les actrices et c’est merveilleux de partager cette expérience avec Charlotte ».

    Une double satisfaction pour le cinéaste qui avait envie de travailler avec Charlotte depuis «L’effrontée», tout en admirant la capacité de Marion à créer du mythe et à s’en débarrasser.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 17 mai.

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  • Festival de Cannes: Une 70e édition avec des records pour Michael Haneke et Nicole Kidman

    aaaacannnes.jpgLe voile est levé sur la 70e édition du Festival de Cannes. Un cru 2017 moins dominé que d’ordinaire par les valeurs sûres. Un millésime à coloration politique par ailleurs, un «moment suspendu» entre la présidentielle et les législatives, comme l’a rappelé le président Pierre Lescure lors de la conférence de presse, avant que le délégué général Thierry Frémeaux déroule la liste des films retenus.

    Le comité de sélection en a visionné 1930 pour en choisir 49. En compétition, 18 seront soumis au jugement du président Pedro Almodovar et de ses futurs complices. 16 figurent dans Un certain regard, les autres se répartissant hors compétition, dans les séances spéciales et de minuit.

    On compte en tout 29 pays, 9 premiers films et 12 réalisatrices dont trois, l’Américaine Sofia Coppola (Les Proies), la Japonaise Naomi Kawase (Radiance) et la Britannique Lynne Ramsay (You Were Never Really Here) prétendent à la Palme d’or. A cet égard, l’Autrichien Michael Haneke, qui détient le record de sept sélections, tentera d’en établir un autre en remportant un troisième trophée avec Happy End. Au générique de quatre productions, Nicole Kidman rafle celui de l’ubicuité…

    Les Français très bien lotis

    Alors qu’Arnaud Depleschin assurera l’ouverture avec Les fantômes d’Ismaël Les Français sont particulièrement bien représentés dans la course à la médaille avec François Ozon et son thriller L’amant double, Jacques Doillon (Rodin), Michel Hazanavicius (Le redoutable, autour de Jean-Luc Godard) et le petit nouveau Robin Campillo (120 battements par minutes, chronique du sida à travers l’organisation ActUp).

    Du sang neuf également chez les Américains avec Noah Baumbach (The Meyerowitz Stories), les frères Benny et Josh Safdie (Good Time). Ils feront face au vétéran Todd Haynes (Wonderstruck). En concours pour la première fois aussi le Coréen Bong Joon-ho (Okja), tandis que son compatriote Hong Sangsoo propose The Day after.

    On trouve ensuite deux Russes, Serguei Loznitsa (A Gentle Creature) et Andreï Zviagintsev (Loveless), le Grec Yorgos Lanthimos (Mise à mort du cerf sacré), le Hongrois Kornel Mundruczo (Jupiter’s Moon), le turco-allemand Fatih Akin (In The Fade).

    Les stars devant la caméra

    Du beau monde derrière, mais aussi devant la caméra. On citera pêle-mêle Robert Pattinson chez les frères Safdie, Joaquin Phoenix chez Lynne Ramsey, Isabelle Huppert chez Haneke, Vincent Lindon chez Doillon, Louis Garrel chez Hazanavicius, Jérémie Renier chez Ozon.

    Sans oublier Nicole Kidman, déjà citée ci-dessus. On la retrouve en concours chez Sofia Coppola et Lanthimos, hors compétition chez John Cameron (How to Talk to Gilrs at Parties) et dans la deuxième saison de Top of The Lake la série télévisée de Jane Campion dans son intégralité. De son côté, David Lynch débarquera avec deux épisodes de la saison 3 de Twin Peaks. Des projections en séances spéciales. 

    Dans cette section on pourra en outre découvrir des documentaires engagés. A l’image de Napalm de Claude Lanzman, An Inconvenient Sequel de Bonni Cohen et Jon Shenk, ou encore 12 jours de Raymond Depardon. Un mot sur Kristen Stewart qui montre son premier court métrage (come Swim) et Chair et sable d’Alejandro Inarritu, un film en réalité virtuelle de 7 minutes, proposé pour la première fois.

    On aura l'occasion de parler plus tard de La quinzaine des réalisateurs et de La semaine de la critique, deux volets importants de cette 70è édition, où Monica Bellucci jouera la maîtresse de cérémonie pour l'ouverture et la clôture du festival, qui se terminera par la projection de la Palme d'or.

    Festival de Cannes du 17 au 28 mai.

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