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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 11

  • Festival de Cannes: "En guerre", avec un formidable Vincent Lindon prétendant à un nouveau sacre

    en_guerre_a.jpg«Je ne pense pas être assez bon pour composer un personnage. Je me demande simplement: si moi j’étais lui, qu’est-ce que je ferais ? Et j’incarne. C’est ce qui m’intéresse. Je ne sais pas interpréter des caractères trop loin de moi », explique Vincent Lindon, héros d’ «En guerre», le dernier Stéphane Brizé aligné en compétition.

    Plus qu’incarner, le comédien « est » Laurent Amédéo, porte-parole d’une intersyndicale luttant contre la fermeture brutale de son usine. Il nous emporte et nous bouleverse par son engagement, sa conviction, sa pugnacité, son sens de la morale, son plaidoyer poignant pour la justice et le respect dans ce très grand film qui a eu droit à une ovation de 15 minutes lors de sa présentation publique.

    Si on devrait pour le moins le retrouver au palmarès, Vincent Lindon peut largement prétendre à un deuxième prix d’interprétation, après une performance aussi remarquable, sinon davantage que celle qui l’a sacré meilleur acteur il y a trois ans pour « La loi du marché » du même Stéphane Brizé. On ne change pas une équipe qui gagne.

    La dimension humaine face à la dimension économique

    Une fois de plus, le réalisateur se penche sur un drame économique social en explorant, à travers le combat des employés, les mécanismes économiques qui mènent à des fermetures d’usine. Elles deviennent très conflictuelles dans la mesure où la colère des victimes désespérées se nourrit de l’humiliation et de l’injustice subies. Car en l’occurrence il ne s'agit pas de se débarrasser d’une affaire en déficit mais d’une usine rentable qui ne correspond pas aux visées des actionnaires en voulant toujours plus. Une situation loin d’être rare

    Opposant la dimension humaine à la dimension économique en nous montrant la disproportion colossale des forces en présence, Stéphane Brizé nous plonge immédiatement dans le bain avec l’annonce de la liquidation du site français devenu la filiale d’un groupe allemand. Et décrit le désespoir des 1100 salariés qui en feront les frais, alors qu’ils étaient en train de négocier pour sauver l’entreprise.

    «La réalité nourrit ma fiction»

    Laurent Amédéo dénonce violemment le mensonge des patrons, l’accord bafoué, les promesses non tenues. La grève est décidée, le ton monte, le conflit s’amplifie, les ouvriers crient toujours plus fort, sans arriver à se faire entendre du pouvoir qui les ignore, nie leur souffrance. Ou les divise pour mieux régner. C’est la guerre. Et comme toutes les guerres, celle-ci engendre des tragédies.

    Pour Stéphane Brizé, le désir de son film, «politique dans le sens étymologique du terme, je ne suis le porte-parole d’aucun parti, d’aucun syndicat», vient notamment de la fameuse affaire de la chemise déchirée du DRH d’Air France en 2016. « La réalité nourrit ma fiction qui vient à son tour éclairer le réel, en donner une idée. Le cinéma le permet, contrairement aux reportages télévisés, qui n’ont pas le temps de la nuance et ne peuvent que rapporter les faits avec quelques images, auxquelles on fait dire ce qu’on veut, un commentaire et des bouts d’interviews ».

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 mai.

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  • Festival de Cannes: retour mordant de Spike Lee dans un pamphlet férocement militant

    thumb_59326_media_image_x584.jpgSpike Lee revient à Cannes 27 ans après Jungle Fever avec BlacKkKlansman, une charge cinglante contre le racisme, l'extrême droite et le président Donald Trump. D’un humour férocement militant, jubilatoire, le film est basé sur la folle et véridique histoire de Ron Stallworth.

    Ce policier afro-américain de Colorado Springs (John David Washington, le fils de Denzel ) avait infiltré le Ku Klux Klan avec un collègue juif Flip Zimmermann (Adam Driver) au début des années 70. Les deux compères (photo) font merveille dans cet opus entre polar, comédie et politique.

    Il se termine par la dénonciation des événements de Charlottesville, cette ville de Virginie secouée par des violences de groupuscules d'extrême droite le 12 août 2017. Il montre ce moment tragique où la voiture d'un suprémaciste blanc percute volontairement des militants antiracistes, provoquant la mort d'Heather Heyer, 32 ans.

    Coiffé d’un béret noir, Spike Lee qui ne se gêne pas dans son film pour dresser un parallèle entre David Duke et Donald Trump, lorsque le leader du Klan dit vouloir rendre sa grandeur à l’Amérique…, s'est de surcroît livré à une attaque en règle contre le président américain lors de sa conférence de presse.

    Réveiller les consciences, secouer les gens

    «La mort de Heather Heyer est un meurtre. Et nous avons un type à la Maison Blanche, je ne prononcerai même pas son nom, qui n'a pas osé dénoncer le Klan et ces salopards de nazis. On parle de démocratie, mais c’est de la foutaise dans un pays bâti sur l’esclavage. Et ces conneries ne se passent pas seulement aux Etats-Unis c’est partout dans le monde. On ne peut rester silencieux. J'appelle les gens à se réveiller. On a tendance à rester passif, Le monde va à l’envers, on marche sur les mains. Ce type à la Maison Blanche possède le code nucléaire. Il peut déclencher une guerre atomique… »

    «Il faut réécrire l’histoire avec ce film. Je suis porteur d’espoir» dit encore Spike Lee. «J’espère qu’il sera distribué dans le monde entier, dans des pays où sévit l’extrême-droite. J’espère éveiller les consciences, secouer les gens, créer une discussion autour du racisme».

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  • Festival de Cannes: 21 films pour une Palme d'or. Du renouvellement et des valeurs sûres

    festival_de_cannes_2018___cate_blanchett_sera_pr__sidente_du_jury_5537.jpeg_north_1200x_white.jpgStars devant et derrière la caméra, glamour et paillettes pour la 71e édition de la grand-messe de la pellicule qui débute le 8 mai. 21 films seront soumis au verdict du jury composé de quatre hommes et cinq femmes, dont la présidente Cate Blanchett, Léa Seydoux et Kristen Stewart.

    Ce cru 2018 mise sur le renouvellement générationnel, Godard et l’Asie. Place donc d’abord au changement avec l’Américain David Robert Mitchell (Under The Silver Lake), la Libanaise Nadine Labaki (Capharnaüm), l’Egyptien A. B. Shawki (Yomeddine), le Polonais Pawel Pawlikowski (Zimna Wojna), le Français Yann Gonzalez  (Un couteau dans le cœur) thriller érotique avec Vanessa Paradis et sa compatriote Eva Husson (Les filles du soleil),

    Cela n'empêche pas de grands noms de figurer parmi les prétendants à la Palme d'or qui sera décernée le 19 mai: l'inoxydable Jean-Luc Godard (Le livre d'images) pour la dixième fois sur la Croisette, Spike Lee (BlacKkKklansman), ou Ashgar Farhadi pour Everybody Knows, avec Penelope Cruz et Javier Bardem, qui ouvrira les festivités. L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam, devrait faire la fermeture.

    Mais le réalisateur américain voit la diffusion de son film au festival et sa sortie en salles menacées. C'est une affaire de droits d'auteur qui empoisonne l'ancien membre des Monty Python. On saura mercredi s’il pourra être montré a annoncé le juge qui a examiné lundi, à Paris, la demande du producteur Paulo Branco d'en interdire la projection.

    1496998750858_0570x0400_1496998769197.jpgLes Asiatiques débarquent en force avec les Japonais Hirokazu Kore-Eda, (Shoplifters) et Ryusuke Hamaguchi (Netemo Sametemo), le Chinois Jia Zhang-Ke (Ash is purest white), le Sud-Coréen Lee Chang-Dong (Burning). Stéphane Brizé (En guerre) et Christophe Honoré (Plaire, aimer et courir vite, (photo) complètent la sélection française, tandis que Mateo Garrone (Dogman) et Alice Rohrwacher (Lazzaro Felice) représenteront l’Italie.

    Le cinéaste dissident iranien Jafar Panahi (Three Faces) et le metteur en scène russe assigné à résidence à Moscou Kirill Serebrennikov (Leto) ont été invités à venir présenter leurs films. Mais ce dernier ne pourra pas faire le voyage. En ce qui concerne Panahi, il y aurait également peu d’espoir qu’il soit autorisé à quitter le territoire. 

    Les femmes très minoritaires 

    Contrairement au jury, les femmes restent très minoritaires. Trois seulement en lice pour 15 hommes, alors qu’on aurait pu en attendre davantage suite à l’affaire Weinstein. Refusant d’appliquer des quotas, le délégué général s’en est expliqué. "Il y a une différence entre les femmes cinéastes et la question #MeToo. il n'y aura jamais de discrimination positive pour elles."

    Star Wars et retour de Lars Von Trier

    La sélection officielle comporte divers volets. Hors compétition, on découvrira Solo: A star Wars Story qui revient sur la jeunesse de Han Solo. Déclaré persona non grata en 2011, Lars Von Trier réapparaît avec The House That Jack Built. En séance spéciale, Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit présentent La Traversée, une observation du quotidien des Français 50 ans après Mai 68.

    Un Certain Regard

    Complément de la compétition, Un Certain regard projettera une quinzaine de longs métrages, parmi lesquels le premier film syrien Mon tissu préféré de Gaya Jiji, évoquant une jeune célibataire issue d’une banlieue de Damas et rêvant d’une vie meilleure. On citera aussi A genoux les gars d’Antoine Desrosières, un opus cocréé avec ses actrices qui ont écrit le scénario et les dialogues. De la soumission vers l’émancipation, il raconte le voyage initiatique d’une ado musulmane.

    Des mesures qui font grincer quelques dents

    Les journalistes ne pourront plus voir les films en avant-première, mais en même temps que le public lors des projections officielles. Cela dans le but de redonner leur éclat aux soirées de gala, selon le délégué général Thierry Frémaux. Et non pas, a-t-il répété lors de sa conférence de presse cannoise, d'une mesure contre la presse. Par ailleurs après la polémique de l’an dernier, Netflix ne sera pas du raout. Terminés enfin les selfies sur tapis rouge. On est là pour voir des stars, pas pour imaginer en être...

    La dernière Quinzaine d’Edouard Waintrop

    waintrop-dscf7611_0.jpgIndépendante du festival, créée après les événements de Mai 68, la Quinzaine des réalisateurs fête ses 50 ans en compagnie d’un prestigieux invité, Martin Scorsese. Découvert avec Mean Streets en 1974, il se verra remettre un Carrosse d’or. Pour ce cru particulier, le délégué général Edouard Waintrop n’a pas lésiné en programmant 20 films. Avec toujours la volonté et l’audace de révéler des talents d’horizons divers.

    Cette année, les Sud-Américains sont à l’honneur mais ce sont les Français qui se taillent la part du lion, Six sont sélectionnés, dont le provocateur Gaspard Noé, avec l’énigmatique Climax. Deux comédies figurent par ailleurs au menu. En liberté! de Pierre Salvadori réunit Adèle Haenel dans la peau d’une inspectrice de police et Pio Marmaï dans celle d’un ex-bagnard. Pour leur part Isabelle Adjani et Vincent Cassel se retrouvent à l’affiche du polar Le monde est à toi, signé Romain Gavras.

    Rappelons que cette édition est la dernière d’Edouard Waintrop, en poste depuis 2012 et qui sera remplacé l’an prochain par l’Italien Paolo Moretti. « La direction de la Société des réalisateurs de films (SRF) m’a imposé sa décision et au début j’étais furax», nous dit-il. « Aujourd’hui je trouve ça très sain. Sept ans ça suffit. Avec tous les films français que j’ai refussés, je n’ai pas loin d’un millier d’ennemis ! Blague à part, j’ai toujours pu faire ce dont j’avais envie. C’est le plus important ».

    Edouard Waintrop reste directeur des Cinémas du Grütli, ce qui permettra aux Genevois de voir les films de la Quinzaine du 30 mai au 5 juin.
     
    La Semaine de la critique

    Née en 1962 et dédiée à une première ou deuxième oeuvre, la Semaine de la critique est la section parallèle la plus ancienne de Cannes. Elle propose une sélection de sept films en compétition. Parmi ceux-ci Paul Dano signe en ouverture avec Wildlife son premier film, une adaptation du roman éponyme de Richard Ford par sa compagne Zoe Kazan et lui-même. Il raconte l'histoire de Joe, un adolescent de 14 ans dans les années 1960, qui assiste impuissant à la lente dégradation des rapports entre son père et sa mère

    De son côté, la cinéaste suisse Anja Kofmel débute sur la Croisette derrière la caméra, avec Chris The Swiss. Entre documentaire en prises de vues réelles et narration animée en noir et blanc, elle nous emmène dans les années 90, au cœur d'une Croatie déchirée par le conflit yougoslave, sur les traces de son cousin Chris, jeune journaliste retrouvé assassiné dans de mystérieuses circonstances. 

    Le duo Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt met lui le ballon rond à l'honneur dans Diamantino. Ce premier long métrage portugais  imagine un célèbre footballeur qui devient l’objet de toutes les convoitises.

    Cannes, du 7 au 19 mai.

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