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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 9

  • Festival de Cannes: Terrence Malick, sérieux prétendant à la Palme d'or avec "Une vie cachée"

    une-vie-cachee-photo-1083408.jpgObjecteur de conscience, Franz Jägerstätter, un paysan autrichien, refuse de prêter allégeance à Hitler et de se battre aux côtés des nazis. Coupable de trahison envers le régime, sa vie devient un véritable enfer. Il sera finalement exécuté en 1943.

    Porté par la foi inébranlable et son amour pour sa femme Fani, dont il peut compter sur l’indéfectible soutien, Franz (August Diehl, magnifique prétendant au prix d’interprétation), n’accepte pas ce qui est arrivé à son pays.

    Persuadé que la guerre est l’œuvre du mal et Hitler l’antéchrist, le fermier refuse de plier devant la brutalité de ceux qui s'ingénient à le faire changer d’avis. Malgré les souffrances endurées, il reste un homme libre.

    Huit ans après avoir décroché la Palme d’or pour The Tree Of Life, Terrence Malick, s’aligne donc à nouveau en compétition. Adulé puis rejeté par certains, il devrait pouvoir réconcilier ses détracteurs et ses fans avec Une vie cachée, qui s’annonce comme un sérieux candidat à la Palme d’or.

    Un chemin de croix

    Cinéaste aussi déroutant que secret, l’Américain s’est inspiré de faits historiques réels pour raconter une histoire qui rend hommage, à travers Franz résistant intransigeant, aux héros méconnus, dans un film intense, bouleversant, poétique, puissant et d’une grande spiritualité.

    Alternant la terrible survie de Franz en prison et les efforts parfois surhumains de Fani pour parvenir à tenir la ferme, l’auteur suit, dans cette fresque de trois heures très malickienne, le chemin de croix de ses deux protagonistes unis par une conviction profonde.

    Ils nous apparaissent comme deux saints luttant de toutes leurs forces pour préserver l’humanité en cette période de folie. Reconnu martyre en 2007 par Benoît XVI, Franz a d’ailleurs été béatifié par l’Eglise catholique.

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  • Festival de Cannes: en panne de Palme d'or, Almodovar vaincra-t-il la malédiction avec "Douleur et gloire"?

    2266158_douleur-et-gloire-almodovar-et-son-double-web-0601226291664_1000x300.jpgTrois ans après Julieta, racontant la perte, l’abandon, la culpabilité, Pedro Almodovar revient avec Douleur et gloire, son 21e long métrage envoûtant au titre évocateur, réunissant deux de ses acteurs fétiches, Antonio Banderas et Penelope Cruz. Sélectionné pour la sixième fois en compétition à Cannes, le réalisateur oscarisé et césarisé, récompensé sur la Croisette par un prix de la mise en scène, un prix du scénario, par le biais aussi d’un prix d’interprétation à Penelope Cruz pour Volver, mais en mal de Palme d’or en dépit de pronostics souvent unanimes de la critique. Le fougueux Espagnol qui se révèle à nouveau un très sérieux prétendant à la récompense suprême, vaincra-t-il la malédiction dans cette 72e édition? Réponse le 25 mai.

    Evitant à son habitude les excès du mélodrame en évoquant avec sobriété, retenue et pudeur l’amour, le deuil, la réconciliation, Almodovar suit Salvador Mallo, un réalisateur en crise autrefois adulé, formidablement incarné par Antonio Banderas, candidat plus que crédible au prix d’interprétation. Il se met émotionnellement et intensément à nu, mêlant «son côté le plus sombre aux moments les plus lumineux de son enfance», dans ce film mélancolique baigné de tristesse.

    Il s’agit là de la plus intime et de la plus introspective de ses œuvres, tournant autour de ses premières passions, celles qui sont suivi, la mère, la mort, les acteurs avec qui il y travaillé, les ruptures. Et les retrouvailles, dont l’une bouleverse avec le long baiser que son personnage mature échangé avec un ancien amant, avant que ce dernier parte retrouver sa femme et ses enfants.

    Déclaration d’amour au cinéma

    Entre émois, regrets, impossibilité de séparer l’art de la vie privée, ce cinéaste si doué qui se demande avec autodérision comment il peut avoir du succès dans un pays aussi différent de l’Espagne que l’Islande, déclare son amour au cinéma. La pellicule libératrice de cet enfant intelligent, sensible et malheureux, élevé au sein d’un milieu paysan et catholique, dans une caverne repeinte par un maçon. Et qui découvre soudain, avec sidération, son homosexualité. Même si l’auteur, mêlant réalité, fiction et fantasmes avoue, fait en soi insignifiant, ne pas être absolument fidèle à sa biographie.

    Le film est ainsi rythmé par des allers et retours entre les années 60, 80 et aujourd’hui. Pedro Almodovar brosse le portrait captivant d’un cinéaste se disant incompris, en panne d’inspiration, plongeant dans ses souvenirs. Un hypocondriaque tourmenté physiquement et psychiquement.

    En proie à toutes sortes de douleurs musculaires, des migraines, des acouphènes, un lancinant mal de dos, il souffre également de troubles de l’âme, de dépression. Un homme se shootant à l’héroïne, pour qui «la vie tourne autour de sa colonne vertébrale et  dégoûte comme un remède inutile». Mais il va finir par se remettre à écrire.

    shutterstock_7049585a.jpgDes comédiens au sommet

    Si Almodovar ne cesse de nous fasciner, ses comédiens évoluent comme des poissons dans l’eau dans un univers qu’ils connaissent sur le bout des doigts. A commencer par Antonio Banderas, qui a collaboré huit fois avec lui. Séduisant, attachant avec des fêlures et une vulnérabilité non feintes, il représente, sans pourtant l’imiter en dépit de sa coiffure ananas et de ses vêtements colorés, le double magistral du cinéaste torturé par les affres de la création. Et se terrant de préférence dans son appartement madrilène, où il nous invite à entrer.  

    De son côté la solaire Penelope Cruz, qui a travaillé à six reprises avec l’auteur, est parfaite dans le rôle de la mère jeune d’Almodovar, peu épargnée par les soucis et les difficultés, mais au sourire toujours au bord des lèvres. Dans celui de la mère âgée et adorée, on retrouve Julieta Serrano, apparue dans le tout premier métrage du maestro ibère, Pepi Luci Bom et autres filles du quartier en 1980.

    Cela nous vaut une séquence où elle lui parle de son enterrement, manifestant notamment la volonté d’être pieds nus dans son cercueil… Une respiration comique dans ce magnifique opus où la douleur l’emporte sur la gloire. On espère que l’inverse se produira pour le cinéaste plus inventif et créatif que jamais.

    A l’affiche dans les salles romandes depuis vendredi 17 mai

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