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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 6

  • Festival de Cannes: traqués et emprisonnés dans "Grosse Freiheit", des gays en quête d'une incertaine liberté

    Longue ovation pour Grosse Freiheit,, présenté dans la section Un certain regard. Le film raconte l’histoire de Hans Hoffman. Il est gay et l’homosexualité, illégale dans l’Allemagne jusqu’en 1969, est condamnée selon l’article 175 du code pénal.
    Certains homosexuels sont même passés directement des camps de concentration à la prison. Comme Hans, personnage sacrificiel et tragique. Constamment entre deux condamnations, il s’obstine à y rechercher la liberté et l’amour. 

    Le second long métrage du réalisateur autrichien commence par des films d’archives où des hommes se rencontrent dans des pissotières. Ce sont en réalité des pièces à conviction, permettant la persécution autorisée et abjecte de ces hommes traqués, qui se retrouvent derrière les barreaux. 

    Trois dates, 1968, 1945 et 1957, ponctuent ce film physique, austère, radical, mais non dénué de romanesque. Evoquant l’ignominie de vies volées, il se passe pratiquement entièrement entre les murs gris du pénitencier.  On y retrouve les mêmes individus à différents âges, passant leur temps dans l’atelier de couture pour confectionner, selon les époques, des bleus de travail ou des draps roses.

    Inlassable rebelle sans cesse puni, Hans poursuit une histoire amicale, parfois intime et parfois violente avec Viktor, meurtrier endurci mais capable de compassion. De talentueux comédiens portent cette quête intense et incertaine de liberté, à commencer par le remarquable Franz Rogowski dans le rôle du naïf et romantique Hans. 

     

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  • Festival de Cannes: le militant Spike Lee, président du jury, fustige les dirigeants du monde

    Avant l’ouverture du festival, le jury a donné sa traditionnelle conférence de presse.  En majorité féminin, il est présidé cette année par le cinéaste new-yorkais Spike Lee. Lui et ses huit complices, l'actrice et réalisatrice Mélanie Laurent,  la chanteuse et actrice Mylène Farmer, les acteurs Tahar Rahim et Song Kang-Ho, les réalisatrices Mati Diop et Jessica Hausner, le cinéaste Kleber Mendonça Filho, l'actrice et productrice Maggie Gyllenhaal, doivent décerner la Palme d’or et les autres prix de ce cru 2021. 

    On pouvait compter sur le militant Spike Lee, coiffé d’une casquette marquée de la date 1619 en référence à l’arrivée des premiers esclaves aux Etats-Unis, pour envoyer un message politique en évoquant le sort des Afro-Américains. Et les violences policières qui continuent «trente putain d’années » après son fameux Do The Right Thing

    Tout en affirmant que Cannes est le plus grand des festivals, le cinéaste a fustigé les dirigeants comme Donald Trump, Jair Bolsonaro et Vladimir Poutine.  Nous sommes gouvernés par des gangsters. Ils vont faire ce qu’ils veulent. Ils n’ont ni morale ni scrupules. C’est contre des gens pareils qu’on doit porter nos voix, a-t-il déclaré en substance. 

    D'autres membres l’ont suivi, à l'image du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho qui a dénoncé la politique de son gouvernement, notamment dans la gestion du Covid.  Les jurés ont en outre rappelé les inégalités de genre toujours à l'œuvre dans le cinéma et combien celui-ci avait à gagner en ouvrant davantage d'espace aux femmes.

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  • Festival de Cannes: "Annette", opéra pop de Leos Carax, ouvre les feux. Avec Marion Cotillard et Adam Driver

    Les contrôles se multiplient, mais c’est malgré tout parti pour la 74e édition du Festival de Cannes avec Leos Carax en ouverture. Enfant terrible du cinéma français à la stature légendaire, auteur hors norme, visionnaire, énigmatique, doté d’une folle imagination, le cinéaste de retour à Cannes neuf ans près Holy Motors, aime renverser les codes et les genres pour inventer des mondes et nous emmener dans de singuliers voyages. C’est dire si Annette, sa comédie musicale façon opéra pop-rock, coproduite par des Genevois et qui sort dans la foulée en Suisse, était impatiemment attendue sur la Croisette. 

    Sixième long métrage du réalisateur en lice pour la Palme d’or, le premier en anglais, sur une idée originale et une musique du groupe culte américain Sparks, le film réunit Marion Cotillard, Adam Driver et Simon Helberg. 

    L’intrigue se déroule à Los Angeles. Elle raconte l’histoire d’Henry, le «Gorille de Dieu", vedette de stand-up inquiétante à l’humour féroce, et d’Ann, soprano mondialement connue. La naissance de leur premier enfant, Annette, fillette mystérieuse au destin exceptionnel, comme venue d’une autre galaxie, va bouleverser la vie de ce couple à la fois glamour et maudit. Tandis que la mère collectionne les succès, le père peine à faire rire et sombre dans la violence.

    Virtuose mais frisant parfois le ridicule  

    Clivant, Leos Carax laisse souvent perplexe. On l’aime pour son audace, sa créativité, son inventivité, ses trouvailles visuelles et en même temps il nous agace avec son côté cérébral, nombriliste. A l‘image de cette histoire d’amour se voulant passionnelle, mais ne laissant pas passer l'émotion. Tout est dans la mise en scène impressionnante, qui séduit par une superbe première séquence, où l'ensemble des acteurs exaltés, Cotillard et Driver en tête, s’avancent en chantant bras dessus, bras dessous, les yeux au ciel..

    On se dit alors qu'on va être nous aussi emportés. D'autant que la musique en jette. Pas facile pourtant de tenir au même rythme sur une (trop) longue durée (2h20), l’auteur évoquant par la suite une descente aux enfers de ces deux stars inflammables à la réussite de plus en plus décalée. Cela donne lieu à des scènes aussi virtuoses et jubilatoires que frisant parfois le ridicule. Comme certains numéros longuets et pas drôles du prétentieux Henry en peignoir verdâtre ou, en deuxième partie, les apparitions assez grotesques du fantôme de Cotillard. Mais voici des réserves qui ne vont certainement pas refroidir les inconditionnels de Carax.

    A l’affiche dans les salles de Suisse dès mercredi 7 juillet.    

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