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Cannes dans Chassé-Croisette - Page 2

  • Festival de Cannes: Qui va remporter la Palme d'or 2022? Les prétendants se bousculent

    Dans quelques heures, la 75e édition cannoise, qui nous a réservé de belles surprises, aura vécu. On n’attend plus que le verdict de Vincent Lindon et de ses huit jurés pour savoir qui l’emportera, des 21 candidats à la prestigieuse Palme d’or. 

    Comme d’habitude, les pronostics vont bon train, divisant la critique. Mais si l’on en croit des rumeurs persistantes, il y aurait un favori, qui est aussi le nôtre. Il s’agit de Close, du Flamand Lukas Dhont. Il a touché la Croisette au cœur en évoquant sans pathos, en dépit d’une forte charge émotionnelle, l’amitié fusionnelle entre deux garçons de 13 ans, détruite par un terrible drame.
     
    Toutefois  selon le panel de journalistes internationaux et hexagonaux dans les magazines Screen et Le film français, d’autres prétendants ont la cote. Comme le Sud-Coréen Park Chan-wook avec son polar sensuel et virtuose   Decision To Leave. On parle aussi beaucoup de Tourment sur les îles d’Albert Serra, portrait de la politique coloniale et nucléaire française dans le Pacifique.  Le Roumain Mungiu garde ses fans avec RMN , qui scanne le racisme ordinaire,  tout comme l’Américain James Gray avec Armageddon Time,  où il plonge  dans ses souvenirs de jeunesse. 

    Et n’oublions pas le Suédois Tarik Saleh avec Boy From Heaven,  thriller politico-religieux sur les luttes d’influence  en Egypte,  le Japonais  Japonais Hirokazu Kore-eda  avec Broker  et ses trafiquants de bébés,  ou encore le Danois Ali Abassi avec Hoky Spider, traque d’un tueur de prostituées en Iran au début des années 2000. 

    Logiquement, on devrait en retrouver quelques-uns au palmarès qu’il s’agisse de la Palme, du Grand Prix du jury, de la mise en scène, du scénario, du prix du jury ou de ceux d’interprétation. Réponse ce samedi soir sur France 2 dès 20h30. 

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  • Festival de Cannes: avec le déchirant "Close", un Belge peut en chasser deux autres

    Les frères Dardenne ont en effet du souci à se faire. Après Girl, qui avait bouleversé la Croisette et décroché la Caméra d’or en 2018, le Flamand Lukas Dhont revient à Cannes, en compétition cette fois, avec Cloes, son deuxième long métrage qui a déclenché une délirante standing ovation de dix minutes. . 

    Et pour cause. Cette amitié fusionnelle entre Léo et Rémi, 13 ans, détruite par un drame impensable touche en plein coeur. D’autant que le réalisateur, en dépit de la force émotionnelle de son histoire, sait éviter tous les pièges du larmoyant, du pathos, 

    Lukas Dhont nous met tout de suite de suite au parfum.  On voit les deux gamins inséparables depuis toujours, s’inventer des ennemis à leur poursuite, courir dans les champs, se tirer la bourre à vélo, dormir dans le même lit. Mais petit à petit, ce lien indéfectible, cette intimité de tous les instants, commencent à faire jaser certains de leurs camarades. Une fille leur demande s’ils sont en couple. On entend les mots « tapette », « pédale ». 

    Blessé, Léo commence alors à s’éloigner de Rémi qui ne comprend et surtout ne supporte pas cette nouvelle attitude. Il  a la rage d’être mis à l’écart et la manifeste dans des emportements violents. Dès cet instant, Lukas Dhont nous maintient dans la crainte constante et haletante d’un drame. Jusqu’à ce qu’il se produise, inéluctablement. Dévoré par le remord, le Léo ronge sa culpabilité, se murant dans le silence.   

    Avec Close, le cinéaste flamand révèle une nouvelle fois deux jeunes comédiens impressionnants de charisme et de justesse.  Eden Dambrine et Gustav de Waele. Ils donnent la réplique à une Emilie Dequenne déchirante de dignité en mère de Rémi, qui nous fait partager son immense chagrin. 

    Un bébé abandonné dans Broker  

    Autre prétendant à la médaille, le Japonais Hirokazu Kore-eda, déjà couronné avec Une affaire de famille en 2018. Avec Broker, il reste sur son terrain de prédilection, tout en situant son histoire en Corée du Sud.  

    Les premières images sont dures. Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son nouveau-né à proximité d’une boîte à bébés. Il est récupéré illégalement par deux hommes, des revendeurs d’enfants à qui s’allie la mère, une prostituée. Tous trois sont bien décidés à le faire adopter contre rémunération importante.

    Mais tout n’est pas simple et l’auteur nous emmène dans un voyage à travers le pays pour trouver les parents idéaux. Lors de cet insolite road-movie, les trafiquants sont traqués par la police, qui veut les prendre en flagrant délit au moment de la transaction. .

    Au fil de l’intrigue, symptomatique des maux et paradoxes sociaux, l’auteur évoque la possible construction d’une famille entre ces laissés pour compte de la société, dont la rencontre avec  le nourrisson changera le destin. A l’image de Lukas Dhont, il évite l’émotion et la larme faciles dans ce film non dépourvu de cynisme et d’humour.

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  • Festival de Cannes: "Elvis", biopic spectaculaire et fascinant, à la démesure de son héros. Austin Butler et Tom Hanks géniaux

    « Très jeune, j’ai appris que sans chanter, on mourait. Alors je chante », déclare  Elvis vers la fin du film,  qui s’est curieusement achevé dans un quasi silence de cathédrale, lors de l’unique projection suivant celle, follement applaudie la veille, au Grand Théâtre Lumière.

    Colossale, l’œuvre est spectaculaire, à la démesure de son héros. Normal de la part de Baz Luhrmann. Qui mieux que lui pouvait transposer à l’écran la vie impressionnante, unique, du roi du rock? Dans une Amérique conservatrice, le réalisateur australien évoque l’ascension fulgurante de l’icône (Austin Butler), qui a bouleversé la culture populaire.

    Une relation complexe et toxique

    Baz Lurhmann se penche plus particulièrement sur les rapports complexes, agités, presque filiaux, voire amoureux, que le mythe a entretenus pendant une vingtaine d’années avec son impresario, le très controversé et mystérieux colonel Parker (Tom Hanks). Cette relation toxique va propulser le chanteur au sommet.

    Disons-le tout de suite, les deux comédiens sont géniaux dans leur registre respectif. Plus vrai que nature, le superbe Austin Butler n’incarne pas, il est le King au sex-appeal stupéfiant, tandis que Tom Hanks méconnaissable, vieilli, se glisse à merveille dans un rôle de canaille.    

    Baz Luhrmann n’oublie presque rien dans son biopic à la mise en scène bluffante. Il raconte l’enfance pauvre de son héros au Mississippi et au Tennessee, marquée par le décès de son jumeau à sa naissance en 1935, son affection inconditionnelle pour sa mère, son coup de foudre pour Priscilla (Olivia Dejonge), ses shows aussi gigantesques que délirants à Las Vegas, son désarroi en apprenant la mort de Martin Luther King, puis de Bob Kennedy…

    Cette musique qui rendait le King heureux

    Mais au-delà, le cinéaste incroyablement inspiré parle avant tout de musique, celle du King, la seule chose qui le rendait heureux, en-dehors de l’amour du public. Elle sublime ce long métrage opératique, passionnant, fascinant, fourmillant d’idées et à l’hagiographie assumée.

    Le film est aussi politique dans la mesure où il n’est pas seulement le portrait d’un homme, mais aussi celui de trois décennies d’une Amérique raciste, corsetée, puritaine. Choquée par les célèbres déhanchements d’Elvis le pelvis, qui n’arrivait pas à chanter sans se trémousser à un rythme d’enfer. Rendant les filles folles et leur faisant goûter au fruit défendu, selon le colonel Parker.

    Elvis, l’artiste solo qui a vendu le plus de disques dans le monde est mort à 42 ans, le 16 août 1977 , chez lui à Graceland. Mais grâce à Baz Luhrmann, ce personnage au destin exceptionnel nous tient en haleine pendant 2h40 qu’on ne sent pas passer. Au point qu’on en redemanderait…

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