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  • Grand écran: "Orlando, ma biographie politique", dialogue avec l'oeuvre prophétique de Virginia Woolf


    La masculinité et la féminité sont des fictions politiques et sociales. La transition n’est pas un parcours entre les deux mais un voyage en terre inconnue. Être trans*, c’est découvrir l’envers du décor de la différence sexuelle et de genre, nous dit en substance Paul B Preciado. 

    L’écrivain, philosophe et militant transgenre espagnol passe derrière la caméra avec Orlando, ma biographie politique. Pour son premier long métrage, notamment primé à Berlin et qui vient de faire l’ouverture du festival genevois Everybody.s Perfect, il s’inspire du roman éponyme de Virginia Woolf. 

    Publiée en 1928, l’œuvre, d’une stupéfiante modernité, queer bien avant l'heure, raconte les aventures d’un noble anglais qui, traversant les siècles en ayant toujours 30 ans, accumule les sensations et déploie les multiples facettes qui nous composent. Né garçon, il se réveille ainsi un beau matin femme au milieu du récit.

    Près de cent ans plus tard, le cinéaste envoie une lettre à la célèbre et prophétique romancière pour lui apprendre qu’Orlando est devenu une réalité, en partant à la rencontre de ceux d’aujourd’hui. Une trentaine de personnes trans* et non-binaires de 8 à 70 ans, collerette aristocratique autour du cou, se succèdent face à l’objectif pour retracer la transformation personnelle de l’auteur à travers une véritable épopée. 

    Mêlant documentaire et fiction, Paul B Preciado livre un opus  étonnant. Poétique, politique, punk, drôle, inventif, intelligent, il montre toutes possibilités d’être au monde dans un univers contemporain en constante mutation.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 octobre.

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  • Grand écran: "Bernadette", un vrai faux biopic porté par Catherine Deneuve, son atout majeur

    Bernadette est le premier long métrage de Léa Domenach, qui s’amuse à créer un faux vrai biopic, tout en brossant le portrait  d’une femme qui s’émancipe. Le pitch : quand Bernadette Chirac arrive à l'Elysée en 1995, elle s'attend à être reconnue, elle qui a toujours été dans l'ombre de son mari pour qu'il devienne président. Trompée, humiliée  par son mari et sa fille, impopulaire, jugée ringarde, bigote et coincée, elle décide de prendre sa revanche, en changeant de tailleur, en travaillant son image, sa popularité et surtout en utilisant ses petites cellules grises.  

    Avec sa Bernadette courageuse, sympathique, douée d’une grande intelligence politique incarnée par Catherine Deneuve, Léa Domenach voulait rendre justice à la vraie. Elle n’est pas moins une héroïne de fiction, plus libre et comique, explique la réalisatrice, qui ne prétend donc pas à la rigueur historique. On le découvre en ouverture, où une chorale assez grotesque (qui reviendra à plusieurs reprises au cours de l’intrigue) prévient que l’histoire est librement inspirée de la vie de Madame Chirac, née Bernadette Thérèse Marie Chodron de Courcel.  

    En revanche, l'auteure s’appuie sur des épisodes réels marquants, comme la prémonition de Bernadette sur l’échec de la dissolution de l’Assemblée nationale par son mari  en 1997, ou la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle en 2002. Pour le reste, l’auteure se moque sans méchanceté de l’exercice du pouvoir par les hommes en livrant une satire farfelue, caricaturale, certes pimentée de quelques situations et gags piquants, mais loin d’une vénéneuse causticité. . 

    On pouvait espérer mieux des comédiens

    En fait, l’atout majeur qui pousse la quasi majorité de la presse française à encenser cette comédie un rien mollachue qui se veut apolitique et féministe, visuellement emballée façon Barbie, c’est évidemment Catherine Deneuve, qui se glisse dans la peau de Bernadette. Royale sinon impériale, formidable, spectaculaire, irrésistible, la critique y va de sa glorification, sans modération. 

    Il est vrai que décrier un tant soi peu la prestation de la première dame du cinéma français relèverait du crime de lèse-majesté. Et pourtant, la comédienne, sans chercher la ressemblance, nous refait trop souvent Potiche en moins bien. Quant à Michel Vuillermoz, également loué pour son rôle de Chirac, il semble tout droit sorti d’une séquence des Guignols. On pouvait espérer mieux.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande  depuis mercredi 3 octobre.

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  • Le festival Arte Mare de Bastia couronne Io Capitano, de Matteo Garrone. Emouvant écho au drame des migrants

    Pour sa 41e édition, Arte Mare s’est déroulé pendant neuf jours à Bastia sur le thème du road-movie. Traçant donc sa route,  le plus ancien festival de Corse, qui ne cesse de tisser des liens avec les cultures  de ses voisins,  proposait quelque 80 films tous genres et métrages confondus.  

    Au cœur de ce riche programme, la Compétition Méditerranéenne, avec huit œuvres en lice pour le Grand Prix, qui a été décerné  à Io Capitano de l’Italien Matteo Garrone. Soulignant plus particulièrement leur courage et leur héroïsme, le réalisateur raconte l’émouvant voyage de Seydou et Moussa, deux ados partis de Dakar pour l’Italie à l’insu de leurs parents, avec des rêves plein la tête. Le film, qui fait écho au drame des migrants, a obtenu deux autres prix, dont celui du  jury jeune 

    On aurait souhaité voir Chroniques de Téhéran d’Ali Asgari et Aliresa Khatami au palmarès. Evidemment tourné sans autorisation,  l’opus évoque, à travers neuf personnages, la  vie compliquée des habitants. Ils se heurtent à l’administration, l’autorité et l’ordre pour tenter de régler de menus faits du quotidien, tels que déclarer la naissance d’un enfant, retirer son permis de conduire  ou retrouver son chien... 

    Compétition corse relevée

    De nombreuses autres récompenses ont été décernées dans les différentes catégories, notamment au sein de la Compétition corse. On retiendra plus spécialement celle attribuée à l’excellent court métrage, Un animal, de Kevin Lameta. Son auteur suit Jean-Baptiste, qui accompagne régulièrement son père à la chasse mais répugne à tuer les animaux. Pour ses 16 ans, il reçoit un fusil et va devoir faire ses preuves. Une œuvre forte, prenante, brassant plusieurs thèmes. 

    Au chapitre documentaire, c’est Marie-Jeanne Tomasi qui l’emporte avec  E pericoloso esporsi ( Il est dangereux de s'exposer) Au cours de la manifestation  des femmes à Rome le 8 mars 1972,  Mariasilvia Spolato, professeur de mathématiques et militante LGBT, se tient dans la rue avec une pancarte: liberazione omosessuale. Un mois après, Simone de Beauvoir vient donner une interview dans la capitale italienne et la pancarte illustrera l’article. La jeune femme ne pourra désormais plus enseigner. 

    On vote de notre côté une mention spéciale à Lavinie Boffy qui a décroché un prix ex-aequo pour I Was le cri.  La réalisatrice évoque la découverte du collectif I Was Corsica, à travers des manifestations, dénonçant les crimes sexuels sur l’île et l’absence de protection des victimes. Son documentaire édifiant et poignant donne la parole aux fondatrices du mouvement. 

    Entre invités, littérature et gastronomie

    Pas de festival sans invités. A commencer par Tony Gatlif, cinéaste des gens du voyage, à l’honneur avec la projection de trois de ses films, Jean-Pierre Darroussin venu présenter Le théorème de Marguerite, de sa femme Anna Novion,  Jean-Pierre Améris débarqué avec Marie-Line et son juge, ou encore Alexandre Arcady, dont Le petit blond de la Casbah, visait le Grand Prix. 

    Mais Arte Mare ne s’arrête pas au septième art, se plaisant à naviguer entre musique, expositions, rencontres et littérature. En témoigne le Prix Ulysse remis à Miquel de Palol, grand et prolifique écrivain catalan, dont le roman en trois volumes le plus connu à l’étranger est Le jardin des sept crépuscules 

    Et on n’oubliera pas bien sûr, dans ce rendez-vous des plus convivial, la gastronomie, grâce aux savoureux menus accompagnés de vins tout aussi délicieux, et concoctés chaque soir par des chefs de toutes les régions de l’île. 

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