Bernadette est le premier long métrage de Léa Domenach, qui s’amuse à créer un faux vrai biopic, tout en brossant le portrait d’une femme qui s’émancipe. Le pitch : quand Bernadette Chirac arrive à l'Elysée en 1995, elle s'attend à être reconnue, elle qui a toujours été dans l'ombre de son mari pour qu'il devienne président. Trompée, humiliée par son mari et sa fille, impopulaire, jugée ringarde, bigote et coincée, elle décide de prendre sa revanche, en changeant de tailleur, en travaillant son image, sa popularité et surtout en utilisant ses petites cellules grises.
Avec sa Bernadette courageuse, sympathique, douée d’une grande intelligence politique incarnée par Catherine Deneuve, Léa Domenach voulait rendre justice à la vraie. Elle n’est pas moins une héroïne de fiction, plus libre et comique, explique la réalisatrice, qui ne prétend donc pas à la rigueur historique. On le découvre en ouverture, où une chorale assez grotesque (qui reviendra à plusieurs reprises au cours de l’intrigue) prévient que l’histoire est librement inspirée de la vie de Madame Chirac, née Bernadette Thérèse Marie Chodron de Courcel.
En revanche, l'auteure s’appuie sur des épisodes réels marquants, comme la prémonition de Bernadette sur l’échec de la dissolution de l’Assemblée nationale par son mari en 1997, ou la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle en 2002. Pour le reste, l’auteure se moque sans méchanceté de l’exercice du pouvoir par les hommes en livrant une satire farfelue, caricaturale, certes pimentée de quelques situations et gags piquants, mais loin d’une vénéneuse causticité. .
On pouvait espérer mieux des comédiens
En fait, l’atout majeur qui pousse la quasi majorité de la presse française à encenser cette comédie un rien mollachue qui se veut apolitique et féministe, visuellement emballée façon Barbie, c’est évidemment Catherine Deneuve, qui se glisse dans la peau de Bernadette. Royale sinon impériale, formidable, spectaculaire, irrésistible, la critique y va de sa glorification, sans modération.
Il est vrai que décrier un tant soi peu la prestation de la première dame du cinéma français relèverait du crime de lèse-majesté. Et pourtant, la comédienne, sans chercher la ressemblance, nous refait trop souvent Potiche en moins bien. Quant à Michel Vuillermoz, également loué pour son rôle de Chirac, il semble tout droit sorti d’une séquence des Guignols. On pouvait espérer mieux.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 3 octobre.