Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Grand écran: "Le Grand Bain", lourdingue éloge de losers, signé Gilles Lellouche

    thumb_58638_film_main_big.jpgUne brochette de quadras, quinquas et sexas se rencontrent dans une piscine municipale. Plus ou moins ventripotents et déprimés, ils tentent de redonner un sens à leur vie pourrie en décidant de se mettre à la natation synchronisée. Et se lancent le défi de participer au championnat du monde, qui doit se dérouler en Norvège.

    Jetés dans Le grand bain par Gilles Lellouche pour une thérapie de groupe, nous avons donc Guillaume Canet père aigri perpétuellement de mauvais poil, Mathieu Amalric, chômeur humilié qui veut regagner l’estime de sa femme (Marina Foîs), Philippe Katerine, vieux garçon un peu simplet, un peu poète, Benoît Poelvoorde, vendeur de piscine grande gueule à la dérive et endetté jusqu’au coup, ou encore le chevelu Jean-Hugues Anglade, rocker déchu et déglingué méprisé par sa fille.

    Ils sont coachés par Virginie Efira, ancienne gloire des bassins alcoolique brisée par la vie, larguée un moment en cours de route. Elle est remplacée en attendant son retour par la revancharde Leïla Bekhti en fauteuil roulant, aboyant ses ordres en cinglant les fesses des réfractaires à l’entraînement.

    Si seulement c’était loufoque. Mais non, c’est juste lourdingue Une comédie de potes à la réalisation convenue, paresseusement écrite, aux dialogues simplistes à l’exception de quelques répliques, aux vannes attendues et aux gags faciles, avec des comédiens en roue libre, plus particulièrement Benoît Poelvoorde.

    Et dire qu’il faut plus de deux heures à Gilles Lellouche pour cet éloge lénifiant de losers qui vont finir par se sublimer dans un final tellement prévisible… A se demander comment Le Grand Bain a pu être sélectionné au dernier Festival de Cannes! Certes hors compétition, mais tout de même.

    Eh bien apparemment, il y avait sa place, si on en juge par l’accueil chaleureux, sinon délirant lors de sa projection publique accompagné de critiques élogieuses d’une presse française quasi unanimement séduite, évoquant carrément un Full Monty aquatique. Et ça continue sur les plateaux télé où tous les présentateurs se pâment devant la troupe venue faire son show.

    A l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 24 octobre

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Sauvage", descente aux enfers d'un prostitué gay. Avec un remarquable Félix Maritaud

    Sauvage-un-film-choc-sur-la-prostitution-masculine.jpgVisite d’un jeune homme chez un médecin. Petites questions classiques, prise de tension, palpage des ganglions, du ventre… Mais l’auscultation dérape, le toubib se mettant à masturber son patient, avant de lui donner un prochain rendez-vous. Car le patient est un prostitué gay, Léo, héros de Sauvage, premier long métrage coup de poing du Français Camille Vidal-Naquet.

    Remarquable, il révèle aussi un extraordinaire acteur, Félix Maritaud. Désormais égérie du cinéma queer français, on l’a déja aperçu dans 120 battements par minute de Robin Campillo et Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. Etre absolu, solitaire, insaisissable, indomptable, Félix alias Léo (ou l’inverse, tant les deux ne font qu’un «je me suis vidé pour être rempli par le personnage», remarque le comédien), erre dangereusement de rencontre en rencontre.

    Léo drague au bois de Boulogne. Mais le vsexe est juste um boulot qui lui permet de quoi subsister plus ou moins. Marginal, sans règle ni code, il est tiraillé entre son état assumé, son désir de liberté et surtout une inépuisable force d’aimer, un besoin de tendresse qui subsistent quelle que soit la violence du monde qu’il traverse.

    Perpétuelle fuite en avant

    Dans sa quête obsessionnelle où il ne reçoit souvent que des coups en retour, il s’obstine à séduire sans succès Ahd (Eric Bernard, très bon lui aussi), un gay refoulé, limite homophobe, qui pratique le même job que lui. Mais dégoûté, répétant "je ne suis pas pédè, j'embrasse pas", Ahd le repousse. Il espère sortir au plus vite de cette galère en se trouvant un vieux pour l’entretenir.

    Les passes se succèdent pour Léo dans une sorte de descente sacrificielle aux enfers. Son corps martyrisé, plein d’hématomes, se dégrade. Jamais endurci pourtant, il persiste à se vendre sans limite à des clients divers qu’il a envie de prendre dans ses bras ou de se lover contre eux. Dans une perpétuelle fuite en avant, il refuse toute perspective d'une éventuelle stabilité.

    Malgré des scènes sexuelles très crues, d’une brutalité parfois insoutenable (comme celle du plug, où en plus on le frappe et on le jette à la rue sans le payer), il n’y a aucun voyeurisme dans ce récit d’un quotidien sordide.

    Un gros travail de documentation

    Camille Vidal-Naquet s’est livré à un gros travail de documentation sur la prostitution masculine. Il a rencontré et observé des garçons au bois de Boulogne pendant trois ans pour mieux saisir leurs rituels de drague, rendre compte de leur condition précaire, de leur état de santé déplorable.

    Pour autant, il ne s’agit pas d’un documentaire avec analyse sociale à l’appui. Le cinéaste restitue le réel dans une fiction frontale, intense, ardente, magnifiée par l’incroyable performance d’un Félix Maritaud bouleversant et radicalement mis à nu.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Rafiki" défie la censure au Kenya avec la mise en scène colorée et pop d'un amour interdit

    RAFIKI_Presse_03-2.jpgTout semble opposer Kena et Ziki,  lycéennes habitant le même quartier de Nairobi. Gauche, réservée, garçon manqué, la casquette à l'envers, la première veut devenir médecin, fait du skate, du foot, traîne uniquement avec ses potes. Tandis que la seconde est une petite peste girly exubérante aux cheveux multicolores et aux ongles fluo. Rêvant de voyages, aimant la danse, elle invente des chorégraphies avec ses deux meilleures amies.

    Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale locale, au cours de laquelle s’affrontent leurs pères respectifs. Kena et Ziki  font mine de s’ignorer, se défient. Mais irrésistiblement attirées l’une vers l’autre, elles se cherchent, échangent des sourires, des regards pleins de désir et finissent par se donner rendez-vous dans un vieux bus abandonné.

    Mais vivre un tel amour, même en se cachant, est loin d’être simple dans une société kényane conservatrice et rétrograde. Confrontées aux redoutables préjugés homophobes de leurs parents, des voisins, les deux jeunes filles vont être contraintes de choisir entre passion, liberté et sécurité.

    Dans Rafiki, défi à la censure, relecture pop et flashy d’un Roméo et Juliette lesbien, la réalisatrice Wanuri Kahiu raconte la relation amoureuse, sensuelle et sexuelle de ses deux héroïnes avec pudeur, délicatesse et retenue. Mais sans aucune ambiguïté. Tout comme elle livre un constat certes prudent mais néanmoins affligeant sur les graves persécutions dont sont victimes les homosexuels, dénonçant par ailleurs un pouvoir politique exercé de conserve avec les autorités religieuses.

    S’inspirant de Jambula Tree de l’Ougandaise Monica Arac de Nyeko, ce premier long métrage à la fois naïf, optimiste et courageux est aussi le premier film kényan à avoir été sélectionné au dernier Festival de Cannes. D’abord interdit dans son pays, il a été autorisé de diffusion pendant une semaine, suite à la plainte de Wanuri Kahiu, pour lui permettre de concourir aux Oscars. Face au succès remporté, des séances gratuites et secrètes ont été organisées par la communauté LGBT+

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 17 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine