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  • Grand écran: "Retour au Palais", un voyage plein de sensibilité et de poésie signé Yamina Zoutat

    shellac-retour-au-palais-image-2334.jpgVingt-quatre kilomètres de couloirs, 3150 fenêtres, 6999 portes. Le Palais de justice de Paris. L’une des plus anciennes institutions françaises, située sur l’île de la Cité. Un monument austère et plein de secrets construit comme une cathédrale, résidence des rois de France du Xe au XIVe siècles.

    C’est dans ses coulisses que nous emmène la réalisatrice suisse Yamina Zoutat. Elle connaît bien les lieux. De 1994 à 2004, elle a fait face aux accusés. "J’ai écrit des milliers de pages. Je consignais le spectacle de la justice pour en rendre compte le soir à TF1. J’étais chroniqueuse judiciaire", dit-elle au début du film. "Aujourd’hui je reviens, sans procès à suivre, mais je porte le souvenir de ce que j’ai vécu… Je reviens voir un monde qui va disparaître".

    Découvrir des histoires, des choses non vues

    En 2010 en effet, Nicolas Sarkozy impose le déménagement du Palais (il a eu lieu d'avril à juin de cette année) en banlieue parisienne. C’est alors que Yamina Zoutat a senti le besoin d’un retour. Pour mettre des images sur ses sensations, ses impressions, découvrir des histoires qu’elle ne connaissait pas, des choses qu’elle n’avait pas vues. Recluse dans la salle d’audience des jours et des nuits, elle ne pouvait qu’imaginer ce qu’il y avait autour.

    Dans cette œuvre singulière, sensible et puissante, empreinte de poésie, de lyrisme et de tragique, l’auteure, caméra au poing, nous emmène partout, des bas-fonds aux toits, dans tous les interstices de la justice, pour y scruter son rôle et son sens. Elle nous fait partager son parcours personnel au cœur de cet édifice qui l’a impressionnée plus que tout autre, racontant les crimes, les drames qui l'ont chamboulée.

    Yamina.jpgPassionnée par le fait divers

    On voit les larmes, on sent la souffrance, on entend les cris au cours de ce voyage à la fois extraordinaire et quotidien. Un voyage que la cinéaste portait en elle depuis longtemps. Née à Yverdon et vivant à Paris, Yamina Zoutat, venue présenter son film au Spoutnik, à Genève, est passionnée depuis l’enfance par le fait divers. Après des études de journalisme à Paris IV, elle fait un stage à TF1, où elle est engagée.

    Pendant dix ans, elle a suivi tous les grands procès, de celui de Papon au sang contaminé en passant par Dutroux, Tapie, ou Elf. "Les Assises ont été mon école de cinéma. Aucun scénariste ne pourrait inventer quelque chose d’aussi tordu, invraisemblable et inattendu que certains procès". Aujourd’hui, elle enseigne la vidéo dans différentes facultés parisiennes.

    Une confrontation entre l’auteure et l’imposante bâtisse

    Il lui a fallu sept ans pour aller au bout d’un travail bien soutenu par la Suisse. Les autorisations lui ont donné du mal. «J’ai dû m’armer de patience, m’adapter au temps de la justice. Mais finalement j’ai pu filmer ce que je voulais, d’une manière très subjective, au gré de mes rencontres. J’avais notamment envie de montrer d’autres personnes que des juges et des avocats. Des religieuses, des réceptionnistes, des ouvriers, des gardes, des membres du jury un homme à tout faire».

    Yamina Zoutat voit son film comme une confrontation entre elle et le Palais. "Il s’agit d’une rencontre improbable entre cet édifice majestueux et la fourmi que je suis. J’ai cherché à imposer ma mise en scène à sa scénographie. Je le filme comme un personnage, avec du sentiment, avec mon cœur, mes tripes. C’est viscéral parce que j’ai vécu dedans". Une grande réussite qui avait décroché le Sesterce d'argent à Visions du réel en 2017.

    "Retour au Palais" à découvrir au Spoutnik jusqu’à mercredi 31 octobre, en présence de sa réalisatrice. C’est le début d’une tournée en Suisse romande (Pully, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg) puis en Suisse alémanique et au Tessin.

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  • Grand écran; "Nos batailles", entre drame intime et chronique sociale. Du sur mesure pour Romain Duris

    maxresdefault.jpgAprès Keeper, très prometteur premier long métrage sorti en 2015 et où s’illustrait le Suisse Kacey Mottet Klein, Guillaume Senez séduit tout autant avec Nos batailles. Il raconte l’histoire d’Olivier, syndicaliste non seulement absorbé par son boulot de chef d’équipe dans une usine, mais consacrant du temps à lutter contre les injustices d’une direction implacable envers ses employés.

    Du coup, il compte beaucoup sur sa femme Laura pour élever leurs deux enfants. Jusqu’au jour où elle disparaît brutalement, fuyant sans explication une situation qui lui est devenue insupportable et le laissant face à ses responsabilités. Dépassé mais animé d’une farouche volonté de s’en sortir envers et contre tout, Olivier devra jongler à la maison et dans sa boîte pour concilier vies familiale et professionnelle.

    Le réalisateur belge livre un film sensible, émouvant, d’une étonnante justesse psychologiquement et sociologiquement. Il évolue entre le drame intime en évoquant une famille désemparée, déstabilisée et la chronique sociale, en rendant compte de la violence au sein de l’entreprise. Rien ne cloche dans le traitement réaliste de ces deux sujets sérieux et graves. Mais Guillaume Senez, évitant le pathos et la dramatisation à outrance, se permet quelques bienvenues pointes d’humour, dans la mesure où une crise peut générer de petits moments drôles.

    La réussite de cet opus sur la paternité, l’éducation, le travail, les rapports humains, très bien mis en scène, tient aussi à la qualité de ses comédiens. Parfaitement dirigés, des enfants aux adultes, ils se révèlent bluffants de sincérité et de naturel. Portant le film de bout en bout, Romain Duris, pas du tout dans la séduction contrairement à son habitude, trouve l’un de ses meilleurs rôles, écrit pour lui de surcroît, dans son cinquantième long métrage. Il incarne à merveille ce père abandonné, blessé, obligé de se remettre en question et de batailler pour avancer.

    A ses côtés la solaire Laetitia Dosch, (Betty, la sœur d’Olivier ) se révèle elle aussi particulièrement touchante et attachante. Lucie Debay, Laure Calmy, Cédric Vieira et Dominique Valladié complètent ce joli casting.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

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  • Grand écran: Un dîner entre amis dégénère dans "Le jeu". Grand coupable, le smartphone!

    le jeu2.jpgQui n’a pas de cadavre dans son placard ? Personne. Pour mieux vous en convaincre, organisez une soirée entre amis, posez votre téléphone sur la table et attendez qu’il révèle vos petits ou gros secrets inavouables.

    Chaque appel, SMS, mail, message Facebook, photo, devra en effet être partagé avec tout le monde. Un jeu de la vérité façon 2018, qui peut tourner au cauchemar. Car les révélations compromettantes s’enchaînent, à commencer évidemment par les liaisons extraconjugales.

    C’est ce qu’a imaginé avec Le jeu Fred Cavayé (notamment auteur du faiblard Radin), un remake du film italien Perfetti Sconosciuti de Paolo Genovese, sorti en 2016 et déjà adapté par l’Espagnol Alex de la Iglesia l’année dernière. Rien d’original donc, mais l’idée, à l’heure de l’hyerconnexion, est de faire réfléchir les personnes constamment vissées à leur téléphone portable aux conséquences sur leurs relations sociales, le couple, l’amitié, l'amour.

    Ce vaudeville se veut grinçant, drôle, féroce, désespérant. Il l'est parfois. Mais, tombant rapidement dans la surenchère et l’invraisemblance, il offre plutôt des rebondissements souvent prévisibles, des quiproquos sans finesse, des situations manquant de diversité et de nuances quand elles ne virent pas à la caricature.

    Côté comédiens, Stéphane de Groodt, Bérénice Béjo, Suzanne Clément, Grégory Gadebois, Roschdy Zem, Dora Tillier, Vincent Elbaz ne sont pas toujours au mieux de leur forme dans ce grand déballage dont personne ne sortira indemne. Encore que...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 octobre.

    Mais qui sont ces gens?

    Sur le même thème (un hasard), mais autrement plus acérée, plus fine, plus mordante, plus drôle, mieux écrite et construite, une pièce signée de la dramaturge genevoise Manon Pulver Mais qui sont ces gens? vient de faire un carton au Théâtre du Loup. Mise en scène par Julien George, l’histoire, partie d’une banale discussion entre amis sur l’usage des smartphones qui dégénère, est impeccablement interprétée par Laurent Deshusses, Marianna Sylla, Etienne Fague, Julien Tsongas et Camille Figuereo.

    Dans le cadre d’une petite tournée, elle sera le 2 novembre au Théâtre du Crochetan à Monthey, du 8 au 11 novembre au Théâtre Nuithonie à Fribourg, le 14 novembre au Théâtre Le Reflet à Vevey, les 16 et 17 novembre au Théâtre Benno Besson à Yverdon. A voir absolument si vous vous trouvez au bon endroit au bon moment.

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